Hicham Debbagh : « Nous sommes passés de 500 à 800 courses pour pur-sang arabes »

02.12.2019

Hicham Debbagh : « Nous sommes passés de 500 à 800 courses pour pur-sang arabes »

Les 16 et 17 novembre 2019, Casablanca accueillait le meeting international du Maroc, qui est désormais bien connu des professionnels à travers le monde. Hicham Debbagh, directeur général adjoint en charge des courses de chevaux à la Sorec, a répondu à nos questions quelques jours avant le début de l’événement.

The French Purebred Arabian. – Est-ce la première fois que des concurrents qataris, omanais ou émiratis font le déplacement ?

Hicham Debbagh. - Nous accueillons des chevaux venus du Qatar depuis de nombreuses années. Les Omanais étaient déjà venus une première fois en 2015. Les Émiratis connaissent déjà bien le Maroc. Mais la véritable nouveauté, c’est qu’ils viennent avec plus de chevaux et des concurrents de qualité supérieure.

Cette année, le Grand Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI aura deux lauréats de Gr1 au départ. Quelle est l’étape suivante, le statut de Gr2 PA ?

Oui, je pense que cela sera le cas. C’est l’accomplissement d’années d’efforts pour améliorer la qualité de la compétition. Le meeting du Maroc est désormais bien ancré dans le calendrier international. La qualité du meeting en lui-même est reconnue, notamment en ce qui concerne l’organisation et l’accueil. En outre, le niveau des chevaux marocains a progressé. Il est reconnu et cela renforce l’attractivité sportive de ces épreuves internationales. Cette progression a notamment été possible grâce aux investissements réalisés par les éleveurs.

Comment accompagnez-vous les concurrents internationaux qui souhaitent venir courir chez vous ?

C’est une question fondamentale, et chaque pays qui veut organiser un meeting international doit travailler sur ce point. Cela commence par une prise en charge du transport. Depuis deux ans, un avion est affrété pour transporter les chevaux. Ce sont de grands sportifs et il faut mettre les moyens en rapport avec leur dimension sportive. Cela rassure et encourage l’entourage de ces compétiteurs de premier plan.

Quelles sont les nouveautés, en termes d’infrastructures hippiques, proposées par le Maroc ces dernières années ?

Depuis 2011, une stratégie a été mise en place pour développer la filière et l’un des axes prioritaires a été la construction et le réaménagement d’un certain nombre d’hippodromes. Nous avons désormais un beau maillage réparti sur le territoire du Maroc. Le dernier-né n’est autre que le champ de courses de Marrakech. Nous fondons de grands espoirs dans ce site pour les années à venir. Le centre d’entraînement de Bouznika a désormais une capacité de 300 boxes. Et elle va doubler pour atteindre 600 ou 700 places en 2020. Ces investissements dans les infrastructures sont indispensables si l’on veut entraîner et faire courir selon des standards internationaux. La filière marocaine en a besoin pour assurer son développement et sa professionnalisation. Nous avons donc fait le maximum pour permettre aux entraîneurs de travailler dans les meilleures conditions.

La Sorec a lancé plusieurs partenariats et jumelages à l’international, avec Vichy, l’Irlande, la Turquie ou encore le Défi du Galop. Quelle est votre stratégie ?

Il y a trois niveaux de lecture. Le premier consiste à assurer une visibilité à l’international pour la filière marocaine. Le deuxième concerne l’instauration de relations de travail avec les institutions des autres nations hippiques. Le troisième est la création de jumelages, comme celui qui est né entre l’hippodrome de Vichy et celui de Casablanca. Une épreuve nommée en l’honneur de Vichy aura lieu lors du meeting international. Un partage d’expertise est à l’œuvre, entre associations qui gèrent des hippodromes et, d’une manière plus large, entre professionnels et propriétaires.

En 2011, le royaume a confié un ambitieux plan à la Sorec, sur trois axes : préservation du cheval barbe, développement des activités équestres et développement des courses. Quels sont les chiffres qui permettent de mesurer le développement du galop au Maroc ?

Depuis cette date, le nombre total de courses au Maroc a progressé de 46 %. Les partants ont progressé de 80 %. Nous sommes passés de 466 à 640 épreuves pour pur-sang anglais et de 500 à 800 courses pour pur-sang arabes. La Sorec et l’État ont réalisé un effort énorme, envoyant ainsi un signal aux professionnels marocains pour les inciter à investir. Et cela paye car ces derniers ont progressé, ils se sont professionnalisés. Ils élèvent plus et mieux. Sur cette période, les naissances de pur-sang anglais ont augmenté de 47 % et de 85 % chez les pur-sang arabes. Nous voulons accompagner la professionnalisation de la filière, avec notamment une école pour les jockeys et une autre pour la maréchalerie. En 2020, nous proposerons une formation d’entraîneur public, comparable à celle qui existe en France.

L’élevage, c’est aussi un enjeu de développement économique et d’emploi dans les régions rurales. Quel est l’impact des courses sur l’économie du pays ?

Cet aspect est fondamental, même s’il n’est jamais facile d’évaluer le nombre d’emplois générés. Nous étions à 30.000 en 2016. Notre mission et notre ambition sont de doubler ce chiffre. Cela permet de créer de l’emploi en milieu rural, tout en formant les gens à des métiers valorisants, intéressants et dotés d’un réel avenir.

Plusieurs propriétaires marocains brillent en France. Mais, chose nouvelle, ce sont à présent des chevaux issus de l’élevage marocain qui sont compétitifs. Notamment Salma Nour Grine, qui a montré qu’elle pouvait batailler avec les meilleurs français. Comment ces performances sont-elles perçues dans le royaume ?

Très clairement, c’est une fierté pour la Sorec et toute la filière marocaine. C’est le fruit d’une convergence d’efforts. Le produit de l’élevage marocain peut être compétitif à l’international, y compris en Europe. C’est l’indicateur qui permet de mesurer la qualité actuelle de notre filière.

Après presque une décennie d’investissements dans les ventes européennes, le Maroc est-il en train de devenir un pays exportateur de chevaux de course ?

Cela va se mettre en place. Nous sommes en train de travailler à la création d’une filière de vente structurée. La difficulté avec les pays voisins concerne le transport des chevaux mais l’intérêt est déjà là. L’évolution du nombre de naissances et l’amélioration de la qualité de la production marocaine vont ouvrir des possibilités sur le marché international. Ces dernières années, des propriétaires des pays du Golfe viennent de manière récurrente acheter au Maroc. Il reste à structurer et amplifier ce phénomène.