Le tour des haras – août 2022 : La stratégie des Monceaux pour faire la course en tête

Élevage / 09.08.2022

Le tour des haras – août 2022 : La stratégie des Monceaux pour faire la course en tête

Comme chaque année, les journalistes de JDG visitent les haras qui présenteront des yearlings en août chez Arqana. Henri Bozo nous a ouvert les portes de l’écurie des Monceaux…

Tous les ans, la trentaine de yearlings de l’écurie des Monceaux représente approximativement un quart du chiffre d’affaires de la vente d’août. C’est dire le poids de l’opération dirigée par Henri Bozo. Il explique : « Le catalogue de l’édition 2022 est très fort, avec beaucoup de chevaux bien nés. Je fais partie des personnes qui ont soutenu le fait d’avoir une vente en août. À cette période, avec le meeting, nous bénéficions d’une exposition magnifique pour nos yearlings. Par ailleurs, la vente d’août a sorti beaucoup de bons chevaux. C’est un élément très important. Et l’offre se répartit naturellement avec celle d’octobre, qui est aussi une très bonne vente sur le plan des performances sportives. L’élevage français a beaucoup gagné en crédibilité. Des personnes venues du monde entier veulent investir dans notre pays. Ce n’est pas plus difficile qu’il y a dix ans sur ce point. Et en matière de compétitivité de notre élevage, face aux anglo-irlandais notamment, c’est vraiment très important. »

Investir pour rester au top

Cependant, pour rester au top, il faut investir massivement. Car les coûts de production ont explosé. Prenons un exemple : en 2015, le total théorique du prix des saillies des 31 yearlings d’août des Monceaux était d’un peu plus de 2 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 12 millions. En 2022, "sur le papier", il a fallu débourser une somme avoisinant les 4,8 millions en saillies pour produire les 37 yearlings de la vente d’août. C’est assez énorme, surtout que le prix des juments de qualité, du fait de la demande internationale, n’a lui aussi cessé de progresser. Dès lors, l’écurie des Monceaux n’a cessé de multiplier les associations pour diluer les coûts de production et conserver sa place de leader. Henri Bozo poursuit : « Je pense que les coûts de production ont augmenté pour toutes les strates du marché. Mais le taux de vendus reste fort et c’est quelque chose de très important. Les éleveurs qui en ont la capacité n’ont pas peur de s’associer sur certains de leurs élèves. Il faut croire en sa production, la soutenir si on le peut, et parfois il y a de belles histoires à la clé. Par le passé, certains chevaux n’ayant pas un bon dossier vétérinaire se sont révélés particulièrement performants en compétition. » Tous les ans depuis 2018, l’écurie des Monceaux a sorti au moins un lauréat de Gr1. En 2021, Angel Bleu (Dark Angel) a gagné le Critérium Intercontinental et le Prix Jean-Luc Lagardère (Grs1), alors que Blowout (Dansili) s’est imposée dans les First Lady Stakes (Gr1). La sélectivité du marché fait que les éleveurs sont obligés d’avoir plus de chevaux à l’entraînement que par le passé. Ainsi, le haras est actuellement associé sur 13 sujets à l’entraînement en France. Et parfois, ce qui démarre comme un échec aux ventes peut se révéler être une belle histoire, voire une grande réussite. À l’image de Mangoustine (Dark Angel) cette année lors de son succès dans l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches (Gr1). L’an dernier, Philomène (Dubawi) n’est pas passée loin d’une victoire classique dans le Prix de Diane Longines (Gr1). Elle aussi courait pour une association comprenant les Monceaux.

Ces Français qui investissent avec les Monceaux

Le 25 juillet, Souzak (Kodiac) s’est classé troisième du Critérium du Béquet - Ventes Osarus (L). C’est le premier black type de son coéleveur Victor Langlais. Il est associé sur plusieurs juments à l’écurie des Monceaux. Comme dans le cas de la mère du lot 79, une fille de Kingman (Invincible Spirit) qui est le premier produit de Palmyre (Dansili), placée du Prix Charles Laffitte et du Grand Prix de Clairefontaine (Ls). Sur cette yearling, Victor Langlais est associé avec l’écurie des Monceaux et l’écurie des Monnaies, soit un autre jeune investisseur français (Carim Joomun). Le lot 90 est un autre représentant de la première génération de Too Darn Hot. Il a été élevé par l’écurie des Monceaux, Langlais Bloodstock, les Chinois de Rifa Mustang et David Redvers. La mère est une sœur de Persian King (Kingman), lauréat de la Poule d’Essai des Poulains, du Prix d’Ispahan et du Prix du Moulin de Longchamp (Grs1). Le lot 86 est un mâle puissant par War Front (Danzig) dont la mère, Pollara (Camelot), avait remporté le Prix de Royaumont (Gr3). C’est un grand papier Wertheimer et ce yearling a la même deuxième mère que Silasol (Monsun), gagnante des Prix Marcel Boussac et Saint-Alary (Grs1).

