Courses / 15.05.2022

Emirates Poule d’Essai des Pouliches (Gr1) : Mangoustine, le premier classique de Tony Parker

Longchamp, dimanche

1re       MANGOUSTINE

2e        CACHET

3e        TIMES SQUARE

Seulement un an après avoir commencé à investir dans les courses, Tony Parker remporte son premier classique, l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches (Gr1), avec Mangoustine (Dark Angel) ! Le 12 mai 2013, si vous étiez à Longchamp, vous aviez assisté à la victoire de Flotilla (Mizzen Mast), la tante de Mangoustine, qui est toujours, ce soir, la détentrice du record de la course... Nommée Mangoustine par Alizé Lim – la compagne de Tony Parker – en référence au mangoustan, un fruit qu’ils avaient tous les deux apprécié lors d’un voyage, la pouliche a également mis à l’honneur Alexandre Giannotti, l’écurie des Monceaux et Qatar Racing Limited.

Le Diane, non ; les Coronation, peut-être…

Lors de l’édition 2013, Flotilla avait offert une première Poule d’Essai des Pouliches à son entraîneur, Mikel Delzangles. Neuf ans après, c’est au tour de Mangoustine de lui apporter un deuxième sacre. Lauréate pour ses débuts à Deauville, à 2ans, dans le Prix de la Reboursière (Inédites), Mangoustine avait rapidement montré qu’elle disposait d’un sérieux moteur sous la férule de Frédéric Rossi... Enchaînant ensuite avec un facile succès dans le Critérium de Lyon (L), elle avait conclu son année de 3ans par une victoire, en terrain très souple, dans le Prix Miesque (Gr3). Transférée durant l’hiver dans les boxes de Mikel Delzangles, Mangoustine venait d’effectuer une rentrée encourageante dans le Prix de la Grotte (Gr3). Mettant certainement un petit peu de temps pour sortir de l’hiver, elle finissait troisième.

Dimanche, elle s’est retrouvée en troisième épaisseur dès le départ. Bien posée sous la main de son jockey, Gérald Mossé, Mangoustine semblait aller librement à l’entrée de la ligne droite... Et une fois qu’elle a été actionnée à 300m du but, elle a su résister à la contre-attaque de Cachet (Aclaim) et de Times Square (Zarak), s’imposant finalement d’une tête. Encore sous le coup de l’émotion, Mikel Delzangles a confié au sujet de sa pensionnaire : « Ce n’est pas toujours le parcours que l’on rêve d’avoir, mais elle n’a pas été gênée. L’année dernière, nous avions un petit doute sur sa tenue. Est-ce qu’elle tenait vraiment 1.600m ? Avec le parcours qu’elle a eu, nous avons vu qu’elle est allée jusqu’au bout de ses 1.600m. Elle a été dure au combat parce que ce n’était pas gagné, l’anglaise s’est accrochée. C’est une super pouliche. Je ne pense pas qu’elle tienne plus. Sa rentrée dans le Prix de la Grotte était vraiment bonne. J’ai commis l’erreur de courir sa tante Flotilla dans le Prix de Diane. Je ne referai pas cette erreur deux fois. Côté maternel, le mile, c’est vraiment leur truc. Désormais, la logique voudrait qu’on aille vers les Coronation Stakes (Gr1) à Ascot. Cela étant, cette course anglaise requiert beaucoup plus de tenue... Après quelques années un peu creuses, la forme est revenue. C’est une grosse satisfaction ! »

Tony Parker rêve les yeux ouverts...

