
Courses / 09.03.2021
Le retour en force de Pauline Dominois
Dimanche, Pauline Dominois s’est imposée à Auteuil pour la première fois avec No Risk for You (No Risk at All), sur le parcours exigeant des 4.400m en steeple. Un an après ses débuts en obstacle, la jeune femme de 27 ans est plus déterminée que jamais à se faire un nom dans la discipline.
Par Alice Baudrelle
Entre Pauline Dominois et No Risk for You, c’est l’entente parfaite : le tandem a été vu à quatre reprises en compétition, pour deux victoires et une quatrième place. La jument a d’ailleurs une place à part dans le cœur de la jeune femme : « Cette première victoire à Auteuil me fait particulièrement plaisir car No Risk for You fait partie de mes chevaux de cœur avec Elrancho (Full of Gold), avec lequel je me suis imposée jeudi dernier à Fontainebleau. Je voudrais d’ailleurs remercier Annie Michel, qui est l’éleveur-propriétaire d’Elrancho, pour sa confiance. Je monte No Risk for You presque tous les matins, et à chaque fois qu’elle saute, c’est toujours moi qui suis dessus. Gagner ma première course à Auteuil avec elle, d’autant que je n’avais encore jamais monté en steeple là-bas, ça a une saveur particulière. Elle a conclu cinquième l’an dernier du Prix du Président de la République (Gr3), et j’imagine qu’elle va retenter sa chance en 2021. Je ne sais pas si je vais la garder, mais j’aimerais bien (rires) ! »
Un début d’année plein de promesses. Depuis le 1er janvier 2021, Pauline Dominois affiche de jolies statistiques en obstacle : en 17 montes, elle a décroché deux victoires et 11 places. Au fil du temps, elle est tombée réellement amoureuse de cette discipline : « Je commence à prendre mes marques de plus en plus, et je subis de moins en moins dans les parcours. J’ai encore beaucoup à apprendre, mais je me sens bien plus à l’aise qu’au début. J’ai appris à vraiment apprécier les courses d’obstacle. J’ai commencé à monter en obstacle dans l’optique d’essayer de rebondir après ma carrière de plat, mais plus je monte, plus j’aime ça ! Aujourd’hui, j’arrive mieux à analyser dans un parcours ; du coup, je savoure davantage. En plat, si vous manquez votre départ, vos chances de gagner se réduisent à zéro ou presque. Ce qui me plaît dans l’obstacle, c’est que cette discipline demande beaucoup plus de technique. »
Une carrière faite de hauts et de bas. Par le passé, Pauline Dominois a fait partie des meilleures femmes jockeys en plat. Tête de liste du classement féminin en 2014 et en 2015, elle a d’ailleurs remporté le premier Quinté réservé aux femmes qui s’est tenu à Saint-Cloud, en selle sur Djiguite (Makfi). Pourtant, son nom a disparu des programmes en 2019 : « Après la mise en place de la décharge accordée aux femmes jockeys, les choses se sont compliquées pour moi. Beaucoup de nouvelles filles ont fait leur entrée dans les pelotons, et j’étais de moins en moins sollicitée. J’étais découragée, et j’ai alors décidé d’arrêter le métier. J’en ai profité pour essayer de faire un enfant avec mon conjoint de l’époque, mais j’ai fait une fausse couche. Par ailleurs, je me suis rendu compte que c’était compliqué de se reconvertir dans un autre milieu, quand on n’a connu que les chevaux. J’ai eu envie de voir autre chose et je suis partie travailler en Australie pendant quatre mois, afin de me changer les idées. Je suis arrivée sur la Gold Coast pour embaucher chez Toby Esmonds, l’un des meilleurs entraîneurs du pays. La méthode d’entraînement australienne ne m’a pas surprise car elle est assez similaire à celle des États-Unis, où j’avais déjà travaillé. Les Australiens travaillent beaucoup au chronomètre, et si vous n’arrivez pas à atteindre le temps requis entre deux poles, il faut pousser ! Je n’ai donc pas tant appris que ça, mais c’est toujours différent de la France. Bien qu’il y ait beaucoup de filles qui montent en course là-bas, c’est difficile pour les jockeys étrangers de percer : j’ai monté trois fois seulement en compétition officielle, mais ce fut une bonne expérience. J’ai monté beaucoup de barrier trials, en revanche. »