Le lot 114 est une fille de Sea the Stars (Cape Cross), qui a été élevée pour une association comprenant le propriétaire de l’étalon (Sunderland), l’écurie des Monceaux, Laurent Dassault et Loïck Fouchet.

Le frère de National Defense

Loïck Fouchet est aussi associé sur le lot 205, un mâle par Wootton Bassett (Iffraaj) avec l’un des plus beaux pedigrees du catalogue. À ses côtés, l’association compte également l’écurie des Monceaux, Ralphy Meahjohn (venu de Trinité-et-Tobago, c’est l’homme d’Adhafera !) et Anna-Maria Valvi (Kastro Stud Farm). C’est un beau poulain, à la robe flatteuse, qui marche bien.

Sa mère, Angel Falls (Kingmambo), a déjà donné trois black types, le meilleur étant bien sûr National Defense (Invincible Spirit), un lauréat spectaculaire du Prix Jean-Luc Lagardère (Gr1), qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait à 3ans. Au haras en Irlande, il a peu sailli et n’a pas fait la monte en 2022, s’étant accidenté dans l’hémisphère Sud. C’est vraiment dommage car il a donné dix gagnants et deux black types avec (à peine) 20 partants, dont Wilight Gleaming (Breeders’ Cup Juvenile Turf Sprint, Gr2, Prix de la Vallée d’Auge, L). National Defense est même en tête des étalons de deuxième production en Europe selon l’indice génétique mis au point par Hubert de Rochambeau ! Il provient de la grande souche des "A" du Gestüt Röttgen, par une branche qui est restée durant quatre générations dans les mains du cheikh Mohammed Al Maktoum. L’an dernier, elle lui a offert une victoire dans le Derby avec Adayar (Frankel), qui a la même deuxième mère que ce lot 205. S'il est assez bon pour entrer au haras, ce sera un outcross pour beaucoup de juments européennes…

LE pedigree de la vente !

Le 24 juin, Roger Varian et ses clients bahreïnis ont poussé un gros ouf de soulagement. La 3ans Pure Dignity (Dubawi) a en effet débuté victorieusement en "faisant un truc" sur le mile de Newmarket. Le fait qu’elle gagne avec style est vraiment important. Elle a coûté pas moins de 2,4 millions d’euros chez Arqana en 2020. Aujourd’hui, elle vaut au moins cette somme. Si elle se classe troisième de Listed, elle pourrait tout à fait atteindre 4 millions l’hiver prochain sur un ring. Et même 6 millions (ou plus) si elle progresse jusqu’au niveau Gr1. Élevée par l’écurie des Monceaux, Pure Dignity a coûté cher car sa mère a déjà donné deux gagnants de Gr1 de très haut vol (Sottsass et Sistercharlie). Son frère (par Siyouni) sera le lot 154 de la vente d’août 2022. C’est un grand yearling, fort, alezan, qui n’est pas sans rappeler Sottsass (Siyouni). L’écurie des Monceaux a conservé la 2ans Snowpark (Dubawi). La pouliche est à l’entraînement à Deauville chez Jean-Claude Rouget – pour ses éleveurs – et Peter Brant, qui suit le dossier de près, a tout simplement déclaré au TDN : « Il l’aime beaucoup ! »

Chaque fois qu’un "frère ou une sœur de" foule un ring, la suite de sa carrière est scrutée dans les moindres détails. S’il vient à échouer, ils sont nombreux à annoncer : « Statistiquement une jument ne peut pas ressortir un deuxième bon. » Une telle allégation n’a pas de sens, sur le plan statistique notamment. Car elle insinue le fait qu’une poulinière ayant produit un cheval de Gr1 a le même potentiel génétique que la moyenne des juments françaises.  Or, s’il est fort possible que le poulain suivant "le bon" ne gagnera pas de Gr1, il est aussi plus probable qu’il réussisse au niveau black type que la moyenne du catalogue !

