LE TOUR DES HARAS - SEPTEMBRE 2020 : l’Hôtellerie, l’histoire d’une montée en puissance

Élevage / 30.08.2020

LE TOUR DES HARAS - SEPTEMBRE 2020 : l’Hôtellerie, l’histoire d’une montée en puissance

Comme chaque année, les journalistes de JDG visitent les haras qui présenteront des yearlings en septembre chez Arqana. Jean-Pierre et Guillaume Garçon nous ont ouvert les portes du haras de l’Hôtellerie.

Par Adrien Cugnasse

Peu de structures ont connu un développement aussi important, à partir de (presque) zéro. Mais à présent, l’œuvre de la famille Garçon s’affirme comme l’un des haras commerciaux les plus importants de Normandie. Jean-Pierre et Guillaume Garçon nous ont dit : « Nous avons environ 200 chevaux sur le haras, dont près de 90 poulinières à l’année, la plupart pour des clients. Si une quinzaine nous appartient en totalité, certaines sont en association, une bonne manière de monter en gamme. La majorité de nos clients sont étrangers, y compris de pays lointains comme le Danemark ou la Russie. D’une manière générale, la qualité des chevaux que nous avons au haras augmente. Nos clients font du tri, pour se concentrer sur la qualité. Et nous aussi. Nous avons une quinzaine de juments d’obstacle, dont certaines pour des clients qui se lancent sur ce marché. C’est une filière intéressante, où l’on peut bien vendre car les bonnes saillies restent accessibles. Le commerce à l’amiable – comme aux ventes – y est très soutenu. Nous essayons parfois d’exploiter les femelles sur les obstacles, plutôt que de les vendre si elles n’atteignent pas la valeur que nous espérions. En France, leur programme est très attractif. »

Une bonne saison 2020 avec les 2ans. Jean-Pierre et Guillaume Garçon expliquent : « Cette année, les 2ans que nous avons vendus se comportent très bien. Senlisienne (Siyouni), élevée au haras pour le compte de Manfred Wurtenberger, a gagné trois courses avant de prendre part au Prix des Jouvenceaux et des Jouvencelles (L). Rougir (Territories), un pinhooking, a fait forte impression lors de ses deux premières sorties. Noble Heidi (Intello), élevée en association avec Marc Bridoux, a gagné son maiden de deux longueurs. La Neva (Goken) a également gagné. » Dimanche, Cédric Rossi nous a expliqué : « Rougir court une Classe 2 mardi à Lyon-Parilly. Ensuite elle ira sur la belle [elle est engagée dans le Prix Marcel Boussac, Gr1, ndlr] »

C’est aussi pour le compte de Marc Bridoux – comme Noble Heidi – que les "Garçon" ont élevé (puis vendu) Yoker (Manduro), deuxième du Derby suédois, après avoir gagné la préparatoire…

Deux bons poulains vendus à Hongkong. Le 3 mai à Sha Tin, Savvy Nine (Anodin) – ex-Insandi – a réalisé la plus belle performance de sa carrière sur le sol hongkongais en se classant deuxième de la Queen Mother Memorial Cup (Gr3). Élevé par Jan Krauze, et présenté aux ventes par le haras de l’Hôtellerie, il a d'abord fait carrière en France chez Carlos Laffon-Parias et sous les couleurs de M'hammed Karimine. Il s'était notamment classé deuxième du Prix des Chênes (Gr3). Il a ensuite été acquis 470.000 € par Nicolas de Watrigant à la vente de l'Arc 2018 avant de rejoindre l'effectif de William Haggas, puis celui de John Moore à Hongkong, où il fait carrière depuis le 15 décembre 2019. Proche deuxième du Prix de la Californie, troisième du Prix Montenica (Ls), Jedha Man (Dandy Man) a lui aussi été vendu à Hongkong par Nicolas de Watrigant. Élevé par l’Hôtellerie pour le compte de Zalim Bifov, c’est encore un yearling présenté sur le ring d’Arqana. Dans son cas, comme dans celui d’Insandi, l’histoire est heureuse car leurs propriétaires successifs ont pu se faire plaisir en course avant de réaliser de belles ventes.

La réussite de Manfred Wurtenberger. Client du haras de l’Hôtellerie, Manfred Wurtenberger y connaît une belle réussite. Jean-Pierre et Guillaume Garçon ont notamment élevé pour son compte Outburst (Outstrip), laquelle a été vendue à la v2. La pouliche s’est envolée pour les États-Unis après une victoire à Toulouse. Outre-Atlantique, elle a gagné deux courses dont les Florida Oaks (Gr3) au mois de mars. Manfred Wurtenberger est aussi l’éleveur de Senlisienne, évoquée un peu plus haut. Ou encore de Wonderment (Camelot), vendue par l’Hôtellerie à Tina Rau puis lauréate du Critérium de Saint-Cloud (Gr1). Jean-Pierre et Guillaume Garçon expliquent : « Nous présentons, toujours pour Manfred Wurtenberger, un fils de Kodiac (Danehill) issu de la famille d’Outburst. Sa mère, Abraxa (Verglas), lauréate de Listed en Allemagne, est la mère de Senlisienne… Manfred Wurtenberger est un éleveur suisse qui nous fait confiance de longue date ! La mère de Wonderment, stationnée ici, a une belle foal par Dubawi (Dubai Millennium) qui devrait passer en vente l’année prochaine...»

