Courses / 04.10.2020

Qatar Prix Jean-Luc Lagardère (Grand Critérium) (Gr1) : Sealiway ** sur une autre planète

ParisLongchamp, dimanche

Quelle impression laissée par Sealiway ** (Galiway) dans ce Qatar Prix Jean-Luc Lagardère (Gr1) ! Le voir gagner n’était pas exclu, mais de là à l’imaginer déposer ainsi ses adversaires… Le représentant du haras de la Gousserie et de Guy Pariente a fait très forte impression dimanche, gagnant ainsi son ticket pour le Breeders’ Cup Juvenile Turf (Gr1). Le rêve américain est permis !

Une véritable envolée. Après le forfait de St Mark’s Basilica (Siyouni), suite à une contamination alimentaire, ils n’étaient plus que cinq au départ. Le grand favori était Nando Parrado (Kodiac), dont l’entraîneur, Clive Cox, était très confiant. La course a été animée par Cairn Gorm (Bated Breath), suivi de près à son extérieur par Sealiway. Déjà très sollicité à 400m du but, Cairn Gorm a rapidement cédé, tandis que le futur lauréat gambadait. À 300m du but, Sealiway a pris le meilleur et s’est littéralement envolé sous les sollicitations de son jockey, Mickaël Barzalona. Après avoir attendu en quatrième position dans le sillage de Sealiway, Nando Parrado a fourni un bel effort pour s’emparer de la deuxième place, à huit longueurs toutefois. Il a résisté de trois quarts de longueur à Laws of Indices (Power), qui a lui-même devancé d’une encolure la seule femelle au départ, Libertine (Dark Angel). Déjà décevant lors de ses deux dernières sorties, Cairn Gorm a terminé dernier sans surprise.

Un rouleau compresseur. Sealiway remporte donc sa deuxième victoire black type, deux mois après son succès à Vichy dans le Prix des Jouvenceaux et des Jouvencelles (L). Entretemps, le poulain a conclu deuxième du Prix La Rochette (Gr3) en étant un peu pris de vitesse par le gagnant Go Athletico (Goken).

Frédéric Rossi, entraîneur de Sealiway, l’a toujours tenu en haute estime : « C’est un vrai bon cheval. Nous avons changé sa façon de le monter aujourd’hui en étant beaucoup plus offensifs. Il aime dominer et être monté un peu à l’anglaise, et non à la française. Il ne sait pas sprinter, c’est un rouleau compresseur. Aujourd’hui, c’était osé, mais j’avais dit à son jockey de le monter à la manière des forts. La dernière fois, il était plus pris de vitesse qu’autre chose. C’est un vrai cheval de Gr1. J’ai toujours dit : "Il ne court pas comme il travaille le matin." J’étais assez confiant avant la course, car je savais que s’il montrait l’après-midi ce qu’il montre le matin, il n’y aurait pas de course. Quand il a gagné au mois de mai, nous pensions le préparer pour le Darley Prix Morny (Gr1). Mais nous avions un doute sur la distance. Nous l’avons couru à Chantilly et il n’avait pas été très convaincant. Nous avons commencé à nous dire qu’il fallait le rallonger. Dans le Prix Roland de Chambure (L), il avait été pris de vitesse. Il est très dur et sera encore meilleur l’année prochaine. Il va prendre la direction de la Poule d’Essai des Poulains (Gr1) à 3ans, mais l’année n’est pas finie. Il est possible qu’il voyage. On pense à la Breeders’ Cup. »

Mickaël Barzalona, jockey de Sealiway, a quant à lui déclaré au micro d’Equidia : « Frédéric Rossi m’avait demandé de durcir la course très tôt et le rythme a été régulier. Le leader a craqué de bonne heure ; du coup, j’en ai profité pour avancer. La dernière fois, je ne le connaissais pas et je pensais gagner facilement. Il donne vraiment une impression de facilité, mais il n’accélère pas spécialement fort. Je savais que le matin, il travaillait très bien. »

