Madaket Stables et Sol Kumin, une success story américaine

International / 05.11.2020

Madaket Stables et Sol Kumin, une success story américaine

Nicolas de Watrigant a vécu l’aventure américaine avec A Raving Beauty (Mastercraftsman), désormais poulinière au Japon, ou encore Uni (More than Ready), qui défend son titre samedi dans le Breeders’ Cup Mile. Les deux juments ont porté ou portent les couleurs de Madaket Stables, derrière laquelle on retrouve Sol Kumin. C’est l’une des success stories comme les Américains en ont le secret…

Par Anne-Louise Échevin

Tout a commencé en 2014… Madaket Stables fait partie des demi-douzaines d’écuries derrière lesquelles on retrouve le propriétaire américain, avec Monomoy Stable, Beacon Hill Partners, Great Point Stables et Nantucket Thoroughbred Partners. Sol Kumin a embrassé le principe des écuries de groupe et des associations avec d’autres propriétaires pourtant bien assez fortunés pour évoluer en solo. La réussite a été fulgurante : Sol Kumin, dont les intérêts hippiques sont managés par Bradley Weisbord, a acheté son premier pur-sang en… 2014 ! Sol Kumin, via ses différentes écuries, est associé ou a été associé à un sacré nombre de lauréats de Gr1 : Justify (Scat Daddy), gagnant de la Triple couronne, Monomoy Girl (Tapizar), Lady Eli (Divine Park), Midnight Bisou (Midnight Lute), Exaggerator (Curlin), Undrafted (Purim)…

Nicolas de Watrigant nous a dit : « Il y a toujours, aux États-Unis, les mêmes propriétaires historiques. Je pense que Madaket Stables est un bon exemple d’un nouveau visage du propriétariat aux États-Unis. Ils arrivent à faire rentrer dans le club des gens fortunés. Madaket a énormément investi ces dernières années et encore une fois en 2020, aux États-Unis comme en Europe, accompagné par l’équipe de BSW Bloodstock (Bradley Weisbord). J’ai la chance d’être en contact avec Sol Kumin, qui fait appel à moi pour la recherche de chevaux à importer aux États-Unis en provenance d’Europe. Dans son syndicat, il a réussi à attirer pas mal de jeunes investisseurs. Il a aussi réussi à s’associer avec quelques-unes des personnalités et grandes fortunes américaines, comme Erik Johnson, l’une des stars du hockey sur glace. On peut citer Michael Dubb, l’un des grands promoteurs et constructeurs immobilier des États-Unis, qui étaient avec nous sur A Raving Beauty. Et, sur Uni, on retrouve Steve Cohen, l’une des plus grandes fortunes des États-Unis qui a acheté récemment les New York Mets [l’une des plus mythiques équipes américaines de baseball, ndlr]. Un autre phénomène que l’on constate est l’alliance des gros propriétaires qui, plutôt que de s’affronter, s’associent. Miguel Clément, qui est l’assistant de son père Christophe, est par exemple très ouvert sur le fait d’associer des grands propriétaires ensemble, comme Al Shaqab et Madaket par exemple. Nous avons de la chance d’avoir un Français dans le top des entraîneurs américains, avec son fils qui fait beaucoup pour chercher de jeunes propriétaires. »

Quand les propriétaires américains ont la forme, le marché européen l’a aussi. Ceux qui fréquentent les ventes européennes ont pu constater l’importante présence des courtiers américains autour des rings. Le made in Europe propose un certain nombre de pedigrees made in USA et les Américains viennent les (re)chercher. Ils viennent aussi acquérir les familles européennes qui fonctionnent bien aux États-Unis. Nicolas de Watrigant explique : « Le marché européen vers les États-Unis est très vivace. En Europe, on trouve désormais beaucoup de pedigrees américains, importés à l’époque par le cheikh Mohammed Al Maktoum. Les Américains viennent désormais rechercher en Europe ces pedigrees : quand vous ouvrez un catalogue d’Arqana ou de Tattersalls, vous allez trouver ces pedigrees américains. Les acheteurs sont aussi à la recherche de quelque chose de similaire aux chevaux qui ont de la réussite aux États-Unis : si vous voulez trouver un proche parent de Sistercharlie (Myboycharlie) ou d’Uni, c’est possible en Europe. Lors de la vente de yearlings d’octobre Arqana, j’ai essayé d’acheter la sœur d’Aunt Pearl (Lope de Vega) par Sea the Stars, avec Bradley Weisbord : nous avions déniché Aunt Pearl yearling à Tattersalls, ensemble, avec Liz Crown. Aunt Pearl est la favorite du Breeders’ Cup Juvenile Fillies Turf (Gr1) qui se dispute vendredi. Nous avons finalement été battus par un propriétaire japonais pour sa sœur – d’ailleurs, on trouve aussi beaucoup de sang américain au Japon ! » Puisque l’on parle d’Uni : sa mère, Unaided (Dansili), a été ainsi achetée 1.250.000 € à Arqana en décembre 2019 par Michel Zerolo pour le compte d’un certain Peter Brant !

L’expérience américaine. Être propriétaire aux États-Unis, c’est comment ? Nicolas de Watrigant nous a donné son sentiment, lui qui a vécu une grande aventure américaine comme copropriétaire avec A Raving Beauty, gagnante des Just a Game Stakes et des First Lady Stakes (Grs1) : « J’ai trouvé l’expérience propriétaire intéressante aux États-Unis, avec une vraie mise en valeur. Après une victoire dans une grande course, vous êtes convié à des conférences où vous rencontrez tous les médias sportifs pour débattre ensemble. Cela se fait de plus en plus en Europe aussi. J’ai trouvé ce moment vraiment très enrichissant ! Lorsque nous avons gagné les Just a Game Stakes (Gr1) avec A Raving Beauty, nous avons été conviés par les organisateurs dans une salle, pour nous remettre d’autres trophées. On nous a offert le champagne, les petits-fours : tout est fait pour mettre tout le monde en valeur, du jockey aux propriétaires ainsi que l’éleveur. »