En garde à vue…

Courses / 10.03.2021

En garde à vue…

L’affaire dite "Marcialis" s’est accélérée mardi matin, avec le placement en garde à vue d’une quinzaine d’acteurs des courses, directement ou indirectement liés à l’affaire. Et ce n’est sans doute pas terminé… JDG a enquêté pour vous.

Mardi matin à Chantilly. Le jour se lève et la police arrête Andrea Marcialis et sa compagne. Direction la police des jeux à Nanterre.

Là-bas, ils retrouvent d’autres professionnels des courses : certains d’entre eux, comme eux, ont rejoint les Hauts-de-Seine sous escorte policière depuis leur domicile ; d’autres ont été convoqués… et quand ils se sont présentés, on leur a notifié leur garde à vue.

Pourquoi cette différence de traitement entre les "amenés" et les "convoqués" ? De manière synthétique, disons que lorsque les forces de l’ordre vont chercher une personne chez elle, c’est aussi très souvent pour faire une perquisition ; alors que ce n’est pas le cas quand la personne est seulement convoquée. 

Tout est parti des écoutes téléphoniques

Finalement, une quinzaine de personnes est accueillie à la police des jeux pour une garde à vue de 48 heures – qui se terminera donc au plus tard jeudi matin pour les premiers arrivés.

D’après nos informations, les personnes ont toutes été en contact, à un titre ou à un autre, avec Andrea Marcialis. Il y aurait par exemple des entraîneurs ayant reçu des chevaux précédemment entraînés par lui. Il y a aussi, comme nous l’a confirmé Hélène Menessier elle-même, trois vétérinaires dont la clinique a travaillé avec l’écurie Marcialis [lire-ci-après]. Il y a des employés d’écurie ayant travaillé avec l’entraîneur italien à Chantilly.

Selon toute vraisemblance, les personnes placées en garde à vue sont apparues dans les écoutes téléphoniques effectuées par la police depuis plusieurs mois. Cela ne veut évidemment pas dire que toutes sont coupables : certaines ont très certainement été convoquées pour donner plus d’explications et apporter de l’eau au moulin des enquêteurs.

Que risque une personne placée en garde à vue ?

Pour elles, plusieurs cas de figure sont possibles. Premier cas : les personnes ressortent libres, avec deux possibilités – pas de poursuite ou convocation pour passer devant un juge à une date ultérieure. Second cas : le déferrement. Dans ce cas, les personnes sont conduites directement au tribunal à la fin de la garde à vue. Après entretien avec leur avocat, elles sont présentées au parquet, lequel a deux solutions : détention provisoire ou remise en liberté. C’est le juge des libertés et de la détention qui tranche. 

Et dans le cas qui nous intéresse ?  

La garde à vue est un outil qui permet à l’enquêteur d’avoir les personnes de son choix à sa disposition pendant un temps court, afin de répondre à des questions précises. Si les enquêteurs s’aperçoivent que leur implication n’était pas celle imaginée et que ces personnes donnent des gages d’honnêteté, il n’y a pas de poursuites. Mais dans le cas contraire…

La suite jeudi en fin de journée

Jeudi, en fin de journée, le procureur de la république du tribunal judiciaire de Senlis devrait communiquer sur l’action de police et l’action de justice. On en saura alors plus, et de manière très officielle, sur les décisions qui auront été prises à l’issue de la garde à vue.

Et ce n’est pas terminé…

D’après nos informations, cette opération est loin d’être la dernière. La police des jeux et France Galop sont très décidés à éviter une dérive à l’italienne ou à l’américaine, avec des scandales publics à répétition. Ils veulent trancher dans le vif et nettoyer le terrain rapidement et fortement, avant que la situation ne devienne incontrôlable.

« Terrible pour les Italiens installés en France... »

L’annonce de la garde à vue a frappé la communauté des Italiens qui gagnent leur vie dans les courses en France. Entraîneurs, jockeys, cavaliers du matin, personnel des écuries. Un professionnel, actif à Chantilly depuis des années, souhaitant garder son anonymat, nous a confié : « C’est terrible pour tous les Italiens, et ils sont beaucoup qui ont fait le choix de quitter leur pays pour travailler en France. Je pense que mes propos sont partagés par tous les Italiens de France. Ce n’est pas évident de changer de pays. Nous sommes une bonne centaine, nous avons trouvé un très bon accueil en France et c’est au quotidien que nous cherchons à mériter cette confiance. Nous ne sommes pas venus en France pour tricher mais pour travailler dur et c’est exactement ce que nous faisons. Quand on arrive dans un pays, il faut s’adapter aux règles et les respecter. Cette affaire nous fait beaucoup de mal et aussi aux propriétaires qui ont choisi d’avoir des chevaux en France. Nous risquons de passer pour des méchants et des dopeurs, alors que nous avons fait ce choix pour vivre notre passion. »