Le mot de la fin : Nijinsky

Le Mot de la Fin / 19.07.2021

Le mot de la fin : Nijinsky

Billy Wilder l’est un des plus grands cinéastes du XXe siècle. Il est notamment l’auteur de la cultissime scène de Sept ans de réflexion, où l’aération de la grille de métro soulève la robe blanche de Marilyn Monroe…

L’homme avait une extrême sensibilité et un humour caustique, typiques de l’intelligentsia juive ashkénaze qui marquera le cinéma américain, d’Ernst Lubitsch à Woody Allen. Dans Billy Wilder et moi, qui vient de paraître chez Gallimard et dont nous vous recommandons la lecture, l’écrivain anglais Jonathan Coe en donne un exemple hilarant en lien avec notre univers :

« Nijinsky était un célèbre danseur classique (…) mais il est devenu dingue. Il a terminé en asile psychiatrique, en proie à un terrible délire. (…) Billy Wilder avait rendez-vous, un jour, avec un producteur. Et il lui a dit qu’il voulait faire un film sur Nijinsky. Alors il a raconté toute l’histoire de la vie de Nijinsky au producteur, et ce type l’a regardé, horrifié, en disant : "Vous êtes sérieux ? Vous voulez faire un film sur un danseur classique ukrainien qui finit par devenir fou et passe trente ans en hôpital psychiatrique, convaincu d’être un cheval ? " Et Billy répondit : "Oui, mais dans notre version de l’histoire, ça se termine bien. Il finit par gagner le Kentucky Derby." »

En piste, Nijinsky II – le cheval au nom si bien choisi – remporta les Dewhurst Stakes à 2ans, puis la Triple couronne anglaise, le Derby irlandais et les King George. Il dispute à Sea Bird le titre de cheval du siècle. Et son histoire, pour en revenir à Billy Wilder, n’est pas sans lien avec le cinéma puisque son propriétaire, Charles W. Engelhard Jr, inspira l’un des plus fameux méchants de James Bond : Goldfinger.