Institution / Ventes / 18.08.2022

Vente d’août : la parole aux vendeurs

Vente d’août : la parole aux vendeurs

Mercredi soir, Arqana s’est exprimé sur une édition record de sa vente d’août. Ce soir et demain soir, nous donnons la parole aux vendeurs. Cette semaine également, nous vous proposerons une analysée détaillée (et en chiffres) de l’édition 2022…

Henri Bozo : « Les haras français ont investi et ils récoltent les fruits à présent »

Les Monceaux sont encore une fois tête de liste des vendeurs en août. Leur moyenne 2022 – à 396.250 € – est la meilleure depuis 2015… Henri Bozo nous a livré ses impressions :

« Ce fut une très belle édition. En amont nous étions assez confiants, compte tenu des résultats en course, de la qualité du catalogue, du dollar fort et de la santé du marché.

Le nouveau format a donné sa chance à plus de chevaux, en leur donnant une meilleure exposition auprès d’un large panel d’acheteurs. Cela a donc bien fonctionné. Mais on serait peut-être un peu mieux avec un premier jour plus réduit. Il y a un certainement un "syndrome du premier jour" qui est assez inexplicable et qu’il faut essayer d’atténuer. La vacation a été dynamique et les Arqana Series ont été accueillis positivement. Tout comme les améliorations sur la réception, l’accueil… Il faut aussi souligner les efforts importants des haras français. Ils ont beaucoup investi et récoltent les fruits à présent. Par ailleurs, on voit que la différence de niveau d’allocation entre la France et l’Angleterre commence à jouer en notre faveur. Sans avoir fait un pointage exhaustif, il semblerait qu’un nombre significatif de yearlings, d’après les propos tenus par les acheteurs, seraient amenés à rester à l’entraînement en France. C’est quelque chose de très positif. Nous avons tous hâte de revoir l’entraînement français avec un niveau de chevaux supérieur. »

Un premier achat avec MyRacehorse

Lors de la vente d’août, les Monceaux ont acheté le 105 par l’intermédiaire Arthur Hoyeau. C’est une femelle par Justify (Scat Daddy) et elle était présentée par le haras de l’Hôtellerie. Il s’agit d’un partenariat comprenant notamment MyRacehorse. Ce site de microsyndication achète des parts de yearlings avant de les rediviser en microparts allant de 50 à 350 $. Depuis sa création, MyRacehorse a fait courir des chevaux du niveau d’Authentic (Breeders' Cup Classic & Kentucky Derby, Grs1) et Monomoy Girl (sept Grs1, dont deux fois la Breeders' Cup Distaff, Gr1) : « Je suis en contact depuis un moment avec MyRaceHorse. Nous avions convenu de travailler ensemble. En parallèle, Arthur Hoyeau m’a proposé de monter un syndicat pour acheter des femelles yearlings, avec une vocation élevage à long terme. J’ai donc réuni les deux projets et nous avons lancé cette opération commune. Ce n’est que le début de la saison de vente et nous sommes partis dans l’idée d’acheter trois ou quatre yearlings. Le concept de MyRaceHorse est assez enthousiasmant. Pour une petite somme, on peut avoir un bout d’un cheval très bien né ! La qualité de service et d’information, grâce aux nouvelles technologies, est excellente. C’est un projet ambitieux qui a obtenu de beaux résultats aux États-Unis, en investissant dans des chevaux d’élite pour les grandes courses. »

Éric Puerari : « Un remarquable travail de prospection »

Les Capucines se classent troisième meilleur vendeur de la vacation d’août 2022. Éric Puerari, l’un des trois associés, nous a livré son bilan.

« Les yearlings élevés au haras se sont tous vendus et pour une moyenne de 175.000 €. C’est très satisfaisant. Et ce, d’autant plus que nous avons conservé beaucoup de bons sujets pour les autres vacations à venir. Dans l’ensemble, nos clients sont satisfaits de leur vente.

Il est toujours plus facile de parler a posteriori, mais je pense qu’il aurait été judicieux de débuter le vendredi par une session plus courte en soirée. La vente aurait été lancée pour le samedi. J’espère que grâce à cette bonne édition, l’élevage français va continuer à progresser, pour atteindre un meilleur niveau. Nous verrons si la question de vendre ces yearlings plus tard dans la saison se repose. Mais il faut reconnaître la belle réussite d’Arqana lors de cette édition. Un travail remarquable a été effectué pour attirer des acheteurs du monde entier.

Si on enlève les vendeurs étrangers et les Monceaux – qui naviguent dans un niveau un peu à part –, les Français représentent 30 des 50 millions de chiffres d’affaires de la vente d’août. C’est un bon résultat. Mais est-ce suffisant pour que les haras de notre pays disposent d’assez de fonds pour réinvestir et être compétitifs sur la scène internationale ?

L’avenir des éleveurs français repose énormément sur la réussite des jeunes étalons stationnés dans notre pays. Le système de primes est en effet biaisé et il décourage ceux qui veulent aller à la saillie à l’étranger. Au même moment, Siyouni (Pivotal) est hors de portée pour beaucoup et Wootton Bassett (Iffraaj) officie désormais en Irlande. Plusieurs jeunes sires français montrent de premiers résultats prometteurs. À eux de confirmer. La réussite d’Arqana est le fruit de l’ambition, du travail et d’une volonté forte. J’espère que ce succès inspirera les instances françaises. En effet, malheureusement, une partie importante des yearlings d’août va être exportée. Or le manque de compétitivité a seulement été esquissé par la Fédération des éleveurs et France Galop le lendemain de la vente. Et ce sans apporter de propositions pour essayer d’inverser cette tendance. Les chiffres sont parlants. Mais aucune piste n’est proposée pour tenter d’enrayer les insuffisances d’un système qui manque de relief. »