Courses / 21.08.2022

Darley Prix Jean Romanet (Gr1) : Aristia brise les derniers espoirs des français

Deauville, dimanche

1er       ARISTIA

2e        ROSSCARBERY

3e        EBAIYRA

C’était notre dernier espoir ! Las, aucun cheval entraîné en France n’est parvenu à remporter un Gr1 au cours de l’édition 2022 du meeting de Deauville Barrière... Pourtant, sur les huit partantes du Darley Prix Jean Romanet – avant le forfait de dernière minute de Ville de Grâce (Le Havre) pour refus de pénétrer dans sa stalle –, cinq étaient entraînées en France ! Aristia (Starspangledbanner) les a toutes crucifiées à la manière des forts, des très forts même...

De bout en bout !

Avec son numéro un dans les stalles de départ, Aristia n’a pas eu de mal à s’installer en tête de course. Rejointe à son extérieur par Rosscarbery (Sea the Stars), elle a mené à une allure régulière, sans plus. Attaquée sèchement par cette dernière à 600m du poteau, la pensionnaire de Richard Hannon a dû sortir le grand jeu pour la repousser jusqu’au bout ! En pouliche dure, Aristia l’emporte d’une encolure. Selon le tracking, elle a couvert ses 600 derniers mètres en 34’’64, faisant afficher 23’’04 dans les 400 derniers mètres. Courageuse, Rosscarbery n’a pas à rougir de cette deuxième place. Venue librement en pleine piste à mi- ligne droite, Ebaiyra (Distorted Humor) n’a rien pu faire face aux deux premières. Elle est troisième, une longueur un quart plus loin. Quant à la favorite et rentrante, Verry Elleegant (Zed), elle n’a jamais pu faire illusion, terminant septième et dernière...

Elle sera revue à Longchamp ou à Ascot

Gagnante en milieu d’année de 3ans, à York, des Lyric Fillies' Stakes (L, 2.000m), Aristia a franchi un cap en 2022. Cette année, pour sa rentrée, elle a échoué à une demi-longueur pour le succès dans les Middleton Fillies' Stakes (Gr2, 2.000m), toujours à York. Mais c’est surtout sa dernière sortie qui animait les débats sur l’hippodrome. Battue dans les Qatar Nassau Stakes (Gr1) par Nashwa (Frankel), la lauréate du Prix de Diane Longines (Gr1), elle arrivait avec une ligne solide au départ du Romanet. De retour aux balances, son entraîneur, Richard Hannon, a déclaré : « Elle méritait une telle victoire ! Elle a toujours répondu présent. Cette année, elle a fleuri assez tard, ce qui explique qu’elle arrive à son top-niveau fin août. Elle devrait faire un bel automne : elle est engagée dans le Prix de l’Opéra Longines (Gr1), lors du week-end du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, mais elle a aussi une course pour elle lors du Champions Day, à Ascot [le British Champions Fillies' and Mares' Stakes, ndlr]. »

Présente à Deauville pour assister à la victoire de sa représentante, Elizabeth "Bunny" Roberts a ajouté : « Je l’ai achetée yearling. Elle n’a pas couru à 2ans car c’était une jeune demoiselle avec du caractère ! Nous avons plusieurs petits problèmes avec elle, elle était assez sauvage jeune. Elle a couru plusieurs fois à 3ans, avec réussite, mais nous l’avons préservée. Nous avons toujours cru en elle, je savais qu’elle était exceptionnelle. Je l’ai toujours surnommée "ma Enable". Et je crois qu’elle commence à me dire : oui, je le suis. Je pense qu’elle ne va pas s’arrêter là et je suis enthousiaste pour le futur avec elle. Et j’ai très envie qu’elle reste à l’entraînement l’an prochain, à 5ans. C’est une première victoire de Gr1 pour elle. J’ai gagné un Gr1 en obstacle. Ma famille est impliquée dans les courses depuis 1916 : nous avons eu beaucoup de bons chevaux, dont Time Charter. C’est ma passion mais à présent, c’est devenu un business : il faut prendre cela avec sérieux désormais, il faut travailler dur pour que cela fonctionne. »

Rosscarbery a le choix des engagements

Avant le Prix Jean Romanet, Rosscarbery avait gagné cinq de ses six sorties en 2022, montrant à cette occasion qu’elle avait changé de dimension. Son seul échec est une disqualification de la troisième place dans les Pretty Polly Stakes (Gr1), pour un problème de poids de son jockey. Dimanche, elle décroche officiellement son premier podium de Gr1 ! Après la course, son entraîneur, Paddy Twomey, nous a confié : « Elle est battue mais je suis très heureux, tout simplement parce que c'est la meilleure performance de sa vie ! Elle avait été disqualifiée dans un Gr1 [les Pretty Polly Stakes, son jockey ne faisant pas le poids au retour de course, ndlr],  et aujourd'hui, elle est deuxième de Gr1. Elle est incroyable : c'était sa septième sortie de l'année et elle n'a décroché sa première victoire qu'au mois d'avril ! Elle progresse tout le temps et elle est d'une grande polyvalence : elle a gagné de 1.600m à 2.800m, sur la polytrack, en bon terrain, en terrain souple... Pour la suite, toutes les options sont ouvertes : elle est engagée dans le Prix de l'Opéra Longines et le Qatar Prix de Royallieu, et aussi lors de l'Irish Champion Weekend. Je pense que la distance idéale est de 2.400m mais elle sait tout faire. »

