Bertrand Millière : « L’expérience du propriétaire est très différente au trot et au galop »

Courses / 14.05.2021

Bertrand Millière : « L’expérience du propriétaire est très différente au trot et au galop »

LE PROPRIÉTAIRE DE LA SEMAINE

Bertrand Millière : « L’expérience du propriétaire est très différente au trot et au galop »

Avec Irésine, dont il est copropriétaire, Bertrand Millière vit un rêve éveillé. Celui d’avoir un cheval de Groupe et de partager sa réussite avec ses proches. Rencontre avec un propriétaire à la bonne humeur contagieuse.

Par Adrien Cugnasse

Bertrand Millière est à la tête de Maelo, société de capital investissement basée en Rhône-Alpes. Également actif au trot, il est associé sur dix chevaux à l’entraînement chez Jean-Pierre Gauvin et trois chez Mathieu Pitart.

Jour de Galop. – Comment a débuté l’aventure ?

Bertrand Millière. – Je suis propriétaire depuis sept ou huit ans chez Jean-Pierre Gauvin. Tous les ans, nous formons un groupe pour acheter des yearlings, aux ventes ou à l’amiable. C’est devenu une habitude et c’est Jean-Pierre qui s’en occupe. Son savoir-faire et la bonne étoile de notre groupe [Bertrand Millière, Jean-Paul Gauvin, Christian Goutelle et l’entraîneur dans le cas d’Irésine, ndlr] ont bien fonctionné ! Nous n’avions jamais eu de chevaux de ce niveau-là auparavant. C’est top de vivre une telle aventure.

Avant de lancer cette association pour acheter des yearlings, j’étais surtout actif sur le marché des réclamers. Avec plusieurs belles histoires, comme deux victoires dans des Quintés. Dès lors, avoir un partant dans une Listed, c’est vraiment un grand moment. Mais gagner si facilement, c’est encore quelque chose d’autre…

Irésine est le portrait-robot du cheval que tous les courtiers veulent acheter. Votre téléphone ne doit pas arrêter de sonner…

Après chaque course, celui de Jean-Pierre sonne effectivement très régulièrement ! Les offres sont de plus en plus importantes. Mais à la fin de son année de 3ans, nous nous étions déjà posé la question de vendre ou non. Ayant pris la décision de continuer à courir, nous maintenons ce cap. L’idée, c’est d’essayer d’en profiter et voir s’il est possible d’aller à l’échelon supérieur.

À 2ans, Irésine a eu de petits pépins. Il a toussé, il a eu une myosite… Nous n’arrivions pas à l’avoir bien. Au point de se demander s’il allait faire carrière. Mais comme toujours, Jean-Pierre a fait preuve de patience. Il l’a renvoyé au pré. À 3ans, le poulain est revenu plus fort, en montrant de bonnes choses à l’entraînement. Mais pas forcément en laissant entrevoir un tel potentiel. C’est vraiment au fil des courses qu’il s’est affirmé, face à une opposition supérieure à chaque fois.

Tous les ans, ou presque, Jean-Pierre Gauvin "sort" un cheval pour les bonnes courses. Mais il a aussi de grandes qualités humaines. Quelle est votre relation avec lui ?

Nous avons des chevaux depuis une quinzaine d’années. Le jour où j’ai voulu le faire de manière plus sérieuse, je suis allé taper à sa porte. Le bonhomme est pétri de qualité et ultrapatient. Mais je pense qu’il a aussi un très bon outil de travail avec son centre d’entraînement de Saint-Cyr-les-Vignes. Il dispose par exemple de nombreux paddocks. Je lui dis souvent qu’il a le plus beau bureau du monde ! Pour comprendre sa réussite, il faut vraiment aller sur place… C’est une personne d’une grande modestie. Cela s’applique aussi à ses chevaux : nous n’avons que de bonnes surprises.

À présent, vous élevez aussi. Quel est votre effectif à l’élevage ?

