Courses / 13.05.2018

THE EMIRATES POULE D’ESSAI DES POULICHES (GR1) - À la fin, c’est Olivier Peslier qui gagne…

PARISLONGCHAMP, DIMANCHE

Gary Lineker disait à propos du football : « C’est un sport simple. On joue à onze et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. » Les courses sont un peu plus compliquées mais le résultat est le même… À la fin, c’est Olivier Peslier qui gagne, sur grande ou moyenne piste, même en ligne droite comme l’année dernière. Le patron a choisi la bonne pouliche, le bon parcours, le couloir parfait. C’est simple, non ? Sa partenaire, Teppal (Camacho), n’avait jamais couru au niveau Stakes mais avait montré son talent à deux reprises, au point que son entraîneur, David Simcock, décide de venir en France sans une course de rentrée. « Les Anglais ont l’habitude de faire ça. Quand ils m’ont demandé de monter la pouliche, j’ai pris mon temps. J’ai regardé ses courses et elle m’a impressionné : elle a du gabarit, une belle action… », a expliqué le pilote après son quatrième succès dans l'épreuve.

Lice à zéro, à l’ancienne. L’effet lice à zéro a joué dans le résultat. Les pouliches qui ont pris le chemin de la corde ont occupé trois des quatre premières places, Wind Chimes (Mastercraftsman) étant la seule à avoir fait les grands boulevards. Il ne fallait être pas loin de la tête, le long du rail, mais ne pas se faire coincer non plus dans l’open-stretch. C’est exactement ce qu’a fait Olivier Peslier en selle sur Teppal. Il a suivi les animatrices, Could it Be Love (War Front) et Sea Prose (Lope de Vega), avant d’entamer sa progression, en pleine piste, ou plutôt deux couloirs à gauche de l’open-stretch. Teppal, une pouliche à grande action, a besoin de place pour allonger ses foulées.

Le bon terrain et la fraîcheur. David Simcock a fait du grand travail avec la pouliche qui a été achetée par Son Altesse le cheikh Mohammed bin Khalifa Al Thani après son deuxième succès. Le professionnel a expliqué : « Elle a toujours montré de la qualité et j’avais décidé de la courir sur sa fraîcheur en France, car je craignais un peu les terrains lourds de début de saison. J’avais une bonne ligne à la maison, avec Worship (Havana Gold) qui n’a pas mal couru dans les 1.000 Guinées. J’étais confiant avant la course et tout s’est bien passé. La recette gagnante ? Une pouliche de classe, un bon parcours, un super jockey et un propriétaire qui a investi en l’achetant… » Teppal doit rester sur le mile. Simcock a ajouté : « Les Coronation Stakes sont la suite logique de son programme. »

Du côté des placées

Cœur de Beauté et sa surcharge. Cinq pouliches ont terminé dans l’espace d’un peu plus d’une longueur. Certaines peuvent donc nourrir des regrets. C’est la loi des courses. Cœur de Beauté (Dabirsim) a payé son mauvais numéro à la corde, comme l’a expliqué Mauricio Delcher Sanchez : « La pouliche a très bien couru. Nous avions un mauvais numéro à la corde et le changement de piste l'a rendu encore plus mauvais. Son jockey a peut-être dû la reprendre trop tôt dès le départ de ce fait. Il lui a ensuite donné un bon parcours. Sur la moyenne piste, peut-être les choses auraient-elles été différentes. Son jockey l'a en tout cas adorée aujourd'hui et il pense qu'avec un meilleur numéro ou sur la moyenne piste, il aurait peut-être pu gagner. »

Wind Chimes a très bien fini, troisième. Elle aussi avait la "surcharge" du numéro à l’extérieur. Mathieu Legars, représentant de Coolmore en France, a dit : « Wind Chimes réalise une très bonne course. Elle a fait une très bonne valeur. Le mile va être son sport. Lors de sa rentrée, elle était fraîche et elle était mieux ce dimanche. Avec son numéro de corde, elle ne pouvait que partir vite ou attendre. Elle a attendu et elle a tracé une belle ligne droite. C'est prometteur. »

À une tête du paradis. L’anglaise Capla Temptress (Lope de Vega) a raté de très peu l’objectif d’une place dans les trois premiers. Son entraîneur, Marco Botti, a dit : « La pouliche court très bien. Elle effectuait sa rentrée mais elle était bien, je n’ai pas vraiment de regrets, sauf pour le résultat. Une tête, cela change beaucoup de choses, mais elle va avoir une belle saison. Je pense que nous allons lui trouver une bonne course à gagner, sur le mile en Europe ou même sur un peu plus long aux États-Unis. »

Barkaa (Siyouni) a bien fini, cinquième, et son entraîneur, Fabrice Vermeulen, pense la rallonger : « La pouliche s'est retrouvée un peu loin... La distance est peut-être un peu courte pour elle. S'il avait plu, cela nous aurait avantagés. Son objectif est le Prix de Diane Longines. »

Musis Amica (Dawn Approach) s’est retrouvée loin dans la course, accompagnée aux bras, et a tracé une belle ligne droite pour se classer sixième.

