Les King George, une course si difficile pour les femelles

International / 20.07.2022

Les King George, une course si difficile pour les femelles

Samedi, Dettori sera en selle sur Emily Upjohn. Une super pouliche. Pourtant ne vous y trompez pas. Gagner les King George avec une femelle, c’est vraiment très difficile.

Par Franco Raimondi

Un jour, Enable (Nathaniel) est descendue du ciel. Et ce jour-là tout a changé pour les King George VI & Queen Elizabeth Stakes (Gr1). C’est une course très difficile à gagner pour les femelles (plus que l’Arc même). Et pourtant, la divine pouliche l’a gagnée trois fois. Mercredi, Lanfranco Dettori nous a expliqué : « Après les Oaks (Gr1), Enable s’est transformée. Dans les Oaks d’Irlande (Gr1), je l’avais montée avec un seul bras, car je venais de rentrer après une fracture à l’épaule ! Et elle avait fait un truc fou. Le jour après la course, John Gosden est venu me parler. Et cela m’a fait à peu près le même effet qu’une bombe dans ma chambre à coucher. Et pour cause, il m’annonçait qu’elle allait courir – à deux semaines –  dans les King George, avec la décharge pour les femelles de 3ans. Je devais descendre en-dessous des 54 kilos… Heureusement, la victoire a été enthousiasmante ! Et la deuxième, deux ans et une blessure après, fut également magnifique. La troisième a été facile. Et lui a permis d'établir un record qui restera dans les annales…… »

Danedream après un long passage à vide

En dix ans, les femelles ont gagné cinq fois les King George. Grâce aux quatre victoires de John Gosden – les trois d’Enable et celle de Taghrooda (Sea the Stars) – sans oublier Danedream (Lomitas) en 2012. Cela étant dit, n’oublions pas que la gent féminine a connu un passage à vide de vingt-neuf ans avant la victoire de la flamboyante pouliche allemande ! Et Time Charter (Saritamer), lauréate en 1983, était une pouliche prise en 130 chez Timeform… Danedream a été une bénédiction pour le galop allemand. Et elle reste la seule femelle à avoir gagné les King George la saison suivant son succès dans l’Arc. Deux français, Hurricane Run (Montjeu) et son père, Montjeu (Sadler’s Wells), ont triomphé à Ascot après leur succès en France.

Leur taux de réussite est meilleur dans l’Arc

Les femelles ont gagné 11 des 71 éditions (15,4 %) des King George. Sur la même période, elle ont remporté 18 Arc (25,3 %). La différence est encore plus grande si on considère les places dans les trois premiers : 24 à à Ascot (11,2 %), 60 à ParisLongchamp (28,1 %). Trois (sublimes) championnes ont couru sans gagner les King George : Petite Étoile (Petition), Oh So Sharp (Kris) et Triptych (Riverman). Rien que ça.

Les huit semaines d’or de Pawneese

Les pouliches et juments françaises ont remporté trois victoires. La dernière est celle de Pawneese (Carvin) en 1976. Sa campagne de printemps-été fut exceptionnelle : course de rentrée, Pénelope (Gr3) et Cléopâtre (Gr3), trois courses corde à droite pour préparer (un triomphe dans) les Oaks.

Neuf jours après Epsom, le Prix de Diane (Gr1). Dans les King George, elle était opposée à deux français. Malacate (Lucky Debonair), gagnant du Derby d’Irlande (Gr1), avait battu au Curragh deux autres partants dans les King Georges : l’autre français Empery (Vaguely Noble), lauréat du Derby d’Epsom, et celui du Prix du Jockey Club Youth (Ack Ack). Pawneese a gagné de bout en bout. « Un exploit » comme le relate le Racehorse of 1976, pourtant franchement porté sur la mesure dans ses commentaires. Après trois Grs1 en huit semaines elle n'avait plus rien à donner.

Le doublé de Dahlia et la course du siècle

Deux ans avant Pawneese, l’immense Dahlia (Vaguely Noble), lauréate de onze Grs1, avait réussi un coup de deux. Sous la casaque de Nelson Bunker Hunt et l’entraînement du légendaire Maurice Zilber. En 1975, elle aurait pu gagner pour la troisième fois les King George. Quarante-cinq ans avant Enable. Mais elle est tombée sur une édition dantesque. Un combat des Dieux. La bataille entre Grundy (Great Nephew) et Bustino (Busted) fut en effet la course du siècle.