International / 03.11.2019

BREEDERS’ CUP : LES COURSES SUR LE DIRT - Vino Rosso et Mitole difficiles à partager jusqu’au bout

SANTA ANITA (US), SAMEDI

Parfois, on oublie que la Breeders’ Cup est un meeting américain où nous, les Européens, sommes considérés comme des invités. Et que les courses aux États-Unis, c’est le dirt ! Si les épreuves sur le gazon nous ont un peu laissés sur notre faim, sauf le Mile gagné de belle manière par Uni (More than Ready), le dirt nous a offert de bons gagnants. Vino Rosso (Curlin) est un lauréat du Classic plus que correct avec son rating 128 assigné par le Racing Post ; Mitole (Eskendereya) est un dragster presque parfait qui a remporté un quatrième Gr1 dans le Sprint, avec à la clé un bien joli 127, et Blue Prize (Pure Prize) nous a fait revenir à l’époque glorieuse des grandes championnes d’Argentine, les Paseana et Bayakoa, en s’offrant la favorite Midnight Bisou (Midnight Lute) dans le Distaff.

Du vin rouge très italien. Vino Rosso (vin rouge en italien), c’est un drôle de nom pour un cheval qui appartient à Mike Repole, qui a fait fortune avec des boissons aromatisées aux fruits. Il s’est imposé d’une classe et lors des dix dernières éditions, seuls deux lauréats du Classic ont affiché un rating plus haut : Arrogate (Unbridled’s Song), à 136, et Blame (Arch), à 131. Il a dominé dans la ligne droite le favori, McKinzie (Street Sense), et il l’a perdu à quatre grandes longueurs. L’alezan avait déjà remporté à Santa Anita la Gold Cup (Gr1) au printemps, avant d’être rétrogradé sur une décision sévère, dans la Jockey Club Gold Cup (Gr1) à Belmont Park. Mike Repole, qui est associé à l’autre Italo-Américain Vinnie Viola, a dit à ce propos : « Je voulais porter plainte contre tout le monde après cette décision mais Vinnie, heureusement, est plus sage que moi… Je tiens surtout à remercier Jim Crupi, un grand homme de cheval qui nous a quittés il y a quelque mois. C’est lui qui a choisi Vino Rosso, l’a débourré et a fait le gros du travail avant de passer la main. Et un grand merci aussi à John et Tanya Gunther qui l’ont élevé. Ils ont sorti la même année un lauréat de la Triple couronne comme Justify (Scat Daddy) et un de la Breeders’ Cup Classic. »

Le grand jour de Curlin. Vino Rosso est issu du lauréat de la Breeders’ Cup Classic 2007 Curlin (Smart Strike) qui, après ses débuts à 75.000 $ (67.000 €), officiait à 25.000 $ l’année du croisement. Les résultats ont fait remonter son tarif, et en 2020, il officiera à 175.000 $ (156.000 €). Le tarif de Vino Rosso, qui fera ses débuts comme étalon chez Spendthrift, est encore à décider, tout comme une décision sur sa participation à la Pegasus World Cup (Gr1). Le poulain a été acheté 410.000 $ (367.000 €) chez Keeneland en novembre.

Mitole et un étalon dispatché au Japon. Le lauréat du Sprint Mitole fera ses débuts dans le même haras et ne doit pas faire face à la concurrence de papa. En fait, Eskenderya (Giant’s Causeway) a été envoyé au Japon en 2016, quand son meilleur produit était yearling. Il était très attendu et a sailli 115 poulinières lors de sa première saison chez Shizunai Stallion Station, mais les éleveurs japonais l’ont un peu oublié et il a eu 43 juments cette année à 1,5 million de yens (12.400 €). Mitole a gagné aussi pour lui…

Mitole n’a raté qu’une course cette saison, l' Alfred Vanderbilt Handicap (Gr1), en rendant du poids, et il a montré aller aussi sur plus long quand il a remporté le Met Mile (Gr1) en devançant McKinzie. Avec quatre victoires de Gr1 et une seule défaite, il garde une petite chance pour le titre de Horse of the Year. C’est pas mal pour un yearling à 20.000 $ (18.000 €) qui est arrivé chez Steve Asmussen après un autre passage sur le ring chez OBS, en avril, où il a été adjugé 140.000 $ (125.000 €).

Blue Prize, de la gloire aux ventes. La grande favorite Midnight Bisou a raté sa chance dans le Distaff (Gr1), quelques heures après que ses propriétaires ont décidé de la retirer de la vente Fasig-Tipton de novembre pour la garder à l’entraînement encore une saison. Mike Smith n’a pas monté la course de sa vie mais l’argentine Blue Prize n’a rien volé et, mardi, elle sera proposée sur le ring de Fasig-Tipton avec un update de choix : lauréate de la Breeders’ Cup Distaff. Elle avait gagné le Seleccion (Gr1), le Prix de Diane en Argentine, et elle peut même battre Midnight Bisou comme meilleure femelle de l’année. Son entraîneur, Ignacio Correas, appartient à une famille qui a fait l’histoire des courses en Argentine, et il a dit : « Elle a battu Elate (Medaglia d’Oro) et Midnight Bisou en deux mois, on ne peut pas lui demander plus. C’est une championne et nous avons eu la chance de l’avoir chez nous. » Le succès de Blue Prize ne fera pas le buzz sur le marché des étalons car son père, Pure Prize (Storm Cat), qui a très bien produit en faisant la navette en Argentine, est resté en Amérique du Sud après la saison 2013. Dans ce sens, la Breeders’ Cup 2019 a fourni quatre gagnants conçus à moins de 10.000 €. L’élevage n’est pas une activité que pour les milliardaires.  

Le profil des gagnants de la Breeders’ Cup