En Région : top-départ pour Lignières

Courses / 10.03.2021

En Région : top-départ pour Lignières

Situé au cœur du Pôle du cheval et de l’âne, l’hippodrome de Lignières-en-Berry ouvre ses portes aux chevaux et aux professionnels dimanche, avec notamment l’attendu Grand Cross. Président depuis 2014, le Docteur Emmanuel Lagarde revient sur la saison 2020 et se projette sur la nouvelle.

Comme beaucoup de sociétés de courses, celle de Lignières-en-Berry a pâti de la crise de la Covid en 2020, passant tout près de la catastrophe, comme nous l’a confirmé son président : « Sans un chèque de 70.000 € de la part de la Fédération nationale des courses, nous aurions déposé le bilan. Je me rappelle d’un mois où j’étais à deux doigts de payer les salariés avec mes fonds propres ! Ceci est dû au fait que nous avons disputé six réunions sur huit à huis-clos, sans recettes donc. Nous organisons huit réunions PMU annuelles, sans aucune premium. C’est assez étonnant avec des pistes assez réputées, au trot comme en obstacle. Vu notre infrastructure, nous mériterions d'être un petit peu mieux servis. Les choses évoluent lentement mais évoluent. Les sociétés-mères maintiennent leur confiance en l’hippodrome de Lignières puisqu’elles nous ont empêché de déposer le bilan. C’est bien la preuve que l’hippodrome a un intérêt et répond aux attentes des professionnels. D’ailleurs, du côté sportif, le bilan 2020 a été très enthousiasmant. À voir maintenant ce qu’il va se passer cette année. Et, pour le premier semestre, il ne faut hélas pas vraiment s’attendre à courir avec le public. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sommes inquiets sur le plan économique. Mais nous restons très enthousiastes de pouvoir rouvrir l’hippodrome ce dimanche et d’accueillir de nouveau chevaux, jockeys et professionnels. Ce qui anime notre équipe de soixante-dix bénévoles environ, c’est la passion et pas l’économie. »

Un parcours de cross reconnu. Si les spectateurs ne pourront se rendre ce dimanche sur le Pôle du cheval et de l’âne de 130 hectares, sur lequel est situé l’hippodrome champêtre et bucolique de la petite ville de Lignières (1.500 habitants), professionnels et bénévoles pourront notamment assister au Grand Cross, sur le parcours de 6.000m : « Je suis attaché à cette longue distance. Cette épreuve, comptant pour le Trophée National du Cross - Haras du Lion, est plutôt bien placée dans le calendrier désormais. Nous avons conçu le parcours différemment pour qu’il soit plus attractif pour le public. Les chevaux empruntent deux fois le passage de route, situé devant les tribunes. Il faut tout mettre en œuvre pour que le public ne s’ennuie pas sur l’hippodrome. Ce n’est pas encore d’actualité mais il nous faut être prêt dès que les hippodromes rouvriront au public. J’ai la faiblesse de croire que les courses étant une activité de plein air, cela nous permettra d'ouvrir plus vite que certaines autres. Nous aurons un mois ou deux pour être attractifs. Il faut saisir cette opportunité et nous n’avons pas le droit de ne pas être bons. À Lignières, nous avons beaucoup de place et, dans le contexte Covid, c’est parfait. Nous serons prêts pour les parieurs, même s’il faut y passer jours et nuits. J’ai vu que l’hippodrome de Laval avait réfléchi à un parcours client avec des panneaux répartis à divers endroits stratégiques de l’hippodrome, ce qui permet aux personnes de se repérer chronologiquement, et nous voudrions nous en inspirer un peu. Nous pourrions proposer de petits prospectus avec des jeux pour les enfants. J’ai également pensé à des QR codes, à la fois pédagogiques et ludiques, pour occuper le public entre les courses. Il faut que les gens s’amusent sur place. Sinon, ils ne reviendront pas ! »

La mutualisation des moyens. Dans un contexte économique particulier, les restrictions budgétaires sont de mises : « Nous cherchons actuellement à travailler avec d’autres hippodromes pour essayer de maîtriser les coûts de fonctionnement de notre structure, avec Vichy par exemple, pour voir comment nous pouvons mutualiser un certain nombre d’actions. »

Les trotteurs ne sont pas oubliés sur ce tracé corde à gauche, avec une piste classée première catégorie : « Sa conception est originale car nous avons un fonds de forme qui n’est pas fixé. Cela nous permet d’avoir une couche superficielle très roulante. Cela amortit bien l’impact du pied du cheval au moment où il vient le déposer sur le sol. La piste de trot est classée première catégorie comme celle de plat. Par contre, le fait de ne pas avoir de parcours de haies est éliminatoire pour que notre piste d’obstacle soit première catégorie. Pour s’occuper de ces pistes, je peux compter sur mon vice-président, M. Lacombe, également éleveur. Je lui rends hommage car c’est un homme de la terre, ce qui est idéal pour gérer sols, pistes, ce qui n’est pas trop ma tasse de thé. »

Un haras pluridisciplinaire. En plus de son poste de président et de son activité de vétérinaire, le docteur Lagarde gère également le haras du Val d’Arnon où stationnent six étalons dont le trotteur Ave Avis (Késaco Phédo), vainqueur du Critérium des 5ans, mais aussi Jaguar Mail (Hand in Glove) destiné à la reproduction de chevaux de sauts d’obstacle et de concours complet : « Cela permet d’occuper mon temps libre ! ».