
Courses - Élevage / 04.05.2018
Roberto Cocheteux, l’ambitieux
Par Christopher Galmiche
Sa casaque bleu et noir brille en France comme en Espagne. Cette année, Roberto Cocheteux pourrait avoir un partant dans le QIPCO Prix du Jockey Club (Gr1). Son nom ? Pastacoy (Wootton Bassett), confié à Xavier Thomas-Demeaulte. Il passera un dernier test lundi dans le Prix de Guiche (Gr3). Mais l’investissement de Roberto Cocheteux ne se limite pas au propriétariat…
JDG. - Comment va Patascoy, qui a gagné une Classe 1 à Toulouse ?
Roberto Cocheteux. - Patascoy va courir le Prix de Guiche (Gr3) ce lundi à Chantilly. S’il fait une performance, notre idée est d’aller sur le Prix du Jockey Club (Gr1). En France, c’est le poulain le plus prometteur que je possède, jusqu’à ce que mes 2ans débutent. En Espagne, nous avons un bon élément, Poporo (Camelot), qui est un très bon cheval. Nous avons aussi deux bonnes pouliches qui sont un peu plus tardives.
Comment est née votre passion pour les courses et les chevaux ?
Tout jeune, j’habitais dans un immeuble à proximité de l’hippodrome de Madrid. Avec des amis, nous allions aux courses. J’ai commencé à me passionner, à connaître les chevaux, les entraîneurs, les propriétaires et les jockeys… Nous avons fini par acheter un cheval à plusieurs. Puis je suis parti en Amérique du Sud. J’ai créé une écurie et, en 2012, je suis revenu en Espagne. Je me suis alors lancé dans le développement de l’écurie. Quand l’hippodrome de Madrid a fermé [en 1996, ndlr], j’ai commencé à avoir des chevaux chez Xavier Thomas-Demeaulte, à Mont-de-Marsan. Depuis, nous sommes devenus amis. C’est un grand entraîneur. En Espagne, mes chevaux sont confiés à Joanes Osorio, duc d’Alburquerque, fils du célèbre duc d’Alburquerque qui a monté tant de fois le Grand National de Liverpool. C’est lui aussi un très grand entraîneur et ami. J’achète beaucoup chez Arqana en France. Nous avons toujours acheté là-bas. Ce sont des ventes que nous connaissons bien. Nous y avons vendu Spain Burg (Sageburg) lors de la vente de l’Arc.
Combien de chevaux avez-vous à l’heure actuelle ?
J’ai trente-cinq chevaux à l’entraînement. J’ai aussi huit poulinières et cinq yearlings. Mes poulinières sont au haras du Berlais. Mais j’ai envoyé une jument à la saillie de Camelot en Irlande. Nous avons aussi trois poulinières que nous avons envoyées à la rencontre de Nemqueteba, en Espagne. Ce dernier est un nouvel étalon qui m’appartient. Il a gagné le Derby espagnol de belle façon. Il n’a pas pu poursuivre sa carrière alors qu’il était très prometteur.
Pourquoi avez-vous choisi Xavier Thomas-Demeaulte comme entraîneur ?
À l’époque, je cherchais un entraîneur basé dans le Sud-Ouest parce que c’était moins cher qu’à Paris et plus facile pour courir à San Sébastian. Nous avons demandé son avis à Carlos Laffon-Parias. Il nous a recommandé Xavier, qui venait tout juste de se lancer dans l’entraînement à Mont-de-Marsan. Trois de mes chevaux sont partis chez lui. Depuis, je lui fais confiance. J’ai une très bonne relation avec Xavier. Cela fait quasiment une vingtaine d’années que nous sommes amis. C’est un très bon professionnel.
Vous avez aussi des chevaux d’obstacle comme Natagaima, Joropo ou Haigoa. Est-ce une discipline qui vous plaît ou quelque chose que vous faites dans un but commercial ?
J’aime beaucoup l’obstacle. Mais ce n’est pas l’objectif fondamental. L’objectif est d’abord le plat, mais j’ai beaucoup d’émotion lorsque je vois mes chevaux en obstacle. Natagaima va courir prochainement une Listed en obstacle. Elle a de la tenue et du modèle et, quand le programme s’est fermé pour elle en Espagne, nous l’avons envoyée en France pour courir en obstacle. J’ai aussi Spain Bowl (Turtle Bowl), qui devrait revenir cet été à l’entraînement.
Quel est votre meilleur souvenir aux courses ?
Je crois que la victoire de Spain Burg dans les Rockfel Stakes (Gr2) à Newmarket est un grand souvenir. C’était spectaculaire ! J’ai eu aussi un cheval qui a couru de nombreuses années, et j’en conserve de bons souvenirs. Il est maintenant étalon en Andalousie. J’ai beaucoup aimé ma première victoire sur les obstacles. À Madrid, je me souviens de mes victoires dans le Derby, les Oaks, les Poules, le Gran Premio Memorial Duque de Alburquerque, qui a été une course très émouvante à gagner. J’avais aussi fait le jumelé dans la Poule des Pouliches.
Que faites-vous dans la vie ?
J’ai 66 ans et je suis à la retraite. J’ai monté une société dans le domaine de la santé en Amérique du Sud avec des entreprises en Colombie, au Venezuela, au Pérou, au Brésil, en Argentine, au Mexique et au Chili. Au moment de prendre ma retraite, c’était une société très importante. Sur un plan personnel, j’ai un hobby très prenant avec les courses. À côté de cela, j’ai fondé un club de rugby, qui est en Segunda [Pro D2 en France, ndlr]. C’est un club qui regroupe toutes les catégories, hommes et femmes, de tous les âges.
Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans la gestion de l’hippodrome de Dos Hermanas (Séville) ?