Ebaiyra a montré beaucoup de caractère

Récente troisième du troisième du Grosser Dallmayr-Preis - Bayerisches Zuchtrennen (Gr1), Ebaiyra n’a jamais conclu plus loin que troisième en six sorties cette année. Munie d’œillères australiennes pour la première fois dimanche, l’élève et représentante de Son Altessse l’Aga Khan a fait quelques facéties dans la phase finale. Son entraîneur, Francis-Henri Graffard, a déclaré : « Elle court très, très bien. Malheureusement, elle ne se livre pas vraiment. Christophe Soumillon était vraiment confiant à l'entrée de la ligne droite mais elle montre beaucoup de caractère. Toutefois, elle fait une belle performance en étant troisième. Je pense que nous la reverrons une seule fois en course. »

Very Elleegant à revoir

Initialement envisagée dans le Prix Rothschild (Gr1), la championne australienne aux onze Grs1 Verry Elleegant a fait sa rentrée dans le Prix Jean Romanet : son galop effectué en amont du Rothschild n’avait pas donné satisfaction à son entourage. Dimanche, relayée au dernier rang durant toute la course, elle n’a jamais pu quitter cette position... et donc lutter avec Aristia. Pourtant, durant sa jeunesse en Australie, Verry Elleegant avait souvent bataillé avec une certaine Aristia (Lonhro) ! Mais cette dernière était simplement un homonyme de la lauréate du jour...  Francis-Henri Graffard, l’entraîneur de Verry Elleegant, a analysé sa performance : « Le résultat n'est pas bon. Mais en tant qu'entraîneur, je suis content de sa rentrée. Comme me l'a dit Frankie, elle est un peu rouillée et a besoin de s'y remettre. C'est une piste qui ne lui a pas convenu. Il faut quand même signaler que la piste est abominable. Aucun cheval ne refait de terrain. Il va falloir la revoir sur 2.400m, en terrain plus souple et sur une meilleure piste. Je pense qu'elle sera revue dans le Prix Vermeille (Gr1). »

PEDIGREE WEATHERBYS :

https://www.jourdegalop.com/Media/Jdg/Documents/Docutheque/2022/Aristia.pdf

Son frère passera en vente chez Goffs en septembre

Élevée par Rathasker Stud, Aristia a été présentée par ses éleveurs au book 2 de la vente de yearlings d’octobre de Tattersalls, où elle avait été achetée 85.000 Gns par Will Edmeades Bloodstock. C’est une fille de l’étalon de Coolmore Starspangledbanner (Choisir) et de Aloisi (Kalanisi), qui n’a pu s’illustrer en quinze sorties. Elle a terminé sa carrière chez Cyriaque Diard avec une valeur de 29,5, après l’avoir entamée chez Freddy Head pour Georges Strawbridge. Au haras, on lui doit Glorious Sinndar (Sinndar), gagnant en plat des Andrew Ramsden Stakes (L, 2.800m) et de trois courses sur les obstacles en Australie, et Daloisi (Marchand de Sable), lauréate de trois réclamers et d’un handicap entre 1.500m et 1.900m. Cette dernière est la mère de Domagnano (Planteur), gagnant en Italie du Premio Mauro Sbarigia (L, 1.600m) et quatrième des 2.000 Guinées italiennes (Gr3). Aloisi a un 2ans par Aclaim (Acclamation), un yearling par Bungle Inthejungle (Exceed and Excel) qui portera le numéro 327 à l’Orby Sale de Goffs, et une foal par Gregorian (Clodovil).

Sa deuxième mère, Bellona (Bering), est gagnante du Prix Rose de Mai (L) et troisième du Prix Pénélope (Gr3). On lui doit six vainqueurs dont Es Que (Inchinor), lauréate d'une course F sur le parcours des 1.500m de la P.S.F. de Deauville. Cette dernière n'est autre que la mère de Dominant (Cacique), gagnant du Hong Kong Vase (Gr1), d'Es Que Love (Clodovil), lauréat des Lennox Stakes (Gr2, 1.400m) à Goodwood, de Listen In (Sea the Stars), gagnante du Prix du Conseil de Paris (Gr2), et de Zhui Feng (Invincible Spirit), lauréat des Midsummer Stakes (L, 1.600m) en Angleterre.

La troisième mère, Bellarida (Bellypha), a gagné le Prix de Royaumont (Gr3). Elle a ensuite donné la bonne In Clover (Inchinor), gagnante du Prix de Flore (Gr3) et génitrice de Call the Wind, with You, We Are… Tous gagnants de Gr1 pour la casaque Strawbridge.

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Du départ à 1.000m : 1’07’’94

De 1.000m à 600m : 25’’51

De 600m à 400m : 11’’86

De 400m à 200m : 11’’06

De 200m à l’arrivée : 11’’70

Temps total : 2’08’’07