
Courses / 19.12.2019
Comment l’obstacle pourrait-il retrouver de bons enjeux ?
Lors de la campagne électorale, certains détracteurs de l’obstacle se sont mués en défenseurs. Mais n’oublions pas que pendant des mois, la discipline a été pointée du doigt pour son manque d’enjeux hippiques. Le manque de partants pèse, tout comme la domination de quelques grands entraîneurs. Mais il y a bien d’autres raisons…
Par Christopher Galmiche
Parmi ces autres facteurs ayant influé négativement sur les performances des sauteurs au niveau des paris hippiques, on doit citer la question des horaires. L’obstacle se retrouve souvent avec des réunions commençant à 11 h l’hiver et d’autres finissant à 20 h 30 ou 21 h l’été. Ce sont les créneaux les moins porteurs.
Compiègne, c’est aussi France Galop ! Lorsqu'Enghien courait en obstacle, on ne courait pas à Saint-Cloud ou à ParisLongchamp sur les mêmes plages horaires. Compiègne étant une société autonome… on place désormais des réunions parisiennes en plat face à d’anciennes réunions d’Enghien, qui ont lieu au Putois. En outre, elles débutent parfois tôt, ce qui constitue un contexte doublement pénalisant. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de la faiblesse des enjeux… Sur les obstacles, Compiègne doit être considéré comme un hippodrome parisien, comme Enghien à l’époque. Une réunion comme celle de la Grande Course de Haies (Gr3) ne doit pas non plus se retrouver perdue un vendredi à midi, alors qu’il n’y a pas de galop en région parisienne le samedi. En outre, organiser cette réunion le samedi permettrait aux professionnels de se déplacer pour un dernier grand week-end d’obstacle. Cela aiderait également le président de la Société locale à attirer plus de monde sur son hippodrome, sachant que celle-ci a fait d’énormes efforts, tant humains que financiers, pour accueillir dignement le programme d’Enghien. Elle mérite cette récompense.
L’histoire des Quintés +. On court moins sur les obstacles qu’en plat : mathématiquement, l’obstacle ne pourra jamais atteindre le même volume d’enjeux. Des courses à événements ont été cédées par l’obstacle au nom de l’intérêt général. Trois autres épreuves de ce genre vont à nouveau changer de site en 2020. Et cela pourrait encore se produire. Si l’on continue à ce rythme, il n’y aura bientôt plus de Quintés + d’obstacle. Et on s’étonnera qu’il y ait encore moins d’enjeux dans la discipline... Moins on propose de courses d’obstacle aux parieurs, en réunion 1 avec un Quinté +, moins ils auront envie de s’intéresser à la discipline. C’est une spirale infernale. L’optimisation et une vision à court terme ont pris le dessus.
La solution serait de trouver de nouveaux jeux, de faire preuve d’inventivité… comme le fait la Française des Jeux ! Il y a une dizaine d’années, afin de gonfler le chiffre d’affaires du PMU, nous avions simplement étoffé l’offre. Nous en payons les conséquences... Concentrer tous les Quintés en plat et au trot pour augmenter le chiffre d’affaires est une voie sans issue.
Alors autant anticiper et proposer de nouveaux jeux dès maintenant en s’appuyant sur les trois disciplines !
Le temps, c’est de l’argent. Deux choses accentuent la différence d’enjeux entre le plat et l’obstacle, au-delà du programme et des horaires. Ce sont les GPI et l’entrée dans les stalles. Les GPI jouent davantage en plat qu’en obstacle et leur influence sur les enjeux n’est certainement pas à négliger. Quant à l’entrée dans les stalles, c’est simple, il y a souvent trois ou quatre courses au minimum où des concurrents mettent plus de temps que prévu à rentrer dans les boîtes. Or, les enjeux tombant au dernier moment, le retard involontaire est bénéfique. On pointe souvent les chutes et faits de courses sur les obstacles… mais en plat, on peut jouer un cheval enfermé toute la ligne droite, et au trot, un autre qui va se mettre à la faute.
Médiatiser nos jockeys d’obstacle. Les jockeys d’obstacle, comme leur discipline, sont moins médiatisés que leurs collègues du plat ou du trot. Les sauteurs font rarement la Une des périodiques destinés aux parieurs… En plat, le match entre Pierre-Charles Boudot et Christophe Soumillon pour la Cravache d’or a fait du bien aux enjeux lors de réunion pourtant modestes. Auparavant, nous avions Christophe Pieux comme repère en obstacle. Nous avons toujours des pilotes très talentueux, mais peut-être pas suffisamment médiatisés. D’autant qu’ils représentent souvent une belle porte d’entrée aux paris hippiques.