Après les réclamers et les yearlings, nous avons décidé de mettre à la reproduction nos anciennes juments de course. La plupart, c’est-à-dire cinq d’entre elles, sont stationnées au haras des Châtaigniers. Et la bonne I Am Charlie (Great Journey) est basée au haras des Chênes [gagnante de neuf courses, trois fois placée de Listed, dont deuxième du Prix Maurice Zilber, Listed, ndlr]. Nous avons trouvé un terrain d’entente avec sa propriétaire pour la mettre à l’élevage. Elle a été saillie par Toronado (High Chaparral).

Nous fonctionnons à l’affectif et faisons confiance à Xavier Brelaud et Clarence Signol. Ils nous conseillent dans nos croisements. L’idée, c’est d’élever pour courir.

Comment est née votre passion pour les courses ?

Mes grands-parents étaient turfistes. Avec mon frère aîné, nous les accompagnions sur les hippodromes. Plus tard, par l’intermédiaire d’une belle-sœur vétérinaire, nous avons mis un pied dans les courses. Au trot dans un premier temps. Puis au galop. Les réclamers représentent une certaine sécurité. Mais nous nous sommes dit qu’en tant que propriétaires, il était dommage de ne pas tenter de vivre le rêve à fond, c’est-à-dire d’acquérir des yearlings avec Jean-Pierre. En achetant des bouts de plusieurs yearlings tous les ans, on diminue le risque. L’association perdure !

Pourquoi passer du trot au galop ?

Nous avons encore quelques trotteurs. Mais nous sommes effectivement surtout actifs au galop désormais. Le fait d’avoir débuté au trot est en quelque sorte une anomalie et un concours de circonstances. J’ai toujours préféré le galop, notamment parce que mon frère et moi avions monté à cheval dans notre jeunesse.

L’expérience du propriétaire est très différente au trot et au galop. Ne serait-ce que parce que le système des réclamers n’a rien à voir. L’expérience montre qu’il est bien plus difficile de tirer son épingle du jeu dans cette catégorie au trot. Alors qu’on peut vraiment se faire plaisir dans les réclamers au galop, le programme offrant par exemple beaucoup d’opportunités, avec parfois de belles surprises.

Notre effectif de galopeurs a donc grandi du fait qu’il est plus simple d’accéder dans cette discipline à des chevaux d’une certaine qualité, suffisante pour se faire plaisir.

Et puis, c’est l’occasion de passer du temps dans le plus bureau du monde, celui de Jean-Pierre Gauvin ! Nos enfants ont contracté le virus des courses. C’est vraiment une belle histoire.

Après une victoire de six longueurs dans une Listed, on a légitimement le droit de rêver…

Je fonctionne par étape. C’est l’humilité de Jean-Pierre qui résonne en moi ! Mon premier rêve était d’être propriétaire. Puis d’avoir ma casaque et de la voir s’imposer. Pachadargent (Kendargent) a gagné treize courses pour nous et il est l’un de ceux qui nous ont permis de réaliser tous ces rêves, mais aussi celui de remporter un Quinté. Irésine nous a offert une Listed. Alors aujourd’hui, bien sûr, nous rêvons de remporter un Groupe ! Et s’il nous offre cela, pourquoi ne pas aller courir à l’étranger ? Beaucoup de gens veulent nous acheter le cheval dans cet objectif… Alors peut-être que nous pourrions tenter l’aventure nous-mêmes !

Ma grand-mère savoure avec nous. Mais mon grand-père, qui n’est plus parmi nous, aurait adoré voir cela : il serait le plus heureux des hommes, car c’était une grande passion pour lui.

Les courses et les chevaux, ce sont des hauts et des bas. Quel est le moteur de votre passion ?

Depuis l’enfance, j’ai la passion des chevaux. Tout comme mon frère. Nous sommes tous les deux sportifs et cet aspect des courses nous parle. Et puis c’est une aventure humaine. Du partage, avec nos grands-parents, avec nos associés et enfin avec nos enfants. Sans oublier nos entraîneurs et leur équipe. C’est tout cela qui fait que nous sommes accros !

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