.jpg)
Élevage / 28.05.2021
LE PROPRIÉTAIRE DE LA SEMAINE : La casaque Carion revient sur le devant de la scène avec Le Listrac
LE PROPRIÉTAIRE DE LA SEMAINE
La casaque Carion revient sur le devant de la scène avec Le Listrac
Par Christopher Galmiche
La casaque gros bleu brassards gris de la famille Carion a signé son retour au premier plan avec la brillante victoire de Le Listrac (Balko) dans le Prix Ferdinand Dufaure (Gr1), dimanche à Auteuil. Hubert Carion, accompagné de sa fille Sabine, nous a accordé un entretien quelques jours après son triomphe qui rappelle quelques-unes des grandes heures de l’obstacle français.
Pour quelqu’un qui a commencé à suivre les courses d’obstacle au milieu des années 90, la casaque d’Hubert Carion représentait ce qu’elle est toujours : le "classicisme" de la discipline. Elle a été portée par de nombreux bons chevaux "made in Carion" comme La Sabotière (Beaugency), gagnante du Grand Steeple-Chase d’Enghien (Gr2), Le Chablis (Sassanian), vainqueur du Prix Maurice Gillois (Gr1), Le Sauvignon (Morespeed), vendu après sa victoire dans le Prix Hardatit (L) pour courir sous les couleurs de David-James Jackson pour lesquelles il a enlevé huit Groupes dont deux Grandes Courses de Haies d’Auteuil (Gr1) et un Grand Prix d’Automne (Gr1), Monmiral (Saint des Saints), vainqueur de Gr1 à Aintree, Cerilly (Sassanian), le roi d’Enghien et bien sûr Le Listrac… C’est avec émotion qu’Hubert Carion s’est remémoré la victoire du fils de Balko (Pistolet Bleu) : « Je ne pensais peut-être pas qu’il allait gagner, mais je me disais qu’il allait très bien courir. On espère toujours faire un bon résultat. C’est vrai qu’il a une belle pointe de vitesse, mais il faut toujours de la vitesse, surtout pour terminer la course (rires). C’est le coup de reins pour terminer la course qui fait tout. » Quelques-uns des meilleurs représentants de la famille Carion ont été vendus. Mais ce n’est pas le cas de Le Listrac. « J’avais envie de garder Le Listrac. Je pense qu’il va encore nous donner satisfaction. » Hubert Carion n’hésite pas à aller chercher des étalons de qualité pour ses juments. Pour Le Listrac, il avait jeté son dévolu sur Balko. Mais il nous a dit : « En choisissant Balko pour le croiser à Margonote (Poliglote), je n’avais pas pensé qu’il ferait Le Listrac. J’avais surtout pensé que c’était un étalon intéressant pour ma jument. » Le Listrac a une petite sœur qui s’appelle For Mary (Masterstroke). Elle est yearling.
Viser le haut de gamme chez les étalons. Lorsque l’on regarde les étalons choisis pour croiser avec les juments de l’élevage Carion, il n’y a que du haut de gamme. L’éleveur du Centre-Est, basé à Meaulne, devenue Meaulne-Vitray, recherche toujours les bons sires même s’il faut y mettre le prix. « Nous avons toujours essayé d’avoir des étalons têtes de liste, de bons étalons qui sont un peu chers. Mais si on veut avoir de bons chevaux, il faut absolument aller à des saillies qui sont pour certains très chères. Je préfère avoir moins de juments et les mettre à de bons étalons. Je fais saillir une année sur deux et je n’ai jamais plus de quatre à sept ou huit poulains par an. On ruine les juments en les faisant saillir tous les ans ! Le nombre de poulinières ne signifie rien. Il faut juste que le produit soit bon. Je ne veux pas produire beaucoup de chevaux. Ce qui m’intéresse c’est d’en produire des bons que l’on soigne spécialement ! » Parmi les bonnes juments qui ont réintégré leur lieu de naissance pour y officier comme poulinière, il y a bien sûr La Doix (Youmzain), lauréate du Prix d’Arles (L) 2020. « Je vais faire saillir La Doix en 2022, mais je ne sais pas encore par quel étalon. C’est une petite jument donc il faudra que je trouve un étalon costaud. »
