
Courses / 15.07.2022
De Hunter Valley à Onesto
De Hunter Valley à Onesto
Arrivée dans la discipline du trot en 2018, l’écurie Hunter Valley qui appartient à Matthieu Millet est en constante évolution... Investissant également au galop depuis trois ans, c’est finalement dans cette discipline que l’écurie a décroché un premier succès au plus haut niveau en tant que copropriétaire avec Onesto (Frankel), le lauréat du Grand Prix de Paris (Gr1). Rencontre avec un homme passionné dont l’envie de révolutionner l’univers des courses hippiques est très forte...
Par Thomas Guillmin
Jour de Galop. - Que ressent-on après avoir décroché un premier Gr1 toutes disciplines confondues ?
Matthieu Millet. - Je dirais que c’est un rêve qui se réalise. La course a vraiment été magique ! Je décroche un premier succès à ce niveau au galop, alors que j’ai beaucoup plus de trotteurs (rires) ! De plus, tous les associés qui gravitent autour d’Onesto s’entendent à merveille.
Est-ce une force d’être associé ?
Au vu de mes expériences jusqu’à ce jour, je préfère nettement l’association. Il faut bien avoir des gens avec qui l’on peut ouvrir le champagne (rires) ! Les victoires se fêtent. Nous créons beaucoup de groupes sur la messagerie en ligne WhatsApp pour nos poulains "Part de Rêve". Quand ils vont aller aux courses, tout le monde se rendra compte de ce que cela va représenter ! Le plus beau dans tout cela sera le partage...
Quel est le concept de "Part de Rêve" ?
En entrant dans ce milieu, j’ai compris qu’il était primordial de communiquer. Nous avons commencé par créer le site "Part de Rêve" qui nous permet de vendre en part nos yearlings bien nés. Ce dernier nous permet donc de nous associer au plus grand nombre pour un budget accessible, et tous frais payés. L’idée est de transformer ce site en place de marché internationale, afin que tout éleveur puisse générer le NFT (Non Fungible Token) de chacun de ses poulains pour les mettre en vente très facilement. Tous les passionnés de courses n’ont qu’un objectif : accéder au cheval, au rêve. L’idée principale est donc de pouvoir partager des pedigrees d’exception à un maximum de personnes. L’entité "Part de Rêve" évolue donc régulièrement.
Pour cela, nous avons mis en place deux stratégies : la première est de proposer le prix d’une part classique en euros et l’autre sous forme de NFT, payable en cryptomonnaie. Nous créons donc notre propre crypto, Equicoin, qui devrait être ouverte au marché très prochainement. Actuellement, nos premiers poulains débutent au trot. Si l’on prend un dix millième du poulain pour 300 ou 500 €, le rêve devient accessible à tout le monde. Pour ceux qui le souhaitent, il sera également possible de souscrire à hauteur d’un centième. Tout en sachant qu’il n’y a aucun autre frais à ajouter, puisque l’entraînement, le vétérinaire, le maréchal-ferrant et plus généralement tous les frais annexes sont intégrés. Puis, en fonction des résultats, les membres perçoivent des royalties sur les gains du cheval. Et si toutefois l’un des produits venait à devenir étalon, le porteur de part bénéficierait aussi d’une part de sa carrière d’étalon. L’idée finale du projet étant de proposer toutes les catégories de chevaux sur notre site (foals, yearlings, poulinières, saillies, étalons...), toutes les disciplines, et bien sûr partout dans le monde.
Pourquoi avoir débuté dans le trot ?
Tout a commencé par une rencontre avec mon voisin, Félix Dalisson, qui est éleveur de trotteurs. Il m’a vraiment transmis le virus des courses, son savoir, et j’ai commencé à m’impliquer ainsi. Mais, en réalité, les souvenirs sont bien plus lointains. Étant petit, je regardais le tiercé sur les genoux de mon grand-père...
Comment est venue l’idée de vous lancer au galop ?
En regardant les courses, tout simplement. En général, tout part d’une réflexion, un essai. Au galop, pour commencer, j’ai eu beaucoup de chance, car j’ai débuté dans la discipline avec Purplepay (Zarak). Ensuite, j’ai continué avec Auctavia First (Recorder), une pouliche généreuse mais qui n’a pu atteindre les belles courses. Puis, Jean-Étienne Dubois m’a proposé de rentrer dans l’association d’Onesto. Et vu l’œil de ce dernier, il fallait à tout prix dire oui (rires) ! Depuis ce jour, nous vivons une drôle d’aventure.
Sur tous vos galopeurs, vous êtes associé avec la famille Dubois. Quels sont vos liens ?
Personnellement, j’ai un profond respect pour Jean-Étienne et Jean-Pierre Dubois. Ce sont des personnes droites, honnêtes et sincères. Ils n’ont qu’une parole. À leurs côtés, j’apprends énormément en les écoutant. Puis, quand vous avez la chance de pouvoir parler à des personnes qui ont un tel talent et qui savent le transmettre en toute humilité, il faut simplement dire merci et profiter.