Un premier Gr1 français pour le haras de la Gousserie. Sealiway a offert un premier Gr1 en France à la famille Chehboub, qui avait déjà brillé au plus haut niveau outre-Atlantique grâce à Spirit One (Anabaa Blue), lauréat de l’Arlington Million (Gr1) en 2008. L’année dernière, le haras de la Gousserie avait eu un partant dans le Jean-Luc Lagardère avec Kenway (Galiway), qui n’avait pu faire mieux que septième. Pauline Chehboub nous a expliqué : « C’est super de gagner un Gr1 à domicile ! Sealiway est un poulain que l’on adore. Depuis le mois de décembre, il nous fait rêver. Je pense que le confinement l’a servi, sinon il aurait débuté plus tôt. Il a gagné la première course de 2ans en France avec la manière. Nous avons appris à le connaître, à comprendre comment il fallait le monter. C’est un poulain qui a une grande action, et il faut le laisser faire. Aujourd’hui, il confirme tout le bien que nous pensons de lui en concrétisant sa belle année. Mon père avait eu un vrai coup de cœur pour lui aux ventes. C’est lui qui choisit les poulains. Nous pensions que Sealiway tiendrait le mile. À voir s’il tient plus… Aujourd’hui, nous étions plutôt confiants car plusieurs concurrents découvraient la distance, contrairement à lui. Nous savions que Sealiway pouvait durcir la course de bonne heure et leur mener la vie dure. Plus il allait vers le poteau, mieux il allait, donc l’allongement de la distance ne sera pas un problème. S’il reste bien, la Breeders’ Cup est envisageable. »

Laws of Indices desservi par le terrain. Lauréat des Railway Stakes (Gr2) au Curragh, le 18 juillet, Laws of Indices avait ensuite conclu quatrième des Phoenix Stakes, puis septième des Vincent O’Brien National Stakes (Grs1). Fearghal Hogann, copropriétaire du cheval, nous a dit : « Nous sommes très heureux. Le terrain était certainement trop souple pour lui. Nous allons lui donner du repos en pensant à l’année prochaine. Une place de Gr1, c’est formidable. Nous ne savons pas s’il sera possible de le rallonger. Nous l’avons acheté 8.000 € en octobre dernier chez Goffs. Dès lors, être à ce niveau, c’est déjà formidable. »

PEDIGREE WEATHERBYS :

http://www.jourdegalop.com/Media/Jdg/Images/Docutheque/Sealiway.pdf

La grande année de Guy Pariente. Selon les chiffres disponibles samedi soir, Guy Pariente est tête de liste des éleveurs. Et la victoire de Sealiway devrait encore renforcer ce leadership ! Parmi ses porte-drapeaux, il peut aussi compter sur Batwan (Kendargent), lauréat du Saint-Georges (Gr3), Skalleti (Kendargent), gagnant des Prix Gontaut-Biron (Gr3) et Dollar (Gr2). Parmi les autres élèves de Guy Pariente qui brillent au niveau black type en France cette année, il faut citer Styledargent (Style Vendôme), Kenway (Galiway), Wanaway (Galiway), Hurricane Cloud (Frankel), Diamond Vendôme (Style Vendôme), Galova (Galiway), Restiany (Frankel) et Kenpleya (Kendargent) ! Sans compter sur les performances étrangères de Morando (Kendargent). Sealiway n’est pas le premier gagnant de Gr1 élevé par Guy Pariente, lequel a déjà "sorti" le lauréat classique Style Vendôme (Anabaa), gagnant de la Poule.

Le premier Gr1 de Galiway. Élevé par Guy Pariente, Sealiway a été vendu 62.000 € à Paul Nataf lors des ventes de yearlings d’août Arqana. C’est un fils de Galiway (Galileo), étalon au haras de Colleville, qui décroche ainsi une première victoire de Gr1 ! Sa mère, Kensea (issue de l’autre étalon maison Kendargent), est gagnante de deux courses à 2ans sur 1.400m, dont le Prix Herod, et compte une deuxième place dans le Prix Ronde de Nuit (Ls). Il est donc issu du même croisement que Kenway (Galiway x Kendargent), gagnant l’an dernier du Prix La Rochette (Gr3) … sous l’entraînement de Frédéric Rossi ! Sealiway est le troisième produit de la jument après Glamour Vendôme (Style Vendôme), lauréat à 3ans d’un réclamer sur les 1.500m de Vannes, et Seagaly (Galiway), un 3ans inédit entraîné par Jean-Pierre Gauvin. Kensea a un yearling et un foal, tous deux par Galiway, qu’elle a de nouveau visité en 2020. La deuxième mère, Sea Island (Gold Away), a gagné cinq courses modestes sur 1.000m, 1.100m et 1.200m. Elle avait été acquise 20.155 € par Guy Pariente le 20 mai 2006 dans un réclamer à Maisons-Laffitte. La jument a eu quatre partants. Deux ont gagné, dont la black type Kensea. Il n’y pas d’autres black types sous la deuxième et troisième mères.

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Départ à 1.000m : 23’’48

1.000m à 600m : 23’’21

600m à 400m : 12’’11

400m à 200m : 11’’86

200m à l’arrivée : 12’’83

Temps total : 1’23’’49