Éric Hoyeau : « Il faut donner des points de repère aux acheteurs »

Institution / Ventes / 20.10.2019

Éric Hoyeau : « Il faut donner des points de repère aux acheteurs »

La vente d’octobre Arqana débute ce mardi. Un peu moins de six cents yearlings seront proposés lors de quatre sessions. Éric Hoyeau, Pdg de l’agence deauvillaise, fait le point sur la vente qui a connu la progression la plus importante depuis une quinzaine d’années.

Jour de Galop. – Vous avez choisi cette année de faire évoluer le format de la vente, qui s’articule désormais en quatre parties. Pourquoi cette évolution ?

Éric Hoyeau. – Cette évolution est issue d’une réflexion que nous avons menée avec un panel de vendeurs, de différentes provenances, tailles et cultures. Auparavant, la vente était découpée en deux voire trois parties. Le niveau de la vente a progressé au point qu’il est désormais possible de la "grader". Ce découpage en quatre parties permet de donner des points de repère aux acheteurs. Il s’agit en fait de réglages pour s’adapter à la demande des acheteurs et à leur sélectivité, et dans le but que les chevaux soient le mieux positionnés par rapport à leurs caractéristiques. Cette évolution a bien été comprise par les vendeurs, et elle devrait permettre de "tendre" le marché.

LES HORAIRES

Mardi 22 octobre : 15 h

Mercredi 23 octobre : 15 h

Jeudi 24 octobre : 14 h

Vendredi 25 octobre : 11 h

La particularité de cette vente d’octobre, c’est aussi de s’insérer dans un mini-meeting de courses. Comment réussir à concilier ventes et courses ?

Les années passées, nous avons observé certains moments de faiblesse de l’attention des acheteurs. L’idéal serait de s’appuyer sur un week-end de courses réservé à la jeune génération, en préambule des ventes. C’est peut-être un schéma à étudier pour l’avenir. Nous avons travaillé avec France Galop pour proposer les courses dites de sélection en début de programme, et nous commençons les ventes le mardi et le mercredi un peu plus tard, à 15 h. Cela va nous faire terminer plus tard évidemment, mais nous avons les capacités de bien recevoir nos clients, notamment au niveau de la restauration. Encore une fois, comme pour le format de la vente, il s’agit de réglages que nous avons apportés pour répondre aux besoins des acheteurs, et dans l’intérêt des vendeurs. Et ces réglages sont effectués en collaboration avec les vendeurs, à l’issue de discussions toujours enrichissantes. Nous avançons ensemble !

Pas de Galop Expo cette année : vous avez annoncé en début d’année que cette manifestation aurait désormais lieu une année sur deux. Pourquoi ce choix ?

Galop Expo est une belle réalisation, mais en l’organisant une année sur deux, nous avons voulu lui donner un temps de respiration, qui va nous permettre de réfléchir à quelques innovations. Galop Expo n’était pas inscrit dans le calendrier des professionnels comme peut l’être notre salon du Prix d’Amérique, qui est devenir un vrai rendez-vous comme le Salon de l’Agriculture… Je pense qu’une organisation une année sur deux constitue un bon rythme, pour tous. En revanche, nous continuons d’accueillir les Équirencontres organisées par Boehringer Ingelheim et la Fédération des éleveurs. Ces conférences nous semblent adaptées, intéressantes, et pédagogiques pour le public des ventes d’octobre.

Comment analysez-vous le book 2 de Tattersalls qui vient de se terminer ?

Les résultats sont très similaires à ceux de l’année passée. Le nombre de chevaux vendus à plus de 100.000 Gns a progressé, mais dans le même temps, celui des poulains vendus entre 50.000 et 100.000 Gns a reculé. On peut difficilement faire des comparaisons avec notre vente, tant la répartition des acheteurs est différente et concentrée. À Deauville, le panel des acheteurs est plus varié, avec un véritable marché bien évidemment français mais aussi européen (avec la Scandinavie, où toutes les grandes courses ont été remportées par des graduates de cette vente, l’Allemagne, à la recherche de profils français pour venir courir en France notamment, l’Italie), et international, avec cette année la présence d’acheteurs japonais dont l’intention est de laisser les chevaux à l’entraînement en France. La vente d’octobre ne cesse de générer des gagnants et des chevaux qui durent, et cela demeure notre meilleure publicité. Le travail a été fait, mais nous restons dépendants de l’environnement économique. L’instabilité politique en Angleterre n’est évidemment pas un facteur favorisant…

Les élections de France Galop auront lieu dans quelques semaines, et on va évidemment beaucoup parler politique dans les travées de l'établissement. Quelle est, selon vous, la mesure la plus urgente à prendre ? 

La situation actuelle est très complexe. Aussi, méfions-nous des solutions simplistes et de la nostalgie de temps anciens que notre mémoire a tendance à enjoliver. En tant que contributeurs à l’économie de la filière, nous souhaitons avant toute chose que ses acteurs professionnels parviennent à s’unir autour d’une vision d’avenir. L’évolution de notre environnement nous impose des économies. Il est dangereux de s’arc-bouter sur la défense d’avantages acquis au risque de perdre le sens des priorités. La priorité absolue, c’est de restaurer l’attractivité des courses, en tant que sport et support de jeu. Si les hippodromes sont pleins, que les propriétaires y sont choyés, que le pari hippique devient aussi branché que les paris sportifs, que les médias parlent des courses sous un jour positif, il sera plus facile de recruter de nouveaux investisseurs, d’attirer de nouveaux sponsors. Et tous les acteurs de la filière en bénéficieront : les éleveurs trouveront des débouchés pour leur production et pourront réinvestir, les entraîneurs rentreront des chevaux, les propriétaires seront mieux récompensés de leurs efforts.

Dans l’immédiat, nous devons tous apporter notre pierre à cet édifice commun, d’une part, et, d’autre part, il est primordial que la France reste un pays ouvert, tourné vers l’international. Nous n’avons pas les moyens de vivre en autarcie.