Institution / Ventes / 27.05.2021
Breeze up Arqana : Freddy Powell : « La qualité des chevaux présentés ne cesse de progresser »
Vendredi à partir de 11 h (heure anglaise), Arqana va démarrer les enchères de sa breeze up délocalisée en Angleterre. À quelques heures de l’événement, Freddy Powell, le directeur de l’agence, a répondu à nos questions. Voici un extrait du podcast que nous avons réalisé à cette occasion.
Jour de Galop. – Comment se sont déroulés les breezes, mercredi à Doncaster ?
Freddy Powell. – Cela s’est bien passé, mais avec une météo typique du nord de l’Angleterre ! L’équipe de Doncaster, avec le responsable technique de Goffs, a fait du super boulot sur la piste. Elle était magnifique, avec un terrain sûr et un beau tapis d’herbe. Les échos sont positifs. Les chronos – que je n’ai pas regardés – sont a priori tout à fait corrects : la piste n’était pas lente. Il faut avoir conscience que non loin de là, à Beverley, les courses ont été annulées à cause d’inondations.
Pourquoi avoir choisi Doncaster ?
Principalement à cause des restrictions de voyage en Europe. Dans notre catalogue, 80 % des chevaux sont préparés en Irlande. Les équipes irlandaises auraient dû subir deux semaines de quarantaine – en chambre d’hôtel – si la vente avait eu lieu en France. Or, on ne peut pas faire une vente breeze up sans ces personnes et sans leurs chevaux.
Nous avons par ailleurs beaucoup de clients anglais lors de cette vacation, lesquels doivent passer une dizaine de jours en isolement lorsqu’ils se déplacent en France.
Nous espérions que les restrictions soient levées pour que les Français puissent venir à Doncaster. Mais cela n’a pas été le cas. Bien que difficile à prendre, nous avons donc fait un choix logique : déplacer la vente à Doncaster.
Retrouvez l’intégralité de cette interview en podcast
Cet article est un extrait du podcast que vous pouvez écouter – gratuitement – sur Soundcloud ou sur notre site internet, en cliquant ici
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Le processus de sélection a-t-il changé ?
Le catalogue est resté assez similaire à celui des années précédentes. Nous avons dû changer notre manière de sélectionner les chevaux.
Habituellement, nous partons – avec Ludovic Cornuel et Mathieu Legars – faire notre tournée en Irlande au tout début de l’année. Cela nous permet de voir tous les chevaux.
Cette année, nous n’avons pas pu y aller. Nous avons donc travaillé sur vidéo, mais aussi en dialoguant au téléphone avec les vendeurs. Depuis notre arrivée à Doncaster, nous voyons ces chevaux tous les jours et nous sommes assez contents du résultat. Nous travaillons en confiance avec les vendeurs. Je m’occupe de cette vente depuis 2002 et nous avançons main dans la main. C’est une vente qui a beaucoup progressé ces dernières années, en particulier grâce à la confiance et au dialogue avec les vendeurs. C’est ainsi que nous avons changé la date et déplacé la vente à Deauville par le passé, Saint-Cloud ne pouvant plus accueillir l’ensemble des lots. Et chaque évolution a donné un coup d’accélérateur à cette vente. Ces éléments ont créé, avec les actions de marketing, une véritable dynamique.
D’ailleurs, aujourd’hui, les vendeurs parlent de "poulain pour Arqana". Il y a un profil vraiment bien défini pour cette vente ?
Par le passé, les trois principales breeze up, se tenaient en l’espace de trois semaines : Doncaster, Newmarket et Saint-Cloud. On avait surtout les deuxièmes et troisièmes couteaux. Mais la vente fonctionnait bien dans son créneau. Les Irlandais, en 2007 et 2008, nous disaient que nous avions la meilleure piste. Ils ont alors commencé à amener de meilleurs chevaux. Des Français se sont pris au jeu, avec des chevaux achetés plus cher que ceux des Irlandais. Et ils se sont bien vendus. Les Irlandais ont alors monté en gamme. La qualité n’a cessé de s’améliorer.
En changeant ensuite de date, nous avons pris le contrepied des ventes de chevaux de pure précocité où l’on vient acheter un 2ans pour Royal Ascot. Sur ce créneau, nous n’avions de toute façon pas le premier choix.
Le changement de date de notre vente a bénéficié de l’émulation des Poules d’Essai qui étaient organisées au même moment. La mayonnaise a vraiment pris. Les préparateurs tirent le maximum des trois et cinq semaines supplémentaires dont ils disposent pour faire venir les poulains, avec des sujets qui ne sont pas de purs précoces. Nous avons ainsi récupéré tous les bons chevaux qui ne sont pas des fast 2yo’s. Mais le fait de vendre en mai n’a pas empêché certains d’aller tout de même à Royal Ascot. Comme avec Guildsman (Wootton Bassett), troisième des Coventry Stakes (Gr2).
