Maxime Guyon, en bleu, en blanc… et en or

Courses / 17.12.2019

Maxime Guyon, en bleu, en blanc… et en or

Il était sur le podium de la Cravache d’or depuis 2009. Oscillant entre l’argent et le bronze… En 2019, Maxime Guyon décroche enfin l’or. Et, pour la première fois de sa carrière, le premier jockey de l’écurie Wertheimer & Frère passe le cap des 200 victoires en une année. Il nous a raconté son année à part...

Jour de Galop. – En octobre 2018, vous avez rejoint l’équipe de Pierre-Alain Chereau, qui a notamment été derrière le record européen de victoires de Christophe Soumillon. Est-ce à ce moment que vous avez décidé de vous lancer dans la course à la Cravache d’or ?

Maxime Guyon. – Non, pas vraiment ! Cela faisait presque dix ans que je finissais sur le podium. Quand je me suis associé avec Pierre-Alain, l’objectif premier était de passer le cap des 200 gagnants en une année, que je n’avais pas encore atteint. Mais je pense que ce qui a vraiment déclenché cette envie, c’est d’avoir réalisé un excellent meeting de Cagnes-sur-Mer. Vu notre début de saison, je me suis dit : « Cette année, on va rouler ! »

Une Cravache d’or… Et d’autres en prévision ?

Très franchement, je ne pense pas me poser de nouveau cet objectif. J’ai une Cravache d’or et j’en suis vraiment très content. C’est beaucoup de sacrifices pour ma famille et beaucoup de fatigue : il faut traverser la France en long, en large et en travers. J’ai eu 234 gagnants sans faire tout le mois de décembre. Désormais, j’ai coché cette case Cravache d’or et on ne pourra pas me reprocher de ne pas en avoir eu une. Je remercie tous les propriétaires, entraîneurs, éleveurs, cavaliers et cavalières d’entraînement, ma famille, qui m’ont permis de réaliser cela.

C’était quelque chose que l’on vous reprochait ?

Pas forcément des reproches… Mais on me demandait quand j’allais en avoir une et je sentais qu’il fallait que je le fasse. J’ai eu six Cravaches de bronze, quatre en argent. J’ai montré que je pouvais obtenir une Cravache d’or et cela pour la première année où je jouais le jeu à fond. Avec Pierre-Alain, nous avons réussi, maintenant nous allons pouvoir passer à autre chose.

Votre course à la Cravache d’or a aussi surpris car vous aviez eu, dans le passé, des mots assez durs sur cette course effrénée, où il faut parcourir toute la France au détriment, peut-être, des jockeys régionaux.

C’est vrai et j’aurais aimé décrocher une Cravache d’or sans avoir à faire tous ces voyages. Mais ce n’est pas possible. C’est pour cela que je dis que je ne compte pas refaire cela prochainement.

Faut-il donc réformer la Cravache d’or ? Qu’elle s’obtienne par les victoires obtenues au cœur de la saison, comme en Angleterre, plutôt que sur une année ?

C’est une question très compliquée. Il y a du pour et du contre à changer le format de la Cravache d’or. Je ne sais pas vraiment quelle serait la meilleure solution. La Cravache d’or s’est toujours jouée sur une année complète, c’est son histoire. Mais il y a eu la décentralisation, l’augmentation du nombre de courses. Auparavant, les meilleurs jockeys pouvaient s’arrêter pendant trois mois. Faire une saison à l’anglaise est un principe que l’on pourrait étudier. D’un autre côté, il faut aussi savoir ce qu’en pensent les petits hippodromes : peut-être que la présence d’un jockey dans le top 5 les aide à amener plus de public, à mieux médiatiser leurs réunions ? Ceci étant dit, j’ai monté en province mais je n’ai monté que les réunions PMU.

Une saison avec une Cravache d’or et un record de victoires à la clé… Mais pas de Grs1 chez les pur-sang anglais. C’est le seul point noir ?

Oui, c’est le seul regret. Je ne suis pas passé loin à plusieurs reprises mais sans réussir à m’imposer.

Donc 2020, objectif Gr1 ?

Je ne pense pas encore à 2020 mais, oui, je suppose. Essayer de rester au top, parmi les meilleurs jockeys. J’ai ma Cravache d’or et battre les records de victoires européens ne m’attire pas plus que cela. Donc, oui, en 2020, j’aimerais décrocher de nouveaux Grs1, je pense que ce sera l’objectif principal.

Y-a-t-il une course en particulier que vous rêvez de remporter ?

La réponse est simple : l’Arc. Le Prix de l’Arc de Triomphe, c’est le summum. J’ai terminé deux fois deuxième avec Flintshire (Dansili) et, même en étant deuxième, on a le frisson. C’est une course hors-normes.

