Fang, quand la souche de François Bayrou fleurit chez Thierry Dalla Longa 

Élevage / 14.09.2022

Fang, quand la souche de François Bayrou fleurit chez Thierry Dalla Longa 

Par Adrien Cugnasse

Il y un coin des Pyrénées-Atlantiques où les éleveurs du cru ont toujours des résultats exceptionnels. Entre Lourdes et Pau, les chevaux grandissent avec les montagnes en toile de fond, mais le climat est très bienveillant. C’est là que sont nés les chefs de race Thalian (Djerba Oua) et Djerba Oua (Dragon), chez la famille Lestorte, sur des terres qui sont aujourd’hui celles du haras de Saint-Vincent (où Fang a vu le jour). Près de là, on retrouve des élevages légendaires pour ceux qui s’intéressent aux anglo-arabes et pur-sang arabes, comme les Buzy Cazeux (Nikita III, Nikanor,…), les Lafond Puyau… des éleveurs aussi capables de sortir