Dans le Critérium de Lyon, Mangoustine avait offert une première victoire black type à Tony Parker et à son écurie, Infinity Nine Horses dont la première partante, Best Win (Red Dubawi), s’était classée troisième du Prix Vulcain (L). Doublement représenté au départ de la Poule d’Essai des Pouliches après seulement un an, c’est avec une certaine fierté que l’ex-basketteur s’est confié à nous : « C’est énorme. Franchement, c’est énorme ! C’est l’une des plus belles courses françaises, et la gagner au bout d’un an, c’est énorme. Je veux remercier tout le monde. On va voir comment elle va récupérer de cette course, mais ça donne envie de rêver. Aujourd’hui, j’ai invité tout le monde dans la loge afin qu’ils puissent profiter de ce spectacle ! J’ai ressenti la même émotion que lors d’un match de NBA ! En arrivant dans l’univers des courses, j’ai rencontré des personnes passionnées. J’ai toujours aimé fédérer. Avec Mangoustine, nous avons créé toute une équipe autour d’elle... Voir le sourire sur le visage des gens, c’est vraiment magique. Je trouve qu’il y a énormément de similitudes avec le monde du basket. Je tiens à remercier tout le monde qui a interagi autour de Mangoustine. Remporter une Poule d’Essai avec l’une de mes pouliches, c’est évidemment prometteur pour mon élevage. Depuis le début de l’aventure, j’ai toujours insisté sur le fait que j’étais là sur le long terme. En investissant dans le haras de Quétiéville, je l’ai également montré. Best Win (Red Dubawi) était ma pionnière. En prenant la sixième place, Zelda (Zelzal) montre aussi que c’est une pouliche incroyable... Je me bats énormément pour l’égalité hommes/femmes ! Faire monter Coralie Pacaut dans la Poule, c’était vraiment une volonté de ma part. Je suis très fier d’elle. Coralie a monté une excellente course. »

C’est aussi un triomphe pour Alexandre Giannotti !

Propriétaire à hauteur de 25 % de Mangoustine, Alexandre Giannotti a lui aussi vécu une incroyable journée ! Actuellement copropriétaire de cinq chevaux répartis chez cinq entraîneurs différents, c’est avec une voix empreinte d’émotion qu’il nous a dit : « Franchement, je n’ai pas de mots pour décrire cette victoire. Je savais que la pouliche avait les capacités pour remporter une telle course. Mais de là à passer le poteau en tête, je ne m’y attendais pas ! À 2ans, Mangoustine avait montré de sérieux moyens. Cela étant, il n’est jamais évident de confirmer à 3ans. Elle a eu un peu de mal à sortir de son hiver. Dans la Grotte, nous savions qu’elle n’était pas encore à 100 %... C’est exceptionnel ! S’il n’y avait pas eu une part à vendre lorsqu’elle est arrivée à Calas, je n’aurais jamais pu gagner cette course ! Je suis arrivé dans les courses par hasard. De connaissances en connaissances, j’ai acheté un bout de cheval, puis deux, et ainsi de suite ! Au quotidien, je suis commerçant. Je possède des magasins de literie dans la région de Marseille. »

La mère a été vendue à la vente d’élevage 2019

Avant Mangoustine, Zotilla (Zamindar) n’avait donné aucun gagnant en trois produits. Henri Bozo, le directeur du haras des Monceaux, avait donc logiquement inscrit la poulinière à la vente d’élevage 2019. Vendue 75.000 € à Blue Diamond Stud, Zotilla a finalement donné un gagnant classique trois ans après... Restant très sport, Henri Bozo a confié : « Elle est très bonne, simplement... Elle compte quatre victoires en cinq sorties. Mikel l'a parfaitement amenée vers la Poule d'Essai : elle a fait une bonne rentrée, en n'étant pas à 100 %. Il savait parfaitement où il allait et nous avons vécu la préparation en grande confiance. Il faut remercier Frédéric Rossi, qui l'a respectée à 2ans. C'est un grand plaisir pour toute l'équipe au haras. Elle a été vendue à Deauville, où nous avions racheté les parts d'un partenaire et nous avons créé un nouveau partenariat autour d'elle. C'est génial de gagner pour un partenariat entre nous, Qatar Racing, Alexandre Giannotti et Tony Parker : des nouveaux venus et des personnes plus confirmées dans les courses... C'est le but de tout cela ! La mère a été vendue quand j'ai fait la sélection de la jumenterie – peut-être trop rapidement –, mais je suis ravi pour son nouveau propriétaire. Et nous avons une belle pouliche, avec de la vitesse, entre nos mains pour une future carrière de poulinière. »

