TOUR DES HARAS - Guillaume Sarda : « La vente d'octobre représente une réelle chance pour des chevaux moins précoces »

Institution / Ventes / 21.10.2019

TOUR DES HARAS - Guillaume Sarda : « La vente d'octobre représente une réelle chance pour des chevaux moins précoces »

Comme chaque année, les journalistes de JDG ont contacté les haras qui présenteront des yearlings en octobre chez Arqana. L’occasion d’un questionnaire sur leurs lots 2019. Sixième épisode : Guillaume Sarda, du haras de La Tuilerie.

Jour de Galop. – Pouvez-vous nous présenter votre haras ?

Guillaume Sarda. – La Tuilerie est située à quelques kilomètres du haras du Pin. C’est un haras de taille moyenne. On dispose d’une soixantaine d’hectares, mais il est très bien agencé : mon grand-père avait bien imaginé les choses ! Il y a des unités bien distinctes et dédiées chacune à une spécialité de l’élevage : jumenterie, étalons et jeunes chevaux. Le site a vu le jour au XIXe siècle et il a donc ce charme des vieux haras normands, mais aussi ses inconvénients. Quand je l’ai repris en 2016, j’ai entamé pas mal de travaux de rénovation pour gagner en efficacité et améliorer la sécurité et le confort des chevaux.

Quel a été votre parcours avant de vous installer ?

J’ai eu la chance de grandir à La Tuilerie, de vivre la passion de mon grand-père et de participer à des courses de poneys. J’en ai gardé d’excellents souvenirs et je me remémore qu’à l’époque, j’avais même récupéré les lunettes de Cash Asmussen avec un dollar sur le côté ! Puis je me suis éloigné de ce milieu, tout en me disant que j’y reviendrais peut-être. J’étais installé à Paris et j’avais une société dans l’événementiel. À l’aube de la trentaine, l’envie de poursuivre le travail initié par mon grand-père m’a sérieusement démangé. En 2012, j’ai réussi à persuader ma femme de nous installer en Normandie et d’ailleurs, je n’en reviens toujours pas ! (rires). J’ai repris des études agricoles et renoué avec le milieu des courses, notamment grâce à la reconversion des chevaux. En 2016, nous nous sommes installés, certes, dans un beau haras, mais avec pas mal de défis à relever.

HARAS DE LA TUILERIE

61310 Silly-en-Gouffern

Le haras de La Tuilerie est un lieu chargé d'histoire, mais c'est la première fois que vous présentez, depuis que vous avez repris la structure, des yearlings à une vente. Est-ce une diversification de votre activité ?

Le lot 350 est né à La Tuilerie, nous l’avons en copropriété avec un éleveur italien, Cesare Canavesio. Présenter un produit que nous avons élevé était une suite logique pour nous. Le lot 410 est arrivé il y a un peu moins d’un an et nous le présentons pour le compte de Kirtlington Stud. C’est une chance d’avoir la confiance d’éleveurs aguerris pour démarrer. Présenter aux ventes, c’est aussi l’occasion de sortir de son exploitation, de se confronter au regard des autres et d'échanger avec éleveurs et propriétaires. C’est de la bonne pression et un formidable moyen de communiquer.

Pouvez-vous nous présenter vos lots ?

Le lot 350 est une pouliche par Pride of Dubai et Singuna (Black Sam Bellamy), qui n’a produit jusqu’ici que des gagnants, dont notamment Natural Winner (ex-Spahi Yes, par Sepoy). Ce dernier avait fait un très bon début d’année 2019 en remportant une Classe 2 à Chantilly. Il était engagé dans le Prix Sigy (Gr3) avant d’être exporté vers Hongkong chez Richard Gibson. Nous attendons également les débuts de Cuzco (Wootton Bassett) actuellement chez Alessandro Botti. C’est une grande et belle pouliche, qui a déjà beaucoup de classe.

Le lot 410 est un mâle par Kendargent. Sa mère, Carding (Street Cry), est une poulinière prometteuse : son deuxième produit, Supernova (Intello), vient d’ajouter un update à notre papier puisqu’il s’est placé deuxième d’un Gr3. Elle a également produit un gagnant et Trick of the Mind (Intello), actuellement à l’entraînement chez Yann Barberot. Le poulain est solide, il a beaucoup de présence et se déplace bien.

Comment jugez-vous le marché des yearlings actuellement ?

Assez nuancé : d’un côté beaucoup de pinhookings gagnants à Newmarket, et de l’autre, à Baden-Baden, une situation un peu plus préoccupante. Arqana a fait un beau travail en termes de qualité. Et il me semble que le catalogue d’octobre se rapproche de plus en plus de celui d’août et représente une réelle chance pour des chevaux peut-être un peu moins précoces.

Si vous aviez une baguette magique, en cette année électorale, que changeriez-vous dans le galop français ?

Sur le site du jockey Club de Hongkong, vous pouvez suivre jour après jour les activités d’un cheval à l’entraînement : de son galop du matin à sa séance de balnéothérapie ! Les vidéos de certaines séances d’entraînement sont disponibles et reçoivent une appréciation de quelques lignes. Ça rend l’expérience tellement plus vivante. En France, ces informations sont éparpillées entre différents sites, voire inexistantes. Faire le papier d’une course semble être un travail fastidieux réservé à des initiés. Pour moi, il ne s’agit pas de vulgariser l’information mais de la rendre plus accessible et plus esthétique. L’idéal serait que les sites de France Galop ou du PMU aient un contenu beaucoup plus enrichi au niveau des chevaux : plus de photos, de vidéos et d’informations sur leurs parcours et leur généalogie. En plus, si le parieur était sur la même plateforme d’informations que le propriétaire et qu’il disposait d’une vraie mine d’information et d’images, ne serait-ce pas plus facile pour lui de franchir le pas ?

LES YEARLINGS D’OCTOBRE

Lot       Sexe     Origines

350      F          Pride of Dubai & Singuna

410      M        Kendargent & Carding