Courses / 23.09.2020

Ébonite s’en est allée

La nouvelle de sa chute au petit open-ditch, deuxième obstacle du parcours, a éclipsé le déroulement du Prix Ingré (Gr3) pour bon nombre d’observateurs. Lorsqu’Ébonite s’est relevée visiblement blessée, la bâche verte dressée devant elle, le plaisir de voir des champions s’affronter s’est envolé.

Par Christopher Galmiche

Auteuil et l’obstacle peuvent être tellement beaux, mais aussi parfois tellement cruels. Ramenée en van jusqu’aux écuries de l’hippodrome, Ébonite (Khalkevi) a ensuite été transportée à la clinique où les vétérinaires ont constaté de graves blessures à l’épaule. Des blessures qui malheureusement étaient irréversibles. Ébonite est donc partie rejoindre Ucello II (Quart de Vin), un autre "grand" de la famille Cyprès, lui aussi disparu suite à une chute sur ce maudit petit open-ditch.

Une petite jument au grand cœur. Après plusieurs sorties effacées en plat, Ébonite a débuté sur les obstacles durant le meeting palois 2017/2018. Elle était alors battue par Ecbatane (Balko), future lauréate du Prix Sytaj (Gr3). Lors de sa sortie suivante, elle a pris sa revanche sur la pensionnaire d’Hector de Lageneste en finissant deuxième du Prix Samaritain, juste derrière sa compagne d’entraînement Équation ** (Network). Gagnante en plat à Vittel, elle a par la suite enchaîné plusieurs bons résultats, concluant deuxième du Prix Calabrais (L) et troisième du Prix Bernard Secly (L). Passée sur le steeple au printemps 2019, elle n’a fait que progresser pour venir avec l’âge, comme une autre grande dame entraînée par Emmanuel Clayeux : Net Lovely (Network). Lorsqu’elle a remporté le Prix Xavier de Chevigny, le Grand Steeple des AQPS, en 2019, la jument d’Andrée et Jacques Cyprès a montré qu’elle avait franchi un palier. Dans le Prix Héros XII (Gr3), malgré une faute sérieuse au gros open-ditch, Ébonite avait montré un cœur énorme pour revenir finir deuxième. Puis, dans le Prix La Haye Jousselin (Gr1), en dépit d’une ligne droite pas très limpide, elle avait conclu bonne deuxième. En 2020, Ébonite avait encore franchi un palier, devenant pour beaucoup la favorite du Grand Steeple. Plus maniable, elle avait gagné les Prix Troytown (Gr3) et Murat (Gr2) avec la manière, laissant plein de promesses… jusqu’à ce triste mardi de septembre à Auteuil. Ébonite aura fait l’arrivée de dix-sept de ses vingt et une courses, gagnant deux Groupes. C’est une grande dame d’Auteuil qui s’en est allée. Jacques Cyprès, coéleveur d’Ébonite avec Laurent Couétil, a déclaré sur Twitter : « RIP Championne, merci pour tous ces fabuleux moments. Tu es sûrement la meilleure jument que j’aie jamais élevée… » Elle était l’une des rares femelles de la descendance de la légendaire L'Oranaise (Paris Jour).