Botch, la belle histoire. Élevé dans l’Indre par Hervé et Marynege Spezza, Botch (Fuissé) a gagné sa Classe 2 de trois longueurs avant de se classer deuxième du Prix Club Hipico Santiago - Prix Moonlight Cloud (L). Bien que n’ayant pas un papier très à la mode, il a été acheté 36.000 € chez Osarus. Jean-Pierre et Guillaume Garçon expliquent : « C’était un yearling doté d’un modèle exceptionnel, avec de la taille, une bonne locomotion. Il attirait vraiment l’œil. Christophe Ferland entraînait son frère, Cox Bazar (Nombre Premier), lauréat du Prix du Cercle (L) et il ne voulait pas passer à côté. » Avec deux black types, la page de catalogue de la jument s’est considérablement améliorée et lors de la vente de sélection de septembre, l’Hôtellerie présente son fils par Wootton Bassett (Iffraaj). C’est l’un des trois produits du nouvel étalon de Coolmore qu’ils ont inscrit à la vente de sélection.

Parmi les autres clients français du haras, il faut citer Loick Fouchet. Sa jument Passiflore (Siyouni), deuxième du Prix Isonomy (L), est la mère de Light Breeze (Kodiac), impressionnante lors de ses débuts où elle avait gagné de plus de trois longueurs.

Les top-juments de la Yeguada Centurion. L’arrivée de Leopoldo Fernandez Pujals dans le monde de l’élevage a fait sensation. En novembre 2019 à Keeneland, il fut notamment l’investisseur européen le plus important. Sous l'entité espagnole de la Yeguada Centurion, il avait acquis 16 lots pour 3,3 millions (2,98 M€). Et il a également acheté des juments dans d’autres ventes, en Europe notamment. Jean-Pierre et Guillaume Garçon détaillent :

« Actuellement, il a environ 25 juments chez nous. Il est très conscient de l’attractivité du système français et s’est donné les moyens de réussir, en investissant de manière importante dans des juments black types ou ayant produit à ce niveau. Notre pays a besoin de gens comme lui. Parmi ses achats, il y a bien sûr des juments assez spectaculaires dans le lot. Comme la très bonne La Berma (Lawman), bien connue en France car elle a gagné le Prix du Pont-Neuf (L). Elle s’est aussi classée deuxième du Prix de Sandringham (Gr2). Sa fille de Frankel (Galileo) est très belle. Epsom Icon (Sixties Icon) a gagné les Washington Singer Stakes (L) à 2ans et les Princess Elizabeth Stakes (Gr3, 1.900m) l’année suivante. Elle a donné une femelle yearling par Siyouni (Pivotal). Dans son lot de jument, il a plusieurs juments américaines avec des pedigrees que l’on ne voit que très rarement en Europe. »

La Yeguada Centurion du côté des vendeurs. Jean-Pierre et Guillaume Garçon expliquent : « C’est ainsi que nous avons à l’élevage, pour monsieur Fernandez Pujals, des produits d’Into Mischief (Harlans Holiday) et de Speightstown (Gone West), deux étalons très recherchés outre-Atlantique. Nous vendons pour lui une pouliche de ce dernier sire. Speightstown est un étalon de tête aux États-Unis, mais il a déjà donné des bons produits en Europe, comme Lord Shanakill (Prix Jean Prat, Gr1). Monsieur Fernandez Pujals a aussi acquis plusieurs bonnes juments allemandes. Nous présentons deux produits de son élevage à BBAG, une Adlerflug (In the Wings) dont la mère a donné deux black types en Allemagne, ou encore une Areion (Big Shuffle) issue d’une jument par Monsun (Königsstuhl) qui a déjà donné un cheval de Stakes. Lors de la vente de sélection de septembre, nous présentons pour la Yeguada Centurion un fils de Churchill (Galileo) et de la lauréate des 1.000 Guinées allemandes (Gr2) Briseida (Pivotal). Cette dernière a déjà produit deux black types, Brisanto (Dansili) et Bristano (Dansili). Briseida est aussi la deuxième mère de Pappalino (Makfi), deuxième du Prix Greffulhe (Gr2). »

Guillaume Garçon vous parle de son lot 2020 ! Pour retrouver l’interview vidéo de Guillaume Garçon, cliquez ici.

LES YEARLINGS DE LA VENTE DE SÉLECTION

Lot Sexe Père Mère
5 M. Kodiac Abraxa
37 M. Churchill Briseida
59 M. Caravaggio Daidoo
70 F. Almanzor Diyakalanie
161 M. Wootton Bassett Miss Lech
164 F. Speightstown Moon River
264 M. Camelot Tiresias
308 M. Wootton Bassett Apulia
333 M. Wootton Bassett Dame de Montlebeau
386 F. Almanzor La Zubia
402 F. Recorder Luna Celtica
409 M. Reliable Man Maraza
436 M. Zarak Plaisancière
438 M. Bated Breath Pondichery
484 F. Showcasing Vedela