Je suis passionné par les courses depuis mon enfance. Lorsque l’hippodrome de Madrid était fermé [de 1996 à 2005, ndlr], nous avions essayé de reprendre le site avec un groupe de passionnés. Mais nous n’avions pu gagner le concours pour reprendre l’hippodrome et c’est finalement l’État qui s’en était chargé. J’avais cependant gardé à l’esprit l’idée de gérer un jour un hippodrome. L’année dernière, une opportunité est arrivée pour Dos Hermanas. Les personnes qui géraient l’hippodrome m’ont offert la possibilité d’investir à Dos Hermanas. J’ai analysé la situation et j’ai été séduit par le projet. Je me suis donc impliqué dans le développement de cet hippodrome.
Quels sont votre vision et vos projets pour l’hippodrome ?
Je crois que l’hippodrome doit se développer autour de quatre piliers. Le premier, et le plus logique, ce sont les courses de chevaux. Nous allons augmenter le nombre de courses sur le Gran Hipódromo de Andalucía (GHA). L’idée est d’organiser une vingtaine de réunions de cinq courses, spécialement durant l’hiver, entre novembre et février. Au printemps et à l’automne, nous avons des réunions les jeudis en nocturne. Ensuite, nous voulons proposer deux ou trois courses en nocturne les vendredis d’été.
Le deuxième pilier est la culture. Nous avons beaucoup de mètres carrés à Séville et nous pensons que nous pouvons faire un musée sur le cheval. Ce serait un musée avec des photos et des éléments sur l’histoire des courses de chevaux. Nous pourrions aussi faire en sorte que les visiteurs jouent et se mettent dans la peau d’un éleveur, d’un propriétaire, d’un entraîneur ou d’un jockey. Avec un argent virtuel, ils pourraient faire de l’élevage, acheter un étalon, entraîner un cheval… Il faut faire en sorte qu’ils soient impliqués dans le monde des courses pour les passionner. La troisième idée est de développer une école de formation aux métiers du cheval pour devenir entraîneur, jockey, maréchal-ferrant, avec des cours interactifs. Le dernier thème est celui des loisirs. Nous pensons que nous pouvons développer une bonne offre de restauration. Désormais, le Gran Hipódromo de Andalucía compte trois restaurants de différents niveaux. Nous allons en créer un quatrième. Le premier a ouvert au mois de septembre avec un festival de musique des années 1980. Nous voulons ouvrir l’hippodrome toute l’année avec ce genre d’activités pour que les personnes connaissent le site et pour le rentabiliser. Nous voulons, avec les festivals et les concerts, que Séville soit un site où l’on puisse passer la journée en faisant par exemple des courses d’exhibition simultanément avec des spectacles de flamenco.
Croyez-vous que les courses espagnoles puissent revenir à leur niveau des années 1970 ou 1980 ?
Je pense qu’elles le peuvent, mais pas immédiatement. Il faut qu’il y ait une évolution bien étudiée. Les Espagnols sont des passionnés de sport, de football, de golf, de sports automobiles. Tous ces sports sont très médiatisés. Les personnes ne connaissent pas, en revanche, les courses. Ils parient sur un numéro parce qu’ils ne savent pas comment analyser une course. C’est pourquoi nous voulons créer le musée dont je vous ai parlé. De cette manière, ils vont apprendre à connaître les courses. Nous voulons offrir les informations dont les gens ont besoin : comment parier, comment analyser les courses… Si tout cela se fait sur les quatre ou cinq principaux hippodromes espagnols, nous pourrions commencer, peu à peu, à récupérer les passionnés que nous avons perdus. Nous avons déjà un streaming qui permet aux personnes de suivre nos courses et d’apprendre petit à petit ce qu’elles représentent. Eurosport s’est aussi impliqué avec l’émission Un domingo en las carreras. Petit à petit, la télévision et les médias s’intéressent à notre sport. Je pense que, dans les cinq ou six années à venir, nous pouvons réaliser quelque chose de très intéressant.
Pensez-vous qu’il y ait suffisamment de chevaux pour organiser des courses simultanément en Espagne ?
Je ne le pense pas. Je pense que le Jockey Club espagnol doit donner un coup de main pour que les chevaux anglais et français viennent courir en Espagne en hiver ou passent l’hiver à Séville. Cela permettrait d’augmenter le nombre de chevaux qui courent en Espagne. D’ores et déjà, nous avons de nombreux propriétaires portugais à Séville, dont les chevaux se préparent ici en vue de la saison à Madrid ou au Gran Hipódromo de Andalucía. Petit à petit, nous pouvons augmenter le nombre de chevaux appelés à courir chez nous.
Vous avez également un centre d’entraînement sur le Gran Hipódromo de Andalucía. Combien de chevaux avez-vous sur place ?
À l’heure actuelle, nous n’en avons pas beaucoup car la saison est passée. Mais, lorsque l’hiver arrive, nous pouvons arriver à plusieurs centaines.
Comment ont débuté les courses de pur-sang arabes sur le Gran Hipódromo de Andalucía ? [Le site accueillera ce samedi deux courses de haut niveau pour pur-sang arabes, le Premio H. H. Sheikha Fatima Bint Mubarak Apprentice World Championsship et le Premio 100 yrs. Sheikh Zayed Bin Sultan Al Nahyan Cup (L), ndlr]
Nous avons de bons contacts avec l’association des chevaux de course arabes et nous remercions Barbara de Mieulle. Il y avait une volonté commune d’organiser des courses de pur-sang arabes. Pour eux, c’est une manière d’augmenter le nombre de passionnés de ces courses. Et, pour nous, cela permet de faire connaître le Gran Hipódromo de Andalucía. C’est quelque chose qui va être très intéressant pour populariser à la fois les pur-sang arabes et l’hippodrome.
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