
Courses / 19.05.2021
La carte obstacle de Pierre Pilarski
Il a connu les sommets avec un crack trotteur, Bold Eagle. Puis il a voulu découvrir un autre univers, celui des galopeurs. Trois ans après que sa casaque a brillé pour la première fois à Auteuil, le voici avec deux partants dans le Grand Steeple-Chase de Paris, Feu Follet et Galléo Conti ! Et lundi, il découvrira ParisLongchamp en assistant à la tentative de Gregolimo dans le Prix Hocquart… Qu’est-ce qui fait courir Pierre Pilarski ? C’est à lire en page 2, et à écouter dans Rendez-Vous Avec, le podcast de grands entretiens de JDG Radio.
Grand Steeple-Chase de Paris - J-3
Pierre Pilarski, à toute(s) allure(s)
Pierre Pilarski s’est arrêté à notre micro cette semaine pour notre 12e épisode de Rendez-vous avec… Le propriétaire à la casaque MacDonald aura deux partants dans l’épreuve reine d’Auteuil, dont il a déjà pris la troisième place l’an passé avec Feu Follet. À cheval entre le trot, le plat et l’obstacle, l’homme aux quatre Prix d’Amérique garde une passion intacte.
Par Anne-Louise Échevin
Son "papier" du Grand Steeple
« Je pense qu’il y a deux chevaux qui se détachent : Le Berry (Gémix) et Docteur de Ballon (Doctor Dino). Ils ont toutes les qualités… mais pas les mêmes ! Je pense que si Docteur est encore là après la dernière haie avec Le Berry à portée de fusil, il va être très difficile à battre. C’est impressionnant ce qu’il est capable de faire en fin de course. Mais si Le Berry prend le risque de ne pas nous attendre, je le crois imbattable. David Cottin a les clés : si Le Berry envoie du début à la fin, personne ne pourra le suivre. Le Berry présente toutes les garanties : il n’a jamais fait les 6.000m mais David Cottin n’a pas l’air inquiet à ce sujet. Pour moi, ces deux chevaux sont au-dessus.
Photo : Le Berry bat Feu Follet ... Revanche a priori difficile - SD.jpg
Derrière, je reprendrais les chevaux de l’an dernier : Figuero (Yeats) et Feu Follet ** (Kapagarde). Figuero n’a pas très bien couru les préparatoires, mais je suis persuadé qu’il sera là dimanche. La chose qui m’ennuie avec Feu Follet, c’est le temps : si c’est un peu lourd, ce n’est pas un problème mais il déteste qu’il y ait des averses le jour de course. Avec ses grands pieds, il n’aime pas quand ça fait "flick flock". Ses moins bonnes courses ont eu lieu en terrain très humide : pas lourd, mais humide.
Derrière, je ne sais pas : je crois que c’est très ouvert. Je ne sais pas où en est Carriacou (Califet). Est-ce que Général en Chef ** (Martaline) va pouvoir monter les échelons ? Je ne serais pas surpris que Galleo Conti ** (Poliglote) puisse rentrer dans les cinq. J’aimerais bien que mes deux chevaux soient dans les cinq ! Mais Le Berry et Docteur de Ballon me semblent imbattables et ne peuvent pas avoir un jour sans en même temps… Je les adore, j’adore les voir courir. Bertrand Lestrade sur Docteur, Kevin Nabet sur Le Berry : ce sont deux très grands jockeys et je ne pense pas qu’ils feront d’erreurs ce jour-là. »
Feu Follet, le cheval de cœur !
« Feu Follet est très particulier : il a un côté très féminin. J’aime beaucoup ce cheval, j’ai un lien très particulier avec lui. Cela peut paraître bête mais je le trouve très élégant, très appliqué. Il fait partie des premiers chevaux que j’ai achetés : c’est un lot en provenance de chez Jean-Pierre Dubois, dans lequel il y avait aussi Fandango (Poliglote) et Fiumicino (Sageburg), qui m’a offert mon premier succès sur les obstacles. J’adore Feu Follet ! Il a fait des supers performances : troisième du Grand Steeple et deuxième de la Haye Jousselin l’an passé. Mais, pour moi, ce n’est pas plus que ce qu’il fait d’habitude. C’est très difficile à décrire comme sensation… Je ne pense pas que ce soit un surdoué : il n’a rien à voir avec un Bold Eagle (Ready Cash) ou un Face Time Bourbon (Ready Cash). (…) Des gens ont essayé de m’acheter Feu Follet mais ce n’était pas une histoire de prix. Je ne veux pas le vendre ! À un moment, si vous n’achetez pas Bold Eagle alors que vous avez la possibilité de le faire, vous passez à côté de quelque chose. Inversement, et je crois que c’était dans les mêmes ordres de prix, si vous vendez Feu Follet, vous vendez le reste pour solde de tout compte. Et vous vous mettez au tricot ou aux mots croisés ! »
Galleo Conti **, peut-être celui qui a le plus de classe
« J’ai un peu tordu le bras à Guillaume Macaire avec Galleo Conti ! Nous l’avions acheté une fortune aux ventes [180.000 € à la vente d’été 2018 Arqana, ndlr] et nous sommes 50/50 avec Guillaume. Il a 25 % de Feu Follet : c’est important pour moi d’être associé avec lui. Avec un cheval comme Galleo, qui présentait toutes les garanties sur le papier, nous ne pouvions que nous tromper, ne faire que des bêtises… J’aime beaucoup ce cheval : il est certainement plus doué que Feu Follet ! Il nous embête parce qu’il n’arrête pas de se déferrer, il est chiant avec ça (rires) ! Mais en course, c’est quasiment une garantie. L’autre jour, il était malade : il est tellement peu expressif, contrairement à Feu Follet dont nous n’avions pas vu qu’il n’était pas bien quand il a couru. Je pense que ça va être difficile cette année dans le Grand Steeple mais je ne serais pas étonné qu’il gagne un
Gr1 dans la spécialité… Ce qui aurait été fait s’il ne faisait pas partie de la même génération que Le Berry ! »
Pour écouter le podcast…
Vous voulez tout savoir sur l’aventure hippique de Pierre Pilarski, d’Auteuil à Vincennes en passant par La Teste ? Écoutez notre "#12e Rendez-vous avec…" en cliquant ici.