Gérald, vingt-quatre ans après Zalaiyka

Gérald Mossé avait déjà remporté la Poule d’Essai des Pouliches. C’était en 1998 avec Zalaiyka (Royal Academy), une élève et représentante de Son Altesse l’Aga Khan. Chez les poulains, l’homme aux "gants blancs" a déjà épinglé trois éditions avec Ashkalani (Soviet Star), Daylami (Doyoun) et Sendawar (Priolo), lauréats des éditions 1996, 1997 et 1999. Encore à cheval, le pilote âgé de 55 ans a expliqué au micro d’Equidia : « Ce n’est pas Gérald Mossé "l’éternel". Je viens d’avoir la satisfaction comme si je venais de gagner mon premier Gr1. On était à Lyon hier, on est aujourd’hui à Longchamp. Le plus important, c’est de passer le poteau. Je me suis donné toutes les chances d’avoir un bon parcours et après, elle fait la différence. Mangoustine a répondu présent. Elle a un gros, gros moteur. Elle le fait en championne car je n’ai pas eu le parcours idéal. Mas on ne s’est pas affolés. Elle a lâché la bride dans la fausse ligne droite, et elle a bien respiré. À l’entrée de la ligne droite, pour moi, c’était déjà bouclé parce que j’allais beaucoup mieux que tout le monde sans lui avoir demandé quoi que ce soit. Ça me fait plaisir de gagner pour Mikel Delzangles et pour Tony Parker, qui est récent dans le milieu. Il le mérite, il fait beaucoup d’efforts. Je ne peux vous dire la satisfaction que tout le monde doit ressentir dans l’écurie et dans l’équipe. Mais, en tout cas, merci à eux car je n’ai pas fait grand-chose. On avait préparé ça minutieusement dans le Prix de la Grotte. Elle est troisième sans que je ne force. Aujourd’hui, quand je lui ai demandé, elle a produit une vraie accélération. Comme les championnes ! »

Encore une sacrée performance pour Cachet

Deux semaines après sa victoire acquise dans les 1.000 Guinées (Gr1) à Newmarket, l’entourage de Cachet avait rapidement envisagé une éventuelle participation à la Poule. Dimanche, dans le rond de présentation, la représentante d’Highclere T.R.-Wild Flower  un syndicat de propriétaires managé par Harry Herbert  était magnifique, faisant rapidement taire les doutes sur son éventuel manque de fraîcheur. Animant la course comme lors de ses précédentes sorties, Cachet est entrée dans la dernière ligne droite avec une franche longueur d’avance sur ses rivales. Dominée dans les derniers mètres de course par Mangoustine, elle est tout même parvenue à repousser Times Square, terminant deuxième. Après la course, son jeune entraîneur, Georges Boughey, a confié au sujet de sa pensionnaire : « Elle réalise encore une performance incroyable, tout juste deux semaines après sa victoire dans les Guinées. Elle a dû faire tout le travail devant, ce n'est pas simple. À un moment, j'ai cru qu'elle allait finir plus loin mais elle se relance pour finir. James l'a parfaitement montée avec un numéro de corde pas idéal. Je suis persuadé qu'elle gagnera une autre grande course. Direction les Coronation Stakes maintenant ! »

Times Square se rachète

À une courte tête de Cachet, Times Square s’empare de la troisième place. Troisième, à 2ans, du Critérium du Fonds Européen de l'Élevage (L), la représentante d’Allan Belshaw avait ensuite épaté en prenant la deuxième place du Qatar Prix Marcel Boussac (Gr1), derrière l’intouchable Zellie (Wootton Bassett). Finalement, il fallait oublier sa rentrée dans le Prix de la Grotte (Gr3), où elle s’est montrée trop brillante, terminant septième. Satisfait du comportement de sa pensionnaire, Christophe Ferland a dit : « Il est évident que j'aurais signé avant la course pour cette troisième place. Mais si la piste avait été un petit peu plus souple, cela aurait vraiment avantagé Time Square. Cette performance est quand même superbe. La pouliche efface sa rentrée, qui était assez moyenne. Le matin, elle avait très bien travaillé, donc nous sommes allés sur cette course sans inquiétude. Désormais, nous allons suivre le plan, c'est-à-dire courir le Prix de Diane (Gr1). C'est une vraie pouliche de Gr1. Elle l'avait prouvé à 2ans dans le Marcel Boussac. Time Square ne fait que confirmer. »

