
Élevage / 19.10.2020
Grand Steeple-Chase de Paris J+1 : Docteur de Ballon, la consécration de 35 ans d’élevage
Éleveurs depuis 1985, Monique et Robert Gasche-Luc ont vu leurs efforts récompensés dimanche par la victoire de Docteur de Ballon dans le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1). Une première pour le couple après avoir été malchanceux dans l’édition précédente, avec la chute du cheval au rail-ditch.
Par Alice Baudrelle
Jour de Galop. – Docteur de Ballon n’a pu bénéficier d’une préparation idéale, ce qui ne l’a pas empêché de gagner magistralement. Espériez-vous un tel résultat ?
Monique Gasche-Luc. – C’était déjà magnifique de participer. Mais de là à gagner ! C’est quelque chose qui n’arrive qu’une fois dans la vie. J’ai regardé la course en haut, où j’ai mon petit endroit fétiche. Il y avait six kilomètres à faire, et Docteur de Ballon a laissé les autres se battre. Pour finir, sa pointe de vitesse a parlé. Forcément, ça nous a fait plaisir ! Bertrand Lestrade ne l’avait monté qu’une fois l’après-midi, mais il avait regardé toutes les courses du cheval. Louisa Carberry et son équipe ont fait un travail magnifique. Louisa a estimé le cheval dès le départ et n’a pas hésité à l’arrêter l’année dernière, lorsqu’il a eu un souci. Maintenant, il déborde de santé et il est tout neuf ! Depuis ce matin, le téléphone n’arrête pas de sonner. C’est quelque chose, de voir un gagnant de Grand Steeple qui a été élevé ici ! Il faut aussi souligner l’accueil de France Galop dimanche, qui nous a très bien reçus à Auteuil.
Comment aviez-vous introduit la souche de Docteur de Ballon dans votre élevage ?
Nous avions acheté sa troisième mère, Nile Palace (Crystal Palace), à Jean-Paul Gallorini. La famille ne nous a donné que des gagnants à Auteuil ! Jean-Paul Gallorini m’a d’ailleurs appelée ce matin, en me disant que nous avions vraiment une bonne souche. Nous avons débuté l’élevage en 1985 : nous avons eu jusqu’à 18 poulinières, puis nous avons réduit. L’année dernière, nous avons vendu la mère de Docteur de Ballon, Nile Breeze (Phantom Breeze), au haras d’Enki. Mais nous allons garder comme poulinière la sœur de Docteur, Adorable de Ballon (Barastraight), qui est pour le moment à l’entraînement chez Louisa Carberry. C’est la seule femelle que Nile Breeze nous ait donnée. Nous avons également vendu Nile Altesse (Turgeon), une sœur de Nile Breeze, à monsieur Papot, qui voulait absolument une femelle de cette souche. Mais nous allons garder une de ses filles, Dinette de Ballon (Doctor Dino), qui est encore à l’entraînement chez Louisa elle aussi. Actuellement, nous avons trois poulinières que nous allons essayer de vendre. Vu ce qu'il se passe en ce moment avec le coronavirus, nous sommes obligés de réduire. Et puis, nous ne sommes plus tout jeunes : mon mari a 84 ans, et moi 85 ! Nous cherchons donc à louer le plus de chevaux possible.
Pourquoi avez-vous fait le choix de croiser Nile Breeze avec Doctor Dino ?
Nous connaissons bien Henri et Antonia Devin, qui habitent à dix kilomètres de chez nous. Nous leur avions d’ailleurs vendu une fille de Nile Palace, Nile Glorieuse (Le Glorieux). Elle leur a notamment donné Scarlet Row (Turgeon), gagnante de Listed à Auteuil et deuxième du Prix Maurice Gillois (Gr1), qui a produit à son tour Politologue (Poliglote), triple lauréat de Gr1 en Angleterre. Les Devin ont toujours eu de très bons étalons. Lorsque nous avons envoyé Nile Breeze à Doctor Dino, il n’en était qu’à sa deuxième année de monte. Depuis, il est devenu très populaire ! Nous avons trois yearlings et trois foals par Doctor Dino : quand on est contents d’un étalon, on y retourne. Mais sans rien enlever à l’étalon, je pense que la mère a de l’influence à 80 % sur ses produits.
Comment vous êtes-vous lancés dans l’élevage avec votre mari ?
Mon mari était boucher à Paris et il était passionné de chevaux. À l’époque, il me disait : « Si on a des prés un jour, j’aurai un cheval de course ! ». Mon père, qui avait des terres, les a léguées à tous ses enfants avant de mourir. Après son décès, nous sommes donc venus habiter dans la Sarthe, à Ballon-Saint Mars. Entretemps, nous nous sommes agrandis en achetant d’autres terres. L’élevage, c’est très simple chez nous ! Les juments poulinent dehors, sauf s’il pleut, et nous mélangeons les chevaux avec les vaches. Les chevaux mangent ce que les vaches ne veulent pas manger, et les vaches mangent là où les chevaux sont passés. Chez nous, les chevaux ne sont jamais malades. Nous laissons faire la nature. Avant, nous avions aussi des trotteurs, mais nous les avons tous vendus.
Pourquoi vous êtes-vous tournés vers l'obstacle ?
Je pense qu’il est plus dur d’élever des chevaux de plat. Avec un cheval d’obstacle, c’est plus facile de performer à bon niveau. Quand vous avez un cheval comme Docteur qui réunit deux qualités essentielles, un bon coup de saut et un peu de vitesse, c’est formidable !
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