Annus horribilis

Courses / 04.10.2020

Annus horribilis

L’Arc à 11 partants. Ce n’était pas arrivé depuis 2006. Comment en est-on arrivé là ?

Chronologie des faits.

- Jeudi 1er octobre

La rumeur a commencé à enfler mercredi. Love (Galileo) ne prendrait pas le départ en raison d’un terrain trop pénible. Rumeur confirmée à la déclaration des partants. Aidan O’Brien retire la favorite de l’édition 2020. Il lui reste quatre partants, Mogul (Galileo), Sovereign (Galileo), Japan (Galileo), et le supplémenté Serpentine (Galileo).

- Vendredi 2 octobre

La Fédération nationale des courses hippiques communique dès la matinée : le laboratoire des courses hippiques a détecté plusieurs cas positifs au Zilpaterol. Le point commun entre les chevaux concernés ? Ils sont nourris avec des aliments Gain.

Mis au courant dans la nuit de jeudi à vendredi, Aidan O’Brien décide de changer l’alimentation de ses chevaux dès le vendredi matin. Il fait aussi prélever ses partants du week-end. Les échantillons concernant les partants du samedi sont analysés en Irlande, ceux de dimanche sont envoyés au laboratoire français.

- Samedi 3 octobre

Dans la matinée, les analyses effectuées en Irlande sont revenues négatives. Passion et Mythical peuvent donc courir l’après-midi-même, dans le Qatar Prix Royallieu et le Qatar Prix Chaudenay.

Il est 22 h passées quand Ballydoyle diffuse un communiqué sur Twitter. Les prélèvements des quatre partants dans l’Arc sont revenus positifs. Aidan O’Brien décide de déclarer non-partants l’ensemble de ses chevaux prévus dimanche à ParisLongchamp, tout comme ses fils Donnacha et Joseph. Outre les quatre de l’Arc, ce sont donc St Mark’s Basilica dans le Qatar Prix Jean-Luc Lagardère (Gr1), Mother Earth et Pretty Gorgeous dans le Qatar Prix Marcel Boussac (Gr1), Fancy Blue et Laburnum dans le Prix de l’Opéra Longines (Gr1), ainsi que Speak in Colours et Lope y Fernandez dans le Qatar Prix de la Forêt (Gr1) qui manqueront à l’appel.

Qu’est-ce que le Zilpaterol ?

La substance incriminée est le Zilpaterol. Il s’agit d’un agoniste bêta-adrénergique, donc la même famille que le Clenbuterol par exemple. Il est utilisé (dans certains pays connus pour leur élevage intensif) comme additif alimentaire, pour le bétail, afin de de stimuler la production de muscle et de diminuer le taux de gras.

Comment cette substance a-t-elle pu se retrouver dans des aliments pour chevaux ?

Mystère ! Le Zilpaterol a été interdit dans la plupart des pays européens depuis 2013. Il est autorisé aux États-Unis, au Brésil, au Canada… Gain ne fabrique pas seulement des aliments équins. La marque commercialise aussi de l’aliment pour le bétail. Les mêmes chaînes sont-elles utilisées pour produire les différentes gammes ? La société Gain certifie qu’elle n’utilise pas cette substance, pour aucun de ses produits. Les investigations sont en cours…

Ballydoyle est-elle la seule écurie concernée ?

Non. Des entraîneurs français utilisent également la marque Gain, et selon nos informations, certains d’entre eux avaient des partants ce week-end. Pourquoi seuls les chevaux de la famille O’Brien ont-ils été déclarés non-partants ? Là encore, aucune information officielle n’a filtré, mais dans l’attente des résultats des tests, on peut imaginer que ces entraîneurs ont choisi de "prendre le risque" de courir. On sait que les délais d’élimination peuvent varier selon les individus. De plus, un prélèvement positif datant du vendredi ne signifie pas que le prélèvement effectué sur le même cheval 48 h plus tard sera positif lui aussi… À chacun sa stratégie donc.

Quelles peuvent être les conséquences ?

On peut imaginer que les personnes lésées se retournent contre la société Gain. Les entourages des chevaux déclarés non-partants, mais aussi le PMU (le manque à gagner – si l’on considère juste l’Arc, support du Quinté – est énorme) et France Galop…