Un parcours Impassible. L’open-stretch est censé donner une chance à tous, mais dans les courses, il y a toujours un malheureux. Mission Impassible ** (Galileo) a gagné le prix de la pouliche la plus malheureuse. Son entraîneur, Jean-Claude Rouget, a dit : « Elle s'est retrouvée derrière un mur dans la ligne droite, derrière les pouliches de Ryan Moore et Frankie Dettori. Elle avait du gaz, et peut-être que si elle avait eu le passage, elle aurait fini avec les autres pouliches. Il y a eu un moment où, sur une dizaine de foulées, elle s'est montrée brillante. Nous allons réfléchir à la suite de son programme. Je pense qu'elle n'a pas assez de bagages pour aller courir les Coronation Stakes à Royal Ascot. Si elle récupère bien, elle pourrait aller sur le Sandringham. Je n'aime pas trop courir cette épreuve après la Poule car c'est rapproché, mais comme elle n'a pas fait les derniers 200m, elle n'a pas eu à puiser dans ses réserves. »

PEDIGREE http://www.jourdegalop.com/Media/Jdg/Documents/Teppal.pdf

La grande journée du Gestüt Zur Kuste Ag. La réunion classique de ce dimanche a été le théâtre de la grande réussite du Gestüt Zur Kuste Ag, une entité qui n’a que quatre années d’existence, grâce à Teppal, lauréate de la Poule d’Essai des Pouliches, et à Dice Roll (Showcasing), troisième chez les poulains. Christoph Mueller, qui est aussi le président de l’hippodrome de Frauenfeld depuis vingt ans, nous a expliqué : « Teppal et Dice Roll font partie de notre première génération de 3ans. Je gère la société Gestüt Zur Kuste Ag pour le compte d’associés suisses. Nous avons 35 juments en France, réparties entre le haras d’Étreham et le haras d’Ellon. Nous avons aussi des parts d’étalons comme Almanzor (Wootton Bassett). La mère de Teppal est au haras d’Ellon. La pouliche est passée deux fois sur le ring d’Arqana. Nous l’avons cédée à la vente v.2 2016 [dont est issu Olmedo, ndlr] à Con Marnane. Elle est ensuite passée par la breeze up Arqana. Et récemment, ses propriétaires qataris l’ont acquise à l’amiable. Nous vendons souvent des yearlings à Deauville. C’est le cas de Teppal et Dice Roll. La pouliche a été élevée au haras d’Ellon et le mâle au haras d’Étreham, deux structures de confiance et de bons conseils. Nous avons un foal qui est le propre frère de Dice Roll et sa demi-sœur qui est yearling. »

Concernant le croisement de Teppal, Christoph Mueller a précisé : « La mère, Jummana, est une fille de Cadeaux Généreux, un gagnant de July Cup. Nous avons utilisé Camacho, un sprinter, car nous aimons les étalons avec de la vitesse. Nous avons la chance d’avoir un bon début de saison, avec régulièrement des gagnants. En sachant que tous les 2ans n’ont pas encore été vus en piste. À titre personnel, j’élève depuis trois décennies au haras d’Ellon. »

La forme du haras d’Ellon. Teppal a vu le jour au haras d’Ellon, une structure dont on connaît la réussite (Barkaa, La Canche, Almorox, Royal Dolois, Volta **…). Thierry de La Héronnière nous a confié : « Nous avions deux pouliches élevées au haras dans cette course, avec la gagnante, Teppal, et la cinquième, Barkaa. Les deux sont passées par la vente v.2. Je suis ravi pour nos clients et pour l’ensemble des personnes qui nous font confiance. C’est une belle reconnaissance. Nous essayons d’élever des chevaux solides qui se distinguent avec régularité. La mère est encore au haras. Elle est très costaud. C’est la raison pour laquelle elle a été croisée avec des étalons plus réduits. »

Con Marnane, un amoureux de la France. La mère de Teppal avait déjà donné quatre gagnants dont le bon Another Party (Pomellato). Ce placé de Groupe avait lui aussi été acquis par Con Marnane. L’Irlandais connaît une réussite toute particulière, aux ventes et en course, en France. Très ému, il nous a dit : « Voilà ce que les breeze up sont capables de sortir ! Un très bon cheval ! Et les gens doivent savoir qu’on y trouve des sujets pour ce niveau dans ces ventes. Je l’avais achetée à Arqana et revendue à la breeze up de cette agence. C’est incroyable. Nous travaillons pour cela. C’est notre 21e gagnant de Gr1. La France est un pays exceptionnel, pour les acheter comme pour les faire courir. Depuis le premier jour, c'était une reine. Another Party, son frère, était déjà un super cheval. »

Bertrand Le Métayer, le racing manager de la casaque du cheikh Mohammed bin Khalifa Al Thani, nous a confié : « Les préparatoires anglaises aux classiques sont mal positionnées. Les Fred Darling et les Nell Gwin sont à quinze jours. Pour une grande pouliche comme elle, il est difficile d’y faire sa rentrée. Deux options étaient possibles et nous avons choisi la France en voyant que la météo s’améliorait. Tout en sachant que nous allions avoir Olivier Peslier. Teppal est une pouliche posée et elle travaillait très bien. Le cheikh Mohammed est ravi. En peu de temps, il remporte deux fois ce classique. D’ailleurs Flotilla (Mizzen Mast) ressemble à Teppal. Elles ont gagné toutes les deux en rentrant. Il va falloir organiser la suite mais Teppal a de la marge. Je l’ai conseillée au cheikh Mohammed après sa victoire à Lingfield. Étant éleveur dans l’âme, il aura deux gagnantes classiques au haras ! Il est récompensé pour sa patience et sa confiance. » Bertrand Le Métayer a aussi acheté la mère de Lucayan (Poule d’Essai des Poulains, Gr1).

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Départ à 1.000m : 37’’29

1.000m à 600m : 25’’07

600m à 400m : 12’’92

400m à 200m : 11’’14

200m à l’arrivée : 11’’55

Temps total : 1’37’’97