Outre Pure Dignity, les clients bahreïnis d’Oliver St Lawrence se sont également offert un fils de Dubawi et de Golden Valentine (Dalakhani) pour 750.000 €. Il est à l’entraînement en Angleterre. Son propre frère sera le lot 292 de la vente d’août. Il a été élevé par les Monceaux en association avec une cliente fidèle, Jaime Roth (LNJ Foxwood). Golden Valentine a gagné le Prix Minerve (Gr3). La deuxième mère, Gold Round (Caerleon), lauréate du Prix Cléopâtre (Gr3), est mère ou grand-mère de huit black types, dont Platane (Le Havre), gagnante du Prix Vanteaux (Gr3) et troisième des E.P. Taylor Stakes (Gr1). La troisième a donné la championne aux 17 victoires Goldikova (Anabaa)…

Galileo… et les jeunes !

Il y a trois Galileo (Sadler’s Wells) au catalogue de la vente d’août, dont le lot 128. Cette belle pouliche, très posée, a un vrai pedigree "à la Monceaux" : une grande souche internationale et un grand étalon ! La mère, Secrete (Cape Cross), a déjà donné Rumi (Frankel), gagnante du Prix de la Nonette (Gr2), Normandy Eagle (New Approach), troisième du Prix Noailles (Gr3, 2.100m), et Solage (Galileo), lauréate de deux courses à 3ans dont les Bluebell Stakes (L, 2.400m) à Naas et troisième des Finale Stakes (L).

Logiquement, le lot des Monceaux est en majorité composé de produits d’étalons confirmés. Mais quelques jeunes sires qui n’ont pas encore eu de partants se sont glissés dans la liste. C’est le cas de deux beaux Too Darn Hot (Dubawi) et d’un Blue Point (Shamardal). Le lot 29 a été élevé aux Monceaux pour Zalim Bifov. C’est une fille de Too Darn Hot, représenté par ses premiers yearlings en 2022, et on sent clairement l’influence paternelle dans cette pouliche. C’est une famille de chevaux vites et la mère, Lida (Lope de Vega), a remporté le Cérès et le Maurice Zilber (L). Le croisement de Dubawi (Dubai Millennium) sur une jument portant le sang d’Height of Fashion (Bustino) a donné Poet’s Word (Prince of Wales’s Stakes et King George VI and Queen Elizabeth Stakes, Grs1) ou encore Modern Games (Poule d’Essai des Poulains et Breeders’ Cup Juvenile Turf, Grs1).

LES YEARLINGS DE LA VENTE D’AOÛT

Lot

Sexe

Père

Mère

14

M.

Siyouni

Kiss Me Not

16

M.

Dubawi

Knyazhna

29

F.

Too Darn Hot

Lida

35

F.

Bated Breath

Lucrece

41

M.

Siyouni

Manerbe

42

F.

Siyouni

Marketeer

45

M.

Siyouni

Media Mischief

49

M.

Kingman

Militante

72

M.

Wootton Bassett

Olma

77

M.

Bated Breath

Pacifique

79

F.

Kingman

Palmyre

86

M.

War Front

Pollara

90

F.

Too Darn Hot

Pretty Spirit

96

F.

Night of Thunder

Prudente

97

F.

Churchill

Psara

99

M.

Showcasing

Qatar Power

114

F.

Sea the Stars

Saccharose

122

M.

Siyouni

Sapa Inca

128

F.

Galileo

Secrete

137

M.

Lope de Vega

Silimeri

154

M.

Siyouni

Starlet’s Sister

165

M.

Wootton Bassett

Thrust Home

174

M.

Zarak

Val Bever

197

M.

Lope de Vega

After Dawn

205

M.

Wootton Bassett

Angel Falls

216

F.

Siyouni

Aviatress

226

F.

Dubawi

Birch Grove

227

F.

Wootton Bassett

Black Dahlia

229

F.

Siyouni

Bureaucracy

230

M.

Siyouni

C'est Ca

244

M.

Frankel

Correze

251

M.

Blue Point

Davantage

259

M.

Dubawi

Dubai Rose

260

M.

No Nay Never

Easter Lily

264

M.

Lope de Vega

Enchanting Skies

269

M.

Kingman

Falling Leaves

292

M.

Dubawi

Golden Valentine

294

F.

Siyouni

Gratefully

302

F.

Invincible Spirit

Hourglass

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