Tribune libre : tenir compte de la diversité des motivations des parieurs

Institution / Ventes / 07.04.2021

Tribune libre : tenir compte de la diversité des motivations des parieurs

Par Jacques Détré, vice-président de France Galop et président du Conseil de l'obstacle

« Je tiens à remercier David Powell pour son intervention dans les colonnes de Jour de Galop. En particulier lorsqu’il dit que le pari hippique est avant un tout un jeu intelligent. Sa prise de parole est la bienvenue car elle nourrit un débat important. David Powell est un véritable sportsman et il évoque à cette occasion son aversion pour les handicaps, lesquels fragilisent selon lui la sélection et participent à l’exportation des talents français.

David Powell fait par ailleurs référence à l’idée de rembourser les parieurs en cas de chute. Cette idée n’en est qu’au stade de la réflexion. Avec les services du PMU, nous en étudions les implications et le coût. Aucune décision n’a été prise : réfléchir, ce n’est pas décider. L’Institution travaille pour défendre l’obstacle et son excellence à la française. Et cela passe par améliorer ces points de faiblesse : le nombre de partants et le manque d’enjeux.

En ce qui concerne la moyenne des partants, à l’échelle des deux dernières années, elle est en progression. Dernièrement, certainement pour des raisons contextuelles, elle a un peu reculé.

Stimuler les enjeux. La question du manque d’enjeux en obstacle se fait notamment ressentir dans les courses autres que les événements. En juin, lors du Comité, nous avons proposé d’ancrer la répartition du 2/3 1/3 dans les statuts de France Galop. La majorité a voté en faveur de cette idée, mais elle fut cependant insuffisante pour pourvoir obtenir ce changement. C’est regrettable, car le PMU aurait ainsi eu une plus grande flexibilité pour donner à chaque instant la priorité à l’épreuve garantissant les meilleurs retours (à l’ensemble de la filière). L’obstacle doit donc lui-même régler les problèmes qui sont les siens. Nous avons identifié chez un certain nombre de parieurs une appréhension à jouer sur les courses d’obstacle. Et ce pour plusieurs raisons. La question des chutes étant l’une d’entre-elles. Proposer le remboursement en cas de chute – ou le report du pari sur une autre course – fait partie des pistes que nous avons mises à l’étude. Ce serait un signal de confiance, une incitation pour les parieurs. Parmi ces derniers, il faut avoir conscience que tous ne sont pas des puristes et nous devons tenir compte de la diversité de leurs motivations.

Cela existe outre-Manche. En Angleterre, où l’obstacle est la discipline la plus populaire auprès des parieurs, les bookmakers n’hésitent pas à proposer – à certains moments et dans certaines conditions – des remboursements en cas de chute. C’est un argument commercial très persuasif et ils l’ont compris. La confiance est un élément primordial dans tout type de commerce. On ne peut cependant pas tout calquer sur le modèle anglais, lequel est en grande partie basé sur les courses à handicaps. Or, nous ne souhaitons pas accroître l’importance des handicaps dans le programme français. Nous souhaitons plutôt aménager ces derniers et nous réfléchissons à une baisse plus rapide des poids des sauteurs car ils n’ont pas la possibilité de courir aussi souvent que leurs homologues en plat. Car au-delà des joueurs, nous voulons donner des opportunités aux chevaux et donc à leurs propriétaires. Notre programme d’obstacle est très bien fait, comme le soulignent les entraîneurs étrangers qui viennent courir en France.

Si la Covid nous le permet, nous lancerons un séminaire sur les courses d’obstacle à la fin du mois de mai. Nous voulons explorer toutes les pistes d’améliorations car le vrai risque, c’est l’immobilisme. Pour conclure, il faut souligner la bonne tenue du PMU lors des deux dernières semaines. »