Quand allez-vous vous remettre en selle en 2020 ?

Ce n’est pas encore précis. Je reviens de vacances le 27 décembre et, avant le meeting de Cagnes-sur-Mer, il doit y avoir quelques réunions à Chantilly et Deauville. J’ai aussi prévu de faire des allers et retours à Dubaï, notamment pour monter les chevaux de Pia Brandt lors du Carnival.

Certains jockeys partent l’hiver à l’étranger. Vous ne souhaitez pas le faire ?

Je l’ai fait dans le passé mais, désormais, je suis papa. J’ai monté quelques hivers à Hongkong. Cela s’était bien passé la première année, j’avais gagné au niveau Gr1 mais, ensuite, j’avais eu des résultats en dents de scie. J’ai aussi passé une vingtaine de jours au Japon. Et quand on va passer l’hiver à Dubaï par exemple, il faut avoir le soutien d’une grosse écurie comme Godolphin, sinon c’est très compliqué de gagner. Pour l’instant, je ne prévois pas de repartir à l’étranger durant l’hiver mais pourquoi pas un jour ! Plein de jockeys sont pères et le font. Il faut juste s’adapter et s’organiser.

Y-a-t-il un cheval en particulier qu’il faut suivre pour la saison prochaine ?

C’est difficile d’en détacher un en particulier. J’ai la chance d’être le premier jockey de l’écurie Wertheimer & Frère qui, chaque année, sort de très bons chevaux. Nous avons eu des 2ans qui ont montré des promesses cette année et qui devraient bien évoluer. Dans ceux qui ont peu couru, j’aime beaucoup Twist (Pivotal), qui a très bien débuté dans le Prix de Fontenoy (Inédits) derrière Victor Ludorum ** (Shamardal) et en devançant Mkfancy (Makfi), ces deux poulains ayant depuis remporté leur Gr1. Je pense qu’il devrait être un bon poulain pour l’année prochaine. Mais il y en a d’autres, aussi chez les 4ans et plus !

Devenir le premier jockey de l’écurie Wertheimer & Frère, cela a été certainement le tournant majeur de votre carrière ?

C’est quelque chose d’incroyable. Depuis quelques années, les frères Wertheimer sortent chaque année d’excellents chevaux. C’est une chance formidable que d’être associé à de tels propriétaires et éleveurs. L’élevage Wertheimer & Frère est probablement le meilleur en France depuis cinq ou six ans. Et l’élevage, c’est dur, cela demande du temps, de la patience. Ils n’ont pas peur d’aller investir sur des familles fantastiques un peu partout dans le monde, d’aller à la rencontre de nouveaux étalons. Quand j’étais gamin, je voyais Olivier Peslier avec cette casaque, sur tous ces formidables champions. C’est un rêve de gosse qui s’est réalisé. Nous avons connu des moments forts ensemble. La première année de notre association, nous sommes en plus tombés sur un cheval hors norme comme Solow (Singspiel), avec lequel nous avons remporté cinq Grs1 partout dans le monde. C’est formidable de côtoyer un cheval comme lui : il était facile à monter, il allait dans tous les terrains, il était beau et il était bon. Je garde un souvenir formidable de cette année 2015.

Vous êtes évidemment très lié à André Fabre…

Monsieur Fabre a beaucoup compté et compte toujours dans ma carrière. Il a été mon maître d’apprentissage, il m’a fait confiance. C’est aussi grâce à lui que j’ai eu le contrat avec l’écurie Wertheimer & Frère. Alors oui, j’ai travaillé dur, mais je lui dois beaucoup.

Un des changements, en 2019, est que vous êtes devenus l’un des rares jockeys français à être sponsorisé grâce à Beachcomber. C’est quelque chose qu’il faut, selon vous, développer ?

Oui j’ai eu cette chance. Sur cette question, c’est à France Galop d’évoluer. Ce n’est vraiment pas simple, nous avons le droit d’être sponsorisés mais il y a encore beaucoup d’interdits. France Galop a déjà fait des efforts de ce côté-là et je crois que, pour redonner de la visibilité aux courses, il faut continuer ainsi.

Dans l’objectif de redonner de la visibilité aux courses, que pensez-vous de la politique marketing. On pense notamment à ParisLongchamp, avec les JeuXdis par exemple ?

C’est une évolution très positive. On peut regretter que les gens arrivent assez tard aux courses, principalement dans le but de faire la fête. Mais même s’ils ne voient qu’une ou deux courses, cela leur permet d’avoir un premier contact avec le sport et, si cela leur plaît, alors ils auront envie de revenir. Je crois que c’est quelque chose qui va dans le bon sens.

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