
Institution / Ventes / 02.05.2022
Le cachet classique de John Bourke
Par Adeline Gombaud
Les cours accueillant les 2ans de la breeze up Osarus commençaient à se vider dimanche soir quand un homme, pourtant un grand gaillard, avait besoin de l’appui de la lice pour répondre à son téléphone qui ne cessait de sonner. Cet homme, c’est John Bourke, et son élève Cachet venait de gagner les 1.000 Guinées. Trop ému pour nous répondre dans la foulée, il nous a donné rendez-vous le lendemain matin.
C’est depuis les locaux d’Osarus que John Bourke a vécu sa première victoire classique en tant qu’éleveur. L’Irlandais est en effet à La Teste depuis plusieurs jours, surveillant la dizaine de 2ans devant passer sur le ring mardi sous la bannière Hyde Park Stud. Dans le box qui lui sert de sellerie, gardant un œil sur son équipe, il préfère commencer par parler de l’avenir que du passé. « Ce qui compte aujourd’hui, ce sont les poulains qui vont breezer cet après-midi et qui seront vendus demain. C’est pour ça que ma place était ici, à La Teste, plutôt qu’à Newmarket, même si bien sûr, j’aurais aimé assister à ce succès. Le but est de revenir avec un camion vide ! La Teste, c’est loin de chez nous, mais j’aime cette vente, j’aime l’équipe d’Osarus et ils méritent qu’on les soutienne. Cela fait plusieurs années que je présente des 2ans chez Osarus. Cette année, j’en ai dix. Pour cette vente, j’emmène des 2ans précoces, qui seront prêts à débuter très rapidement. »
John Bourke est un homme occupé. Il a vendu des 2ans à Tattersalls, lors de la Craven et de la Guineas breeze up, à Goffs, et il en présente deux la semaine prochaine chez Arqana. « Nous sommes arrivés sur le circuit des breeze up il y a une quinzaine d’années. Au début, nous présentions seulement quelques lots, puis au fur et à mesure, nous avons augmenté notre consignment. Aujourd’hui, nous présentons environ 55 poulains par an. C’est un métier stressant, et nous prenons des risques financiers, mais plutôt mesurés en ce qui me concerne. D’abord parce que lorsque j’achète un yearling, j’essaie de me fixer un budget raisonnable, entre 10.000 € et 15.000 €, ensuite parce que j’en élève aussi beaucoup moi-même ! »
Classique, avec une mère achetée 3.000 Gns. L’élevage, c’est ce qui nous intéresse justement. John Bourke commence tout juste à réaliser mais depuis dimanche, il est un éleveur classique ! Il a une trentaine de juments dans son haras situé à une heure de Dublin, qu’il a acquis il y a vingt ans, et il accueille aussi quelques juments de clients. « Le premier à m’avoir appelé, cela a été mon fils. Il a quatorze ans et il était comme un fou ! J’avoue que les larmes ont coulé… Nous avons fêté cela avec mon équipe hier soir, mais en restant raisonnable. Il y avait beaucoup de boulot aujourd’hui, et encore plus demain… » L’histoire de Cachet, c’est de la magie pure. En décembre 2018, John Burke est à Tattersalls à la recherche de poulinières pour son élevage. On l’a compris, il n’est pas homme à dépenser des centaines de milliers de Guinées dans une jument. « Poyle Sophie, la mère de Cachet, je l’ai achetée 3.000 Gns. Teofilo, son père, n’était pas très à la mode, et il fallait remonter à la deuxième mère pour trouver du caractère gras. J’ai surtout acheté la jument parce qu’elle était pleine d’Aclaim. Je fais souvent des paris sur les étalons de première production. C’était son cas. »
Une reine. Poyle Sophie pouline quelques semaines plus tard d’une pouliche très massive. « Elle avait déjà eu deux poulains avant que je ne l’achète. Quand elle est née, Cachet était vraiment un foal énorme et le poulinage n’avait pas été très facile. Je l’avais inscrite yearling à la vente d’Ascot, mais personne n’en avait voulu, et je l’ai rachetée pour 14.000 Gns. Ma réserve était de 15.000 Gns… Je me suis dit que j’allais la préparer pour les breeze up. Tout de suite, nous avons vu qu’elle n’était pas commune. Elle ne nous a jamais posé de problème, et elle avait une action magnifique, et surtout un tempérament incroyable. C’est une reine, ma reine ! C’est un pur hasard, mais à l’écurie elle occupait le box de Mystery Angel, que j’avais vendue l’année précédente à Nick Bradley et qui avait, pour le même entraîneur, pris la deuxième place des Oaks… Cachet avait bien breezé et j’étais ravi de la vendre 60.000 Gns à Jack Warren lors de la Craven breeze up. C’était déjà un excellent retour sur investissement ! Jack Warren l’a achetée pour Highclere et elle a été le premier cheval de ce syndicat à aller chez Georges Boughey, un jeune entraîneur installé à Newmarket. Les acheteurs et les entraîneurs sont très important pour nous, éleveurs : ce sont eux qui vont mettre en valeur notre production ! George Boughey est un très bon professionnel, très minutieux et concentré. Maintenant la pouliche devrait aller sur les Coronation Stakes, et en fin d’année sur la Breeders’ Cup. L’an dernier, elle avait fait un drôle de truc dans la Juvenile Fillies Turf. Elle a couru huit fois à 2ans, et gagne les Guinées : il faut être une pouliche de fer pour réaliser cela !»
Toujours le regard tourné vers l’avenir, John Bourke cherche son portable : il veut nous montrer son nouveau trésor. Poyle Sophie a pouliné il y a une dizaine de jours d’un mâle de Mehmas : « Mon frère, qui n’habite pas loin, est venu au haras pour surveiller tout cela, pendant que j’étais aux ventes… Le foal est énorme lui aussi. L’an dernier, elle a eu une femelle de Cotai Glory qui devrait passer en vente. Peut-être que cette année, nous retournerons à Aclaim. Après tout, le croisement n’a pas si mal fonctionné ! »
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