Quelles sont les différences entre être propriétaire au trot et au galop ?
Avant tout, le point commun est la passion ! Pour être tout à fait honnête, la première fois que je me suis rendu sur un hippodrome réservé aux galopeurs, c’était lors de la victoire de Vadeni ** (Churchill) dans le Prix du Jockey Club (Gr1). Plus sérieusement, au galop, les tenues sont nettement plus élégantes, les gens parlent beaucoup plus discrètement... Ce sont deux ambiances complètement différentes mais je les apprécie toutes.
Peu de temps après votre lancement au trot, vous avez acheté le haras de la Perrière. N’est-ce pas trop de pression de marcher dans les traces de Jean-Étienne Dubois ? L’idée de développer une structure multidiscipline est à l’étude ?
Il ne faut pas se mettre de pression sinon on ne fait pas grand-chose. La seule fois où elle est autorisée, c’est pour gagner. L’objectif est de préparer une belle écurie de course et d’élevage, aussi bien au trot, qu’au galop. Il faut savoir proposer à nos clients de très bons chevaux car nous en vendons beaucoup. Les résultats et la satisfaction des clients commencent à vraiment voir le jour, je suis donc très satisfait. Au galop, la première poulinière que nous avons achetée à la vente d’élevage Arqana se nomme Sun Bear (Dubawi). Petit à petit, je compte investir autant que dans le trot. D’abord, nous montons le cheptel, et ensuite nous ferons de notre élevage un commerce.
Quelles sont les personnes qui vous aident au quotidien ?
Jean-Étienne Dubois m’aide énormément, c’est la personne que j’appelle le plus lorsque j’ai besoin d’un conseil. Victor Langlais fait également partie de l’entourage de l’écurie. Enfin, Claire Billet-Legros a été recrutée pour suivre nos investissements pour les pur-sang. Elle suit tout l’effectif, ce qui nous permet des rapports bien précis.
En 2018, pour 400.000 €, vous avez acheté la propre sœur du champion Bold Eagle, Hunter Valley, chez les trotteurs... Qu’est-ce qui vous avait poussé à débourser une telle somme ?
Pour moi, ce sont uniquement les pedigrees qui parlent. Quand on construit quelque chose, il faut des fondations. Cela commence par le cheptel, les équipes, mais aussi des terres de qualité ! Il faut être dans le détail à tous les niveaux. L’entraînement et les qualités des pistes viennent après. Et je pense qu’en faisant tout cela, on se met sur les voies de la compétition. Quand on vient dans cet univers, soit nous sommes compétiteurs et on a l’envie de gagner, sinon on reste chez soi (rires).
Pourquoi avoir pris la décision de la nommer ainsi et ensuite d’étendre ce nom à votre écurie ?
Le nom vient évidemment d’une région australienne. Mais "Hunter" signifie "chasse" en anglais, je préfère l’évoquer plutôt sous l’aspect compétition. Hunter Valley a été achetée à Jean-Étienne Dubois qui, justement, vit en Australie. Son épouse, Karine, a trouvé ce nom. En discutant avec Jean-Étienne et mon épouse, nous avons pris la décision de nommer la jument et notre écurie ainsi. C’est en quelque sorte une manière de nous relier tous les quatre...
En 2022, à la vente de yearlings d’août Arqana, vous avez acheté pour 360.000 € une petite-fille de Royal Highness... Est-ce une volonté de vous investir autant au galop ?
Pour le moment, je suis passager clandestin de Jean-Étienne Dubois (rires) ! Étant donné qu’il n’est pas simple de tout apprendre d’un seul coup, je me fie entièrement à ses équipes. Cette année, nous avons envoyé quatre pouliches au débourrage. Notre sélection se fait dans le monde entier et, si quelque chose nous plaît, on n’hésite pas à y aller. Cela étant, je ne monte pas à cheval, mais j’arrive à comprendre le fonctionnement de cet univers. Au trot, nous sommes pour le moment au troisième rang chez les propriétaires ! On fait donc notre bonhomme de chemin petit à petit...
Que vous inspire la méthode d’entraînement des galopeurs ?
Évidemment, les galopeurs sont nettement plus proches du "sang". Ils sont complètement différents des trotteurs. Dans le trot, il y a un gros travail de réglages, et l’entraîneur a une part de responsabilité énorme dans tout ça. Il faut savoir bien assembler. Au galop, la qualité intrinsèque du cheval compte beaucoup plus. Les chevaux courent également beaucoup moins qu’au trot. Je trouve aussi qu’on accède beaucoup plus vite aux courses de Groupes, il y a moins de partants. La concurrence étrangère est nettement plus présente. Mais j’aime vraiment vivre les deux choses.
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