Le programme a sa part de responsabilité. La structuration régionale du programme dégrade le nombre de partants. Il faut désormais planifier à l’échelle nationale, même si l’exercice n’est pas aisé. Les chevaux se déplacent désormais facilement d’une région à une autre. À la mi-octobre, cinq steeples de 3ans ont eu lieu en trois jours. C’est un exemple parmi d’autres d’une cohérence à retrouver. Il y a souvent trop de courses pour une même catégorie, dans plusieurs régions différentes, puis plus rien pendant plusieurs semaines…
Le mutuel et la cote fixe, deux socles sur lesquels se reposer. Évidemment, les courses de sélection ne sont, par définition, pas celles où il y aura 20 partants. C’est là qu’il faut innover et proposer de nouveaux jeux. Pourquoi pas de la cote fixe ? Si le pari mutuel nous a aidés à devenir un véritable secteur économique à la fin du XIXe siècle, il est maintenant un peu obsolète par rapport aux autres sports. Comment attirer un jeune qui parie sur le foot vers les courses si, d’un côté, il va savoir combien il va toucher, et que, de l’autre, il y a des chances que son gain soit divisé par deux ou trois au mutuel ? Conquérir un nouveau public pour le jeu, cela passe sûrement par de la cote fixe et des matchs races, entre chevaux et entre jockeys. En cela, l’obstacle pourrait être un laboratoire. Pourquoi ne pas ouvrir des paris à cotes fixes pour le prochain Grand Steeple par exemple ? Ou faire des championnats entre parieurs autour des neufs Grs1 d’Auteuil et de la Crystal Cup par exemple ? On pourrait imaginer un challenge où il faudrait donner les jumelés des neuf Grs1 d’Auteuil et les jouer évidemment avec une cagnotte à la fin. Comme on le dit souvent, les courses, c’est un jeu d’experts. Alors autant pousser le raisonnement jusqu’au bout. Il existe une communauté de passionnés de la discipline qui se lance des défis sur les réseaux sociaux autour des réunions d’obstacle. Il faut s’en servir pour le jeu aussi ! Des idées, il y en a, mais une chose est sûre, il faut innover. Se contenter de ce que l’on a ne fera que nous maintenir à flots quelques années face à une concurrence plus que féroce et imaginative.
L’Angleterre, un exemple à suivre. En Angleterre, l’an passé, trente des quarante épreuves ayant généré le plus d’enjeux ont été des courses d’obstacle. Pourtant, outre-Manche, on ne remet pas en cause le plat sans arrêt à cause de ce classement… L’Angleterre n’a pas de courses de trot et c’est l’obstacle qui joue le même rôle que cette discipline, avec plusieurs grands meetings d’hiver et des chevaux populaires ayant de longues carrières. Peut-être qu’en bougeant un peu plus les meetings d’Auteuil des premier et second semestres, même si là encore, c’est un casse-tête, nous pourrions favoriser cette polarisation qui existe sur l’obstacle en Angleterre. Une polarisation qui serait certainement bénéfique pour les enjeux puisqu’elle permettrait d’attirer des chevaux étrangers. Des étrangers dont la présence avait permis, lors du dernier week-end du Grand Steeple, une augmentation des enjeux de 9 %.
LES 40 ÉPREUVES AYANT GÉNÉRÉ LE PLUS D’ENJEUX EN GRANDE-BRETAGNE EN 2018
# | Course | Hippodrome |
1 | Grand National (Gr3) | Aintree |
2 | Cheltenham Gold Cup (Gr1) | Cheltenham |
3 | Derby d’Epsom (Gr1) | Epsom |
4 | Grand National écossais (Gr3) | Ayr |
5 | King George VI Chase (Gr1) | Kempton |
6 | Triumph Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
7 | Stayer’s Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
8 | Albert Barlett Novices’ Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
9 | Champion Chase (Gr1) | Cheltenham |
10 | Champion Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
11 | Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) | ParisLongchamp |
12 | 2.000 Guinées (Gr1) | Newmarket |
13 | Supreme Novices’ Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
14 | Ryanair Chase (Gr1) | Cheltenham |
15 | Ballymore Novices’ Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
16 | County Hurdle (Gr3) | Cheltenham |
17 | Foxhunter Chase | Cheltenham |
18 | St Leger | Doncaster |
19 | Arkle Chase (Gr1) | Cheltenham |
20 | Grand National gallois (Gr3) | Chepstow |
21 | Lincoln | Doncaster |
22 | RSA Chase (Gr1) | Cheltenham |
23 | Ultima Handicap Chase (Gr3) | Cheltenham |
24 | Grand Annual (Gr3) | Cheltenham |
25 | Mares’ Hurdle (Gr1) | Cheltenham |
26 | Betfair Hurdle (Gr3) | Newbury |
27 | Coral Cup (Gr3) | Cheltenham |
28 | Ascot Gold Cup (Gr1) | Royal Ascot |
29 | Mares’ Novices’ Hurdle (Gr2) | Cheltenham |
30 | Diamond Jubilee Stakes (Gr1) | Royal Ascot |
31 | JLT Novices’ Chase (Gr1) | Cheltenham |
32 | Martin Pipe Handicap Hurdle (Gr3) | Cheltenham |
33 | Brown Advisory Plate | Cheltenham |
34 | Pertemps Hurdle (Gr3) | Cheltenham |
35 | 1.000 Guinées (Gr1) | Newmarket |
36 | Oaks (Gr1) | Epsom |
37 | Cross Country Chase-Crystal Cup | Cheltenham |
38 | Champion Bumper (Gr1) | Cheltenham |
39 | Close Brothers Novices’ Handicap | Cheltenham |
40 | Champion Stakes (Gr1) | Ascot |
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