TRIBUNE LIBRE - Des mesures pour remédier au manque de partants en obstacle

Courses / 29.09.2019

TRIBUNE LIBRE - Des mesures pour remédier au manque de partants en obstacle

Par Pascal Adda, propriétaire-entraîneur

« Nous constatons trop souvent des champs "creux" en obstacle et j’ai mené une petite étude sur les courses premium entre 2017 et 2019. En conséquence, des épreuves initialement prévues divisées sont annulées, voire supprimées à la publication des programmes. Il y a un déséquilibre entre les épreuves "réservées" aux mâles et aux seules femelles (voir plus bas). Cela concerne aussi aussi le nombre de courses "réservées aux AQPS". Nous n’avons pas de visibilité dans le programme à horizon de deux années. Si on attend la fin de l’année de 2ans, voire le début de l’année de 3ans pour comptabiliser les chevaux mâles et femelles déclarés à l’entraînement… il est trop tard. Cette situation ne permet pas d’anticiper et d’établir un programme cohérent pour les chevaux que les propriétaires vont confier aux entraîneurs.

Combien de naissances de chevaux "type obstacle" ?

  1. Les AQPS, élevés pour l’obstacle, enregistrent environ 1.200 naissances par an.
  2. Chez les pur-sang, en France, le chiffrage est plus difficile car le stud-book ne distingue pas le plat de l’obstacle. Il est certainement possible de chiffrer les naissances "type obstacle", en retenant à deux générations, les juments ayant couru en obstacle et/ou ayant produit en obstacle [en Irlande, les éleveurs doivent remplir une fiche avec options pour caractériser leur poulain : plat, obstacle ou polyvalent, ndlr]. Les transfuges du plat se raréfient pour des questions de typologie d’élevage tout simplement.
  3. Les exportations : il est possible de retrancher les produits ayant été exportés avant la fin de leur année de yearling.

Supprimer les courses réservées. Le manque de partants génère de mauvais chiffres au niveau du jeu et l’équilibre deux tiers-un tiers est fréquemment remis sur la sellette (surtout en période électorale) ! Le "réservoir pur-sang" paraît actuellement insuffisant. L’AQPS est protégé depuis des décennies. Cela a permis de créer une race d’obstacle rustique, reconnue et compétitive. Mais il faut bien admettre qu’aujourd’hui, ils sont à 99% pur-sang. Je peux en témoigner, ayant eu la chance d’être associé, en tant que cavalier, aux meilleurs AQPS dans les années 75/85. Déjà, à cette époque, ils valaient les bons pur-sang d’obstacle ! Trente-cinq années et huit générations plus tard, c’est encore plus vrai…

Redressons la barre en élargissant le bassin des chevaux permettant de fournir des partants en nombre suffisant. Mélangeons les races de chevaux d’obstacle, en supprimant ces courses "réservées", quittes à créer un stud book "obstacle". C’est l’idée émise par Bernard Le Gentil il y a deux décennies.

Donner des options aux tardifs et sur des distances différentes. Le programme ainsi modifié, pourquoi ne pas créer des courses pour des chevaux au profil plus tardif qui rattraperont leur retard et renforceront les lots creux ? Un circuit de steeple et de haies sur des distances plus courtes ?

Si chacun reste sur sa position "protectionniste", tout le circuit obstacle en pâtira et, à terme, les allocations diminueront. Il faut donner à France Galop "l’impulsion" pour établir un programme de courses en faisant fi des clivages des différentes chapelles qui fleurissent en période électorale. Loin de moi l’intention de polémiquer, une fois les chiffres "posés", chacun peut avoir son analyse propre, mais celle de "l’intérêt général doit primer" et c’est une des missions régaliennes de la maison mère. 

Le déséquilibre entre mâles et femelles. Il est difficile de trouver des courses pour 4ans mâles en haies à certaines périodes. Pendant près de deux mois cet été, les mâles de 4ans n’ont pas eu d’épreuves, alors que les femelles disposaient de trois courses dans le même laps de temps. L’an dernier, à l’automne, un 4ans débutant en steeple n’avait pas de course pendant un mois et demi, alors que mes deux femelles du même âge disposaient de trois opportunités. J’ai consulté les chiffres France Galop qui parlent d’eux-mêmes :

- 3ans : diminution des courses réservées aux mâles de 34 à 31, entre 2017 et 2019, alors que les femelles disposent de 39 courses,

- 4ans sur les haies : diminution des courses réservées aux mâles de 31 à 25, entre 2017 et 2019, alors que les femelles disposent de 34/35 courses. En ajoutant les courses réservées aux femelles de 4ans et 5ans (15), le déséquilibre est encore plus criant : 25 pour les mâles et 50 pour les femelles (dont 7 réservées aux AQPS).

À noter que 15 courses de haies de 4ans (mâles et femelles) sont réservées aux AQPS. Elles pourraient donner plus d’occasions de courses qualificatives pour tous chevaux.

- 4ans sur le steeple : sur 88 courses, 11 sont réservées aux AQPS et cinq aux femelles. Ce chiffre qui passe à 16 si l’on y ajoute les steeples réservés aux 4ans et 5ans femelles (dont six réservés aux seules AQPS, soit six sur les 16 réservées aux femelles).

Devant ce constat, les femelles restent entre elles et manquent à l’appel des courses Quinté support des enjeux nationaux.

- 5ans, 5ans & plus en steeple : sur 105 courses – sans tenir compte des 52 cross-countries –, sept sont réservées aux femelles et 21 aux AQPS. Soit près de 25 % du total. Il ne faut pas s’étonner que nous manquions de recrues  pour les Quintés +!

Ce n’est pas en supprimant des deuxièmes épreuves du programme que l’on encourage les propriétaires… à garder leurs chevaux.  Même si l’objectif est de sauver les "Quintés obstacle" à moyen terme, il faut repenser le système des courses "fermées" afin de disposer de chevaux en nombre suffisant par catégorie. Chaque catégorie devrait disposer d’au moins une course par mois. »