Avec l’obstacle, la renaissance. Pauline Dominois n’avait jamais rêvé de faire carrière en obstacle. Mais grâce à un concours de circonstances, elle a décidé de s’orienter vers cette discipline : « À mon retour d’Australie, je suis entrée comme cavalière d’entraînement chez Fabrice Vermeulen. J’avais pas mal de liberté, mais je m’ennuyais… Quand vous avez vécu l’adrénaline des courses, c’est dur d’arrêter. Plusieurs personnes m’ont motivée à reprendre ma licence en me disant que j’étais jeune, que je n’avais pas de problème de poids, et que c’était dommage de faire une croix là-dessus ; entre autres Joël Desjardins, pour qui j’ai beaucoup monté en plat et qui m’a toujours soutenue. Je montais un cheval un peu compliqué chez Fabrice Vermeulen, qu’il a décidé de dresser en obstacle. Sa cour étant située à côté de celle de Robert Collet, je sortais donc tous les jours avec un lot de Robert Collet. Alexandre Seigneul, qui travaillait chez lui à l’époque, m’a dit que Mickaël Seror était à la recherche d’une femme jockey capable de monter à la fois en plat et en obstacle. Je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de donner un nouveau souffle à ma carrière. Il y a beaucoup de jockeys qui ont connu un creux dans leur carrière de plat, et qui ont réussi à rebondir grâce à l’obstacle. J’avais déjà sauté à l’entraînement chez ma patronne d’apprentissage, Marie-Laëtitia Mortier, ainsi que chez Yann-Marie Porzier, donc ce n’était pas non plus tout nouveau pour moi. Mais il y a encore deux ans, cela ne me serait jamais venu à l’esprit de monter en obstacle ! »
Une relation de confiance avec Mickaël Seror. Cela fait désormais un an que Pauline Dominois est au service de Mickaël Seror. Si elle a débuté en obstacle par une deuxième place pour le compte de David Cottin, c’est pour Mickaël Seror qu’elle a décroché sa première victoire dans la discipline, le 30 mai 2020 à Clairefontaine-Deauville, avec Lost in Montmartre (Montmartre). Bien consciente du rôle que son patron joue dans sa nouvelle carrière, elle se sent totalement épanouie dans cette collaboration : « Mickaël Seror est un patron en or. Il n’a pas hésité à me mettre en selle sur de bons chevaux comme No Risk for You, qui appartient à son oncle, The Golden Boy (Myboycharlie), que j’ai monté pour sa rentrée à Auteuil en septembre, ou encore Hextrawel du Porto (Saddex), qui n’a été battue que par des pensionnaires d’Hector de Lageneste et Guillaume Macaire lors de ses deux sorties en steeple. Quand on monte de bons chevaux, ça vous met en confiance ! J’ai seulement sept victoires en obstacle, mais mine de rien, je suis presque tout le temps à l’arrivée. Lorsque mon patron m’autorise à monter pour l’extérieur, ça se passe bien aussi. Il me donne beaucoup de conseils, le matin comme l’après-midi. Lors des séances d’obstacle, il me rabâche souvent : "Baisse tes épaules, recule tes genoux, lève tes fesses !" Je sais que je peux compter sur lui pour progresser, et je suis consciente de ma chance. C’est un patron jeune et dynamique, comme l’équipe qui l’entoure. Quand on est travailleur et investi, il sait récompenser. Lui et moi avons la même vision des choses, ce qui rend le travail très agréable. J’adore me lever tôt le matin pour aller travailler ! Certains jockeys d’obstacle me donnent aussi des conseils, comme Kévin Nabet et mon conjoint, Anthony Renard. »
Privilégier la qualité à la quantité. Pauline Dominois va continuer d’alterner le plat et l’obstacle, même si cette dernière discipline lui tient davantage à cœur : « Comme je suis légère, je vais continuer à monter en plat. Je me suis adjoint les services d’un agent avec lequel j’avais déjà collaboré étant apprentie, Jonathan Daussy. Dans la discipline du plat, c’est important d’en avoir un. Aujourd’hui, ça ne m’intéresse plus du tout de décrocher une Cravache d’or. J’en ai déjà eu deux et je n’aspire plus aux mêmes choses : je veux juste avoir des années régulières. Je préfère monter moins souvent mais être associée à de bons chevaux, plutôt que de parcourir toute la France tout au long de l’année. En plat, je souhaite continuer à avoir une clientèle régulière : si j’arrivais à gagner entre 15 et 20 courses cette année, ce serait top ! Pour ce qui est de l’obstacle, j’espère bien perdre ma décharge, même si ça prendra probablement deux ans. Les entraîneurs font souvent monter les jockeys qui viennent sauter leurs chevaux le matin, donc ça va être assez long. » Malgré plusieurs chutes, la jeune femme n’a pas eu peur de remonter : « Je suis tombée trois fois l’année dernière, sans gravité, et je n’ai pas ressenti d’appréhension. J’aime de plus en plus l’obstacle, et je suis remotivée à fond. La seule chose qui pourrait me faire arrêter, ce serait de devenir maman. Mais aujourd’hui, je n’ai aucune raison de passer à autre chose ! »
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