L’histoire d’un cheval comme War of Will prouve tout le talent des pinhookers. À la vente de septembre de Keeneland, il était visible pour tous les acheteurs internationaux. Mais ce sont des pinhookers qui l’ont déniché, puis revendu chez Arqana. Des Américains sont alors venus l’acheter à Deauville et il a gagné les Preakness Stakes (Gr1). Ce qui n’est pas courant pour un cheval acquis en Europe !
Ce sont de très grands hommes de chevaux. Les pinhookers font partie des meilleurs acheteurs au monde. Ils ont grandi, mangé et dormi au milieu des chevaux de course. Ils achètent pour courir. Pas pour l’élevage. Le verdict, pour eux, c’est la qualité du breeze et les ventes. C’est donc une sélection qui correspond vraiment aux qualités qui seront ensuite nécessaires pour gagner les bonnes courses.
Les pinhookers sont un rouage essentiel de l’écosystème des courses. Le cumul de leurs achats de yearlings se chiffre en millions. Et c’est sans compter le nombre de fois où ils sont sous-enchérisseurs…
Pourtant, on peut aussi rêver de sortir un étalon avec un cheval de breeze up. War of Will fait la monte à Claiborne Farm. Mehmas, phénomène du parc étalon européen, vient lui aussi des breeze up.
Ce sont des chevaux qui ont déjà passé deux échelles de sélection. Les ventes de yearlings. Puis la préparation. Le jour de leur passage en piste, on voit le résultat de la prise de risque du pinhooker. Car tous les chevaux ne se vendent pas avec profit. Et le risque, pour l’acheteur, est moins élevé. Tout le monde a des expériences différentes. Des bonnes comme des moins bonnes. Mais tout de même, le ratio entre le nombre de chevaux présentés aux breeze up et les black types en course est grandement en faveur de ce type de ventes.
Quel regard portez-vous sur le marché des breeze up en Europe cette année ?
Cela s’est plutôt bien passé. Les vendeurs ont fait mieux que sauver les meubles ! Les achats de yearlings ont été effectués dans un contexte pas simple. Selon une étude du Racing Post, les valeurs moyennes de ceux pour Goffs et Tattersalls ont baissé entre 25 % et 35 %. Mais au contraire, chez Arqana, le prix des yearlings 2020 au catalogue de la breeze up 2021 a un peu augmenté. La moyenne du prix d’achat des yearlings est de 67.000 €. La Craven entre 35.000 € et 40.000 €. Et Doncaster aux alentours de 25.000 €. Nous ne sommes plus sur la même catégorie de chevaux que les ventes qui se sont déjà tenues. Notre segment de marché va-t-il aussi bien se tenir que le leur ? Personne ne peut répondre à cette question par avance.
Les Américains ne pourront pas se déplacer. Est-ce un problème ?
Les Américains ont connu une très belle réussite lors de la breeze up Arqana, avec War of Will, Mr Monomoy (Palace Malice), Été Indien (Summer Front)... Mais ils représentent un petit nombre de chevaux vendus. Entre cinq et huit par édition.
Les acheteurs américains ne pourront pas venir mais ils se sont souvent rapprochés de courtiers européens.
N’oublions pas que les Français sont eux aussi très adroits. Ils achètent assez peu au chronomètre et je pense que c’est plutôt une bonne chose. La belle action prévaut le chrono et le déroulement des courses françaises favorise peut-être les qualités recherchées lors des breeze up. Comme le changement de vitesse. Les Français ont par exemple déniché, lors de notre breeze up, de futurs lauréats classiques, à l’image de Channel (Nathaniel) ou de Lucayan (Turtle Bowl). Ce sont de belles histoires, à des tarifs raisonnables. Et pour cause, les pinhookers ont besoin de vendre, même si la vente ne se passe pas comme ils le souhaitent. On trouve des chevaux à tous les prix dans cette breeze up.
Quel processus faut-il suivre pour pouvoir acheter cette année ?
Il faut aller sur le site internet d’Arqana ou sur celui de Goffs UK. C’est assez simple. Il suffit de s’inscrire et de faire une demande de participation. Le jour de la vente, l’acheteur se connecte avec le code que nous lui avons fourni pour pouvoir enchérir en live. Mais il reste possible d’appeler Ludovic Cornuel ou moi-même. Nous serons ravis d’enchérir pour eux en direct au téléphone. Mais également de leur fournir des descriptions physiques ou de leur trouver un vétérinaire sur place. Nous sommes là pour ça !
Vendredi, nous allons utiliser la solution technique de Goffs UK. Car nous vendons en Angleterre, où Arqana n’a pas de licence et sous les conditions de vente de cette agence.
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