
Courses / 19.05.2021
Charley Rossi : « Tiger Tanaka n’avait plus la même envie »
C’est l’une des (très) belles histoires de ces dernières années. Tiger Tanaka (Clodovil), gagnante de Gr1 à 2ans, a tiré sa révérence après l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches. Charley Rossi nous raconte cette drôle d’épopée !
Par Thomas Guilmin
Jour de Galop. – Pourquoi avez-vous décidé d’acheter Tiger Tanaka à réclamer ? Qu’est-ce qui vous avait plu dans son comportement, son modèle ou son pedigree ?
Charley Rossi. – Ce qui m’a surtout plu, c’est son comportement le jour où nous avons décidé de la réclamer. À 100m du poteau, la pouliche a été fortement gênée et elle a ensuite fourni une nouvelle accélération, dans un terrain pénible. Cela montre que la pouliche avait un brin de qualité et l’envie de gagner. Son physique n’était pas transcendant, mais au vu de son faible prix, cela nous a semblé intéressant.
Comment était-elle en arrivant à l’écurie ? A-t-elle rapidement fait des progrès ?
Une semaine après son arrivée à l’écurie, je l’ai courue une nouvelle fois à réclamer. C’est une pouliche très électrique, et l’idée était de faire gagner son propriétaire, Miguel Castro Megias. Je savais pertinemment que comme la pouliche venait de chez moi, moins de gens mettraient des bulletins de réclamation. On méprise toujours le Sud en pensant que ce sont de mauvais chevaux… !
Quel est votre meilleur souvenir avec elle ? Le Boussac, évidemment ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas sa victoire dans le Prix Marcel Boussac (Gr1) que je retiendrai. Mon plus beau souvenir reste à Deauville, lorsqu’elle a remporté le Prix François Boutin (L). La réunion était autorisée au public, et sans eux, il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas grand-chose… ! Nous avons fait une grande fête entre amis, dans le restaurant de mon ami Miguel Blancpain, La Cabane Perchée. Cela rattrape aussi le fait que l’on avait dit que sa défaite dans le Prix Robert Papin (Gr2) était due à ma femme, Jessica Marcialis, à laquelle Tiger Tanaka était associée. C’était notre revanche à nous.
Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre un terme à sa carrière de course ?
Pour être tout à fait transparent, à la suite du Prix Marcel Boussac, la pouliche était un peu douloureuse. Ce n’était certainement pas un hasard si Marc Pimbonnet l’avait mise à réclamer. Nous avons pris la décision de réessayer, mais Tiger Tanaka n’avait plus la même envie. Et moi je n’avais plus envie d’insister car j’ai du respect pour mes chevaux. Elle mérite de profiter de sa vie désormais.
De quoi son avenir sera-t-il fait ?
La pouliche va passer son année à se reposer. Elle ne sera pas saillie en 2021. Logiquement, elle passera chez Arqana, à la vente d’élevage du mois de décembre. Nous avons déjà reçu bon nombre de demandes pour l’acheter à l’amiable. M. Castro n’est pas un grand propriétaire, mais il est amoureux de sa jument. Après, il y a des offres que l’on ne peut pas refuser. Cela ne l’empêchera pas de toujours la suivre avec amour, tout en mettant de l’argent de côté, afin de continuer à s’amuser.
Cette belle histoire vous a-t-elle permis de rencontrer de nouveaux clients ?
Cette histoire m’a permis de rencontrer de nouveaux clients oui, mais trop peu à mon goût ! J’aime beaucoup le relationnel avec les propriétaires. Elle m’a tout de même apporté monsieur Ulmann. Ce dernier est venu vers moi pour acheter Tiger Tanaka au départ, mais au final, il a bien investi à l’écurie. Nous gagnons un peu de courses ensemble, ce qui est vraiment sympathique.
Vous pouvez néanmoins compter sur vos autres fers de lance. Comment vont-ils ?
Moderator est programmé pour disputer le Défi du Galop. Comme je l’ai toujours dit, c’est un très bon cheval, mais c’est un fils de Rio de la Plata (Rahy), donc lorsque les pistes s’assouplissent, il régresse. En revanche, dès qu’on peut le voir sur du bon terrain, c’est un cheval très compétent et capable de gagner un Groupe. Concernant Le Bronn (Rio de la Plata), je ne vous cache pas que j’ai peut-être été un peu dur avec lui, en début d’année. Il est actuellement en repos pour ensuite attaquer en bon terrain, cet été. Quant à Boulevard (Galileo), nous attendons car il a eu une fêlure lors de sa dernière course, en fin d’année dernière. Il devrait rentrer en tant qu’étalon à la fin de l’année, étant donné qu’il a un très bon pedigree. Je le soutiendrai afin qu’il devienne un bon étalon d’obstacle.
Parmi vos juniors, certains sortent-ils du lot ?
J’ai une pouliche que j’aime beaucoup. Elle se nomme Pantea (Dariyan). Et elle a d’ailleurs pris le box de Tiger Tanaka (rires). Elle devrait débuter très prochainement.
Êtes-vous agacé lorsque certaines personnes critiquent Marseille ?
Je suis agacé, oui. Ce n’est pas pour mépriser les anciens, dont mon père faisait partie, mais auparavant les entraîneurs marseillais restaient beaucoup dans le sud, avec peu d’investisseurs. Nous avions donc sans doute une qualité de chevaux médiocre. Même si monsieur Seroul a gagné bon nombre de belles courses… Dernièrement, nous avons de nouveaux propriétaires, à l’image du haras de la Gousserie qui a énormément investi, mais aussi Gérard Augustin-Normand, ou encore monsieur Gribomont qui soutient son étalon, Prince Gibraltar (Rock of Gibraltar). Nous avons également des footballeurs qui sont présents à Marseille. Beaucoup de jeunes entraîneurs se sont installés à Calas, c’est totalement différent d’avant ! Nous sommes montés en gamme et les courses deviennent très difficiles. Ce que je soutiens tout particulièrement, c’est qu’il y a de jeunes entraîneurs très compétents, dont les résultats progressent chaque année. Je ne supporte pas d’entendre les Parisiens critiquer ! Lorsqu'un jeune réussit, nous devrions l’encourager et être contents, plutôt que de le mépriser et surtout de penser qu’il dope ! Ce qui a d’ailleurs été mon cas lorsque nous avons gagné le Prix Marcel Boussac. J’avance et je profite de ma passion.
Miguel Castro Medias : « Je suis submergé par l’émotion »
Des souvenirs, le propriétaire de Tiger Tanaka, Miguel Castro Megias, en a beaucoup. Très ému de la retraite de sa petite championne, il rend hommage à la jument qui a marqué sa vie : « C’est une pouliche que j’adore avec un cœur énorme. Elle m’a beaucoup apporté. Je suis submergé par l’émotion et j’ai beaucoup de mal à réaliser. C’est une pouliche d’exception. »
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