Rosacea avec des excuses

Suite à son impressionnant succès dans le Prix de la Grotte, Rosacea (Soldier Hollow) était, au papier, notre meilleure chance. Contrairement à ses précédentes sorties, elle a profité de son numéro de corde (1) pour être montée plus près dans le parcours. Mais, à l’entrée de la ligne droite, l’élève et représentante du haras de la Pérelle a été vraiment gênée par une pouliche anglaise, ce qui l’a coupée dans son élan. Elle a tout de même, sur sa classe, fini bonne quatrième. De retour aux balances, Stéphane Wattel confiait : « Je n'ai pas encore pu revoir la course, donc je ne peux pas dire grand-chose, mais Théo [Bachelot, jockey de Rosacea, ndlr] m'a dit qu'il avait pris un coup de tampon à l'entrée de la ligne droite... »

Daisy Maisy confirme

L’an passé, Daisy Maisy (Wootton Bassett) a pris la deuxième place dans le Haras de Bouquetot - Critérium Arqana, derrière l’intouchable Purplepay (Zarak), et a battu des mâles comme My Fancy (Myboycharlie) et Texas (Wootton Bassett), ce dernier finissant deuxième de l’Emirates Poule des Poulains (Gr1). Dernièrement, pour sa rentrée dans le Prix de la Grotte, la représentante de madame Gitte Poulsen-Allaire et de Philippe Allaire avait affiché ses prétentions en prenant une bonne deuxième place, n’étant certainement pas encore à 100 % ! Dimanche, légèrement hésitante à la sortie des stalles, Daisy Maisy a ensuite suivi toute la course la future lauréate, Mangoustine. Ayant un beau passage à 300m du but, elle termine finalement cinquième, à moins d’une longueur de la gagnante ! Après la course, son entraîneur, Yann Barberot, a dit : « Daisy Maisy court très bien. Je pense que le terrain était un petit peu léger pour elle. Elle fait sa course, elle a le niveau mais nous sommes battus... » L’entraîneur deauvillais avait aussi Sicilian Défense (Muhaarar) dans la course, 7^e sur le poteau : « Pour elle, la course a manqué un peu de rythme. Elle a beaucoup de vitesse, donc il faut des courses plus sélectives. »

La montée en puissance des filles de Louvain

Élevée par l'écurie des Monceaux, Lordship Stud et Qatar Bloodstock, Mangoustine a été acquise 46.000 € par David Redvers en septembre 2020, chez Arqana. C'est une fille de Dark Angel (Acclamation), remarquable vecteur de vitesse et de précocité (mais pas que), qui fait la monte à Yeomanstown Stud en Irlande. Mangoustine est le quatrième produit de Zotilla (Zamindar), qui a conclu cinquième lors de son unique sortie à 3ans, sur les 1.700m de Longchamp. C'est aussi le premier partant de la jument. Elle un 2ans par Zoustar (Northern Meteor), qui est passé sur le ring du book 2 de Tattersalls, étant acheté 35.000 Gns par Sam Sangster.

La deuxième mère, Louvain (Sinndar), deuxième du Prix des Jouvenceaux et des Jouvencelles (L), a gagné les Miesque Stakes (Gr3, 1.600m) aux États-Unis. Elle a été poulinière pour les Capucines avant d’être vendue à Al Shahania. On lui doit notamment Flotilla (Mizzen Mast), gagnante de la Poule d'Essai des Pouliches et du Breeders' Cup Juvenile Fillies' Turf (Grs1), et Big Five (Frankel), invaincu en cinq sorties à 3ans et à 4ans, lauréat notamment du Prix Right Royal (L). Flotilla, pleine de Sea the Moon (Sea the Stars), a été vendue 105.000 Gns à Blandford Bloodstock lors de la plus récente vente d'élevage Tattersalls, dans le cadre de la dispersion partielle d'Al Shahania Stud.

Les filles et petites-filles de Louvain font parler d'elles. Elle est en effet (déjà) l'aïeule de Crossfirehurricane (Kitten's Joy), un temps espoir classique et vainqueur des Gallinule Stakes (Gr3, 2.000m), My Generation (Speightstown), gagnante des Patton Stakes (L, 3ans, 1.600m) à Dundalk, et Jack and Noah (Bated Breath), un triple lauréat de Listed qui est passé à 35 centièmes du record des 1.200m de Belmont Park.

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Du Départ à 1.000m : 38’’24

De 1.000m à 600m : 23’’54

De 600m à 400m : 11’’47

De 400m à 200m : 11’’02

De 200m à l’arrivée : 11’’45

Temps total : 1’35’’72