Cent pour cent avec François Nicolle. Tout au long de sa vie hippique, Hubert Carion a collaboré avec plusieurs entraîneurs. Il a désormais tous ses chevaux chez le professionnel de Saint Augustin, tout en faisant confiance à Armel Le Clerc pour le pré-entraînement. « J’ai été content de trouver François Nicolle. J’ai travaillé avec Jehan Bertran de Balanda et Thomas Trapenard avec qui ça fonctionnait très bien. Ensuite, nous avons eu quelques problèmes. Un beau jour, j’ai téléphoné à M. Nicolle. Il m’a dit de venir le voir et je lui ai mis tous mes chevaux. Je ne veux plus en mettre ailleurs car c’est un drôle de métier. Je connais beaucoup de gens qui aimeraient avoir des chevaux et ils ne trouvent pas d’entraîneurs qui leur conviennent. »
Les grands crus, une marque de fabrique. Les élèves de la famille Carion sont repérables sur un programme, notamment les poulains qui portent souvent des noms de grands crus. C’était le cas par exemple de Le Sauvignon ou encore de Le Listrac. « Cela m’amuse de donner des noms de grands crus notamment à mes poulains. J’étais dans les bois de tonnellerie. Un beau jour, je me suis dit : "Tiens, je vais mettre des noms de vins." J’ai commencé avec Le Sauvignon et ça a bien marché d’emblée ! »
Chambolle, la suite de Monmiral. Après le phénomène Monmiral, meilleur 4ans anglais sur les claies cette saison, sa mère, Achère (Mont Basile), a eu une femelle. Une autre poulinière de cette souche a été gardée à l’élevage. « Monmiral n’était pas particulièrement grand lorsqu’il était jeune. Il était plutôt petit. Après Monmiral, il y a eu Chambolle (No Risk at All) qui est la dernière née. Achère, la mère de Monmiral, a une femelle qui s’appelle Lacaune (Turgeon) que nous avons gardée comme poulinière. »
Le Sauvignon a été un hurdler exceptionnel qui a marqué une époque. Forcément, lorsque l’on demande à Hubert Carion son meilleur souvenir, c’est le nom de ce champion qui ressort automatiquement. « Jusqu’à maintenant, nos plus belles victoires ont eu lieu avec des chevaux que nous avons exportés. Le Sauvignon a été mon premier champion. C’est lui qui m’a fait le plus plaisir au départ. Après, il y a eu aussi Le Chablis qui a eu malheureusement des problèmes. Ce qui me fait plaisir, c’est quand j’ai un bon cheval et que M. Nicolle est content de mes chevaux. »
D’Aile Volante à La Sabotière en passant par la vente Boussac. Hubert Carion a débuté dans le monde des courses et de l’élevage il y a plus de cinquante ans. Son travail a payé puisqu’il a été Cheval d’Or en 2000 et 2002 dans la catégorie des éleveurs en obstacle. Il a d’ailleurs très souvent fini sur le podium sur ce créneau. Et en tant que propriétaire, il a notamment conclu deuxième du classement en 2002. Sur ses débuts dans les courses, il nous a raconté : « Je me suis lancé dans les courses et l’élevage dans les années 70. J’ai toujours eu des chevaux, mes parents en avaient. Ce n’était pas des chevaux de courses, mais des chevaux de promenade. Nous avons commencé ainsi. J’ai eu ensuite une pouliche qui s’appelait Aile Volante (Flying Relic) qui a donné La Vernigeole (Château du Diable) [lauréate sur les haies d’Auteuil et gagnante du Grand Steeple de Lyon pour l’entraînement Balanda, ndlr]. Ensuite, j’ai eu Almaida (Abdos), la mère de La Sabotière (Beaugency). J’ai acheté beaucoup de chevaux à la vente Boussac qui avait eu lieu à Deauville. J’ai eu le tort à l’époque d’acheter pas mal de chevaux car je trouvais que ce n’était pas cher. Mais j’aurais dû en acheter moins et acquérir les meilleurs. J’ai fait une faute (rires) ! J’ai malgré tout pu développer de bonnes souches. »
Vous aimerez aussi :

Le haras de Beaumont sponsorise les Rêves d’Or
Photo : Sealiway (L. Torres) Le haras de Beaumont, propriété de la famille Chehboub, devient le sponsor officiel du Prix des Rêves d’Or - Jacques Bouchara (L) qui se...
21 avril 2023
Blessé, No Risk At All ne pourra plus saillir cette année
Blessé, No Risk At All ne pourra plus saillir cette année L’étalon du haras de Montaigu, No Risk At All (My Risk) s’est blessé au paddock. Son entourage a...
14 avril 2023