Pourquoi le trot ?
« Ce que j’aime au trot, c’est que les carrières peuvent être longues. Bold a couru 70 fois : pour un cheval de ce niveau, ce n’est presque pas beaucoup. Notre ami Timoko (Imoko) a couru 100 fois. Certains courent 150 fois et on en pense ce qu’on en veut… Mais on a le droit à l’erreur : je ne parle pas du programme classique mais pour le reste, on arrive à se rattraper, on peut prendre le temps, on s’attache aux chevaux. Et c’est très populaire ! On arrive à toucher toutes les catégories de la société. »
Pourquoi l’obstacle ?
« L’obstacle, c’est ce qui me plaît le mieux. Cela me faisait un peu peur au départ et j’ai des amis comme Jean-Pierre Micholet, avec lequel je suis associé sur beaucoup de chevaux en plat et au trot, qui n’aura jamais un cheval d’obstacle : cela le terrorise ! (…) En obstacle, j’arrive à peu près à comprendre qui en est où dans une course. C’est beaucoup plus lisible et c’est pour cela que c’est ce que je préfère parmi toutes les disciplines. C’est plus simple à comprendre, cela dure longtemps, je suis admiratif des jockeys : il y a des guerriers et des guerrières. C’est une discipline que j’adore. »
Pourquoi le plat ?
« Le plat est pour moi une affaire de spécialistes. Ce qui me plaît en plat, c’est la finesse, la précision, le ressenti. De discuter avec les entraîneurs et les jockeys, ce qu’il se passe avant et après. Pendant la course, on vous dit qu’on est dans le dernier virage alors que c’est en réalité le premier ! C’est beaucoup trop court pour moi ! J’ai fait du sport à petit niveau quand j’étais jeune et je préférais les marathons et les grandes sorties à vélo. Je ne suis pas un sprinter et dans la vie, c’est pareil. Je dois m’inscrire dans le temps long. Ce qui est plus difficile avec le plat, c’est que les carrières sont très courtes : dès que vous avez une esquisse de bon cheval, on vous dit qu’il faut le vendre. En obstacle aussi, mais quand vous avez un bon cheval, vous êtes à peu près sûr qu’il ne va pas devenir mauvais la course d’après. En plat, le meilleur à 2ans n’est pas souvent le meilleur à 3ans et les carrières sont très courtes. Prenez Genmoss (Gentlewave) : quinze courses, quinze victoires, et elle a un record de nombre de victoires. Frankel (Galileo) ? Quatorze courses ! Zarkava ** (Zamindar) ? Sept courses ! C’est très compliqué. Je conviens que le plat est le top du top, là où il y a le plus de concurrence, internationale qui plus est. C’est très compliqué de toucher le haut niveau. Je comprends que cela fasse rêver et transpirer autant de monde. »
Une première lundi à ParisLongchamp !
« Gregolimo (Galiway) court le Hocquart lundi prochain et j’y serai [il a été acheté en partie avant le Prix La Force et courra sous couleurs Pilarski pour la première fois dans le Hocquart, ndlr] ! J’ai acheté un poulain qui va plutôt être un stayer et cela me parle plus. Il y aura au moins un deuxième virage (rires) ! Je le trouve beau, il est hyper sympa et je suis associé avec des gens très gentils. C’est une incursion : c’est le gars qui met juste le bout des pieds dans l’eau froide ! Il faut que je comprenne, que je maîtrise. Au trot, cela a été long, je n’ai pas commencé avec Bold Eagle… Pour vous donner une idée : je n’ai jamais mis les pieds à Longchamp ! Mais c’est une incursion pour dire que je n’ai rien contre les galopeurs (rires) ! »
Genmoss et la passion reposante des anglo-arabes
« C’est la rencontre avec Didier Guillemin qui m’a lancé dans les anglo-arabes. Et c’est différent avec eux : on les achète à la fin d’année de 2ans et, début d’année de 3ans, ils sont sur 2.000m, 2.400m. S’ils arrêtent à 5ans, on peut aller sur les obstacles. On peut raconter des histoires avec les anglos et personne ne va venir vous les acheter (rires) ! C’est très agréable, il n’y a pas de pression. C’est un microcosme, ce qui me va très bien : j’arrive à reconnaître les gens… Je vais au Grand Show tous les ans, à La Teste : c’est magnifique, les gens sont super gentils. Et cela me permet d’avoir plus de chevaux que je peux me le permettre chez Didier Guillemin. Les budgets ne sont pas les mêmes. Les anglos, c’est reposant ! »
Trot, plat ou galop pour un nouveau propriétaire ?
« C’est une question que beaucoup de gens m’ont déjà posée. Aujourd’hui, sans aucun souci, je réponds chez les anglo-arabes : vous pouvez acheter plus de chevaux, les acheter un an plus tard et ils courent six mois après. Et ils vont aux courses ! Je pense que cela vous permet de vous familiariser avec le plat. Si l’anglo ne vous plaît pas, je pense que le gros intérêt du plat est de pouvoir acheter des chevaux à réclamer et courir tout de suite. Pour ceux qui n’ont pas forcément les moyens d’être sur plusieurs fronts, je leur dirais de commencer par les réclamers. En plat, surtout pas au trot ! »
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