Derby Italiano : Tokyo Gold retrouve les terres de ses ancêtres

International / 19.05.2021

Derby Italiano : Tokyo Gold retrouve les terres de ses ancêtres

Quatre-vingt-douze ans se sont écoulés depuis le succès d’Ortello (Teddy) dans le Derby Italiano. Le champion élevé par le Nobile Giuseppe de Montel est monté quelques mois après dans un train à la gare centrale de Milan pour se rendre à Longchamp où il a décroché le premier Arc de Triomphe pour l’Italie. Le voyage de Tokyo Gold (Kendargent) vers Capannelle pour un rendez-vous historique sur la terre de ses ancêtres sera beaucoup plus confortable. Tokyo Gold et Ortello remontent à la même souche, arrivée en Italie en 1915 avec l’achat d’Hollebeck (Gorgos), qui gagna trois ans plus tard le Premio Roma. Elle est la mère d’Ortello et la… dixième mère de Tokyo Gold ! Plusieurs éleveurs de haut niveau ont travaillé sur cette souche après la mort de Giuseppe de Montel : la Razza Ticino qui avait repris le haras et les poulinières, la Scuderia Metauro mais aussi le Dottor Carlo Vittadini, Nelson Bunker Hunt, le Gestüt Fahrhof, Luciano Salice et enfin Teruya Yoshida.

Le feu vert de Satoshi Kobayashi. Passons du passé au présent, et intéressons-nous au défi de Tokyo Gold et de son entraîneur,  Satoshi Kobayashi, qui nous a confié : « Le poulain a fait son dernier galop lundi avec Cristian Demuro qui est très content de lui. Tous les feux sont au vert, même si c’est un peu un saut dans l’inconnu. Il n’est pas facile de juger sa chance face aux italiens. Des étrangers sont aussi annoncés au départ : deux poulains représentants la forme anglaise, Juan de Montalban (Lope de Vega) et le Juddmonte Fabilis (Frankel), deux allemands, le mâle Quello (Soldier Hollow) et la pouliche Isfahani (Isfahan), en plus de l’autre français Alastor (Helmet), qui vient de se classer deuxième dans un bon maiden à Saint-Cloud. »

Un Derby reste un Derby. Tokyo Gold affiche une valeur 44 (98 de rating), ce qui le situe trois livres au-dessus de Fabilis, le meilleur des autres étrangers. Satoshi Kobayashi nous a expliqué : « On l’a couru dans le Prix Noailles (Gr3) et il s’est plutôt bien comporté, en se classant quatrième dans un lot de bonne qualité. Il a un peu craqué pour finir mais pas forcément par manque de tenue. Le Prix du Jockey Club (Gr1), c’est trop pour lui et le programme nous offrait deux choix, le Derby du Midi (L) et le Derby Italiano (Gr2). J’en ai discuté avec son propriétaire et éleveur, Teruya Yoshida, et il m’a dit qu’on pouvait essayer la course italienne. Il est déjà gagnant du Critérium de l’Ouest (L) et en plus de l’allocation, il faut prendre en compte le label Gr2 du Derby italien. Je pense qu’il a son rôle à jouer. En bon terrain il peut tenir les 2.200m et le tracé de Capannelle va lui convenir. De plus, Cristian Demuro connaît la piste comme sa poche. »

Mendizabal avec la casaque Juddmonte. Demurino a gagné le Derby Italiano quatre fois lors des six dernières éditions. Il ne sera pas le seul jockey exerçant en France dans le classique. Ioritz Mendizabal a été engagé pour Fabilis alors que Clément Lecœuvre sera associé à la pouliche Isfahani, qui a remporté le Premio Guido Berardelli (Gr3) lors de ses débuts sur disqualification du gagnant et fera sa rentrée après plus de six mois d’absence. Vincent Cheminaud, quant à lui, a été engagé par Gianluca Bietolini pour remplacer Gérald Mossé (qui montera dimanche Shalamba dans le Prix Urban Sea au Lion-d'Angers) en selle sur Alastor. Lanfranco Dettori et Andrea Atzeni, qui avaient programmé un retour en Italie, ont été obligés de renoncer au voyage suite aux consignes de sécurité.

Le tour du monde de Biancarosa. Revenons à l’histoire de Tokyo Gold. Teruya Yoshida avait acheté sa mère, Biancarosa (Dalakhani), après des débuts gagnants à San Siro. Elle est restée à l’entraînement chez Bruno Grizzetti, en remportant le Premio Repubbliche Marinare (L) à 2ans mais n’a pas progressé comme on s’y attendait. Cette gagnante black type par le champion Dalakhani (Darshaan) avait un papier de poulinière et elle est partie pour le Japon. Satoshi Kobayashi nous a raconté : « Elle est arrivée au Japon, mais lors de la quarantaine, elle n’a pas passé le test pour la piroplasmose et a fait demi-tour, revenant en France. Son premier produit est la pouliche Notte Bianca (Kendargent), qui s’est classée troisième dans le Critérium de Saint-Cloud (Gr1). Elle galopait mais s’est fait mal et est partie pour le Japon où elle a déjà produit un 3ans qui a gagné deux courses. » Biancarosa a visité Kendargent à neuf reprises, un record de fidélité.

Filly of Malta de la Sicile à Chantilly

Satoshi Kobayashi va entraîner Filly of Malta (National Defense), une pouliche de 2ans qui a déjà trouvé sa place dans la presse internationale après une très belle victoire lors de ses débuts dans une course pour inédites à Syracuse. Elle est la première gagnante du lauréat du Prix Jean-Luc Lagardère (Gr1) National Defense (Invincible Spirit) qui, quelques heures après, a donné une autre pouliche impressionnante, Twilight Gleaming, qui a ouvert son palmarès par sept grandes longueurs à Belmont Park et sera fort probablement l’une des juniors de Wesley Ward pour Royal Ascot.

C’est surtout l’origine maternelle qui a attiré l’attention sur Filly of Malta : sa mère, Amusing Plan (Pleasantly Perfect), est une demi-sœur de la gagnante de Gr1 Folklore (Tiznow) qui a donné Rhodochrosite (Unbridled’s Song), la mère du lauréat de la Triple couronne japonaise Contrail (Deep Impact). Une autre de ses demi-sœurs, Delightful Quality (Elusive Quality), a donné le champion des 2ans américains en 2020 Essential Quality (Tapit). Le courtier italo-américain Eugenio Colombo, agissant avec Naohiro Hosoda pour le compte du propriétaire Ryuzo Kaimoto, a fait une offre au propriétaire maltais Mark Cuschieri qui a été acceptée. Satoshi Kobayashi nous a confirmé : « J’ai été contacté par monsieur Hosoda et la pouliche arrivera à Chantilly dans les prochains jours. » Mark Cuschieri a ses couleurs en Italie depuis 2010 et il a été à plusieurs reprises tête de liste des propriétaires à Syracuse. Son jeune entraîneur, Antonio Cannella, a déclaré à la presse locale : « Le jour suivant sa victoire, nous avons reçu l’offre, nous avons réfléchi deux jours avec monsieur Cuschieri et nous avons décidé de vendre la pouliche. Elle a passé la visite du vétérinaire de confiance des acheteurs et partira bientôt pour la France. »

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