
Courses / 14.09.2020
TRIBUNE LIBRE : il est temps de passer à l’action
Par Lisa-Jane Graffard
« L’année 2020 restera à jamais gravée dans notre mémoire. Avec la pandémie du Covid-19, le monde a été confronté à des défis inédits, tant par leur ampleur que leur gravité. Des millions de personnes ont perdu la vie. Les pays les plus démunis doivent faire face aux conséquences les plus graves, puisque leurs systèmes de santé publique échouent et leurs économies s'effondrent.
Dans les pays développés, les travailleurs de première ligne sont devenus des héros. Mais on se demande si les leçons que nous avons tirées pendant le confinement – le fait que ces travailleurs de première ligne sont essentiels à nos vies et qu’ils méritent d'être reconnus et récompensés pour tout ce qu'ils font pour nous – seront mises en application. Très vite, nous allons savoir si les gens placeront leurs propres besoins avant le bien de la société, ou si nous serons tous prêts à faire de nouveaux sacrifices pour assurer de meilleures conditions pour nos travailleurs de première ligne.
Pendant cette période inédite, notre filière a eu la chance de pouvoir continuer à exercer. Les personnes travaillant directement auprès des chevaux ont pu continuer à aller au travail pendant le confinement, et les courses ont repris rapidement et en toute sécurité à la suite du déconfinement en France. En effet, ici en France, nous devons reconnaître la chance que nous avons et l’apprécier. Tout cela ne s’est pas produit par hasard. En effet, France Galop et tous les socioprofessionnels ont travaillé dur pour maintenir l’activité en route. L’une des choses que je n'oublierai jamais à propos de l’année 2020 est le fait que j'ai pu assister aux courses pendant tout l'été, tandis que mes amis et mes collègues dans la plupart des autres pays ont été contraints de rester à la maison, ou d’assister aux courses à huis-clos dans une atmosphère insolite et troublante. La valeur de notre sport a été remise en question partout dans le monde du fait de la disparition du principe central du partage d’expérience.
Au moment où j'écris ces lignes, je constate que le secteur des courses hippiques britanniques vient de publier un plan de relance en neuf points. Ce type de plan est toujours susceptible d’être scruté et critiqué, mais il est propice que cela arrive à un moment où ici, en France, nous avons besoin de revoir notre situation et de réfléchir à la manière dont nous pourrions développer notre sport. Il s’agit sans doute d’une excellente occasion pour le faire dès aujourd’hui.
Alors que le monde regarde avec beaucoup d'envie l'annonce récente de France Galop selon laquelle les allocations seraient revues à la fin de l'année en vue d’une redistribution potentielle, nous devrions également envisager d’autres mesures positives qui pourraient aussi être mises en place pour favoriser la croissance et le développement de notre sport. Nous ne sommes sans doute pas confrontés aux mêmes menaces que d’autres pays à court terme, mais nous sommes tous conscients du fait que notre filière, en France, a besoin d’innover et de se développer si elle souhaite conserver sa place parmi les premières nations de courses hippiques dans le monde. Si les courses françaises ne parviennent pas à maintenir leur place, elles ne pourront survivre. Nous assisterons rapidement à l’émigration des meilleurs éléments de notre sport tels que les allocations, le personnel, les chevaux. Or sans les personnes et les chevaux, la filière finira par s’écrouler. Puisque le protectionnisme n’est pas acceptable dans le milieu du sport, c'est même l'antithèse de la compétition, nous devons envisager d'autres solutions.
Afin de développer et de cultiver notre sport, nous devons tisser des liens plus forts avec nos communautés locales, en montrant la vaste palette d'opportunités qu’offre notre filière : formation, emploi, compétences et recherche vétérinaires, investissements internationaux, excellence, etc. Pour cela, je renvoie les lecteurs aux buts et aux objectifs du Godolphin Forum for Education qui a eu lieu en 2019 à Newmarket. Nous devons développer une stratégie à l'échelle de la filière afin de favoriser l'engagement des jeunes dans notre sport. Par l'engagement des jeunes j’entends les enfants des classes de primaire, voire plus jeunes. Après cet âge, la concurrence pour attirer leur attention devient trop intense. Ce sont nos futurs acteurs et nous devons les écouter et prendre en compte leurs attentes. Des preuves anecdotiques à ce jour montrent que ces jeunes souhaitent apprendre dans un environnement ludique et sûr, et qu’ils veulent des assurances que notre filière s’opère de manière éthique, mettant en premier plan le bien-être de l’animal et de l’homme dans le respect de l’environnement.
D'autres idées incluent :
- l’investissement pour maintenir l'excellence de nos centres d’entraînement et de nos hippodromes ;
- une stratégie pour favoriser la diversité et l'inclusion à tous les niveaux de notre sport, afin de représenter la société telle qu'elle est aujourd'hui ;
- une stratégie de développement professionnel continu pour tous les professionnels des courses hippiques ;
- une stratégie pour développer l'accession à la propriété ;
- une stratégie pour attirer les sponsors pour toutes les courses disputées sur le territoire français.
La mise en place d’un financement durable pour la reconversion et la retraite des chevaux, avec la participation de tous les acteurs de la filière.
Loin de critiquer tout ce qui a été accompli jusqu’à présent, ceci est un appel passionné pour passer à l’action, et pour nous fédérer. Nous avons tellement de chance d'être là où nous sommes, d'être en bonne santé, et de participer aux courses. Nous devons faire de notre mieux afin que les sacrifices vécus en 2020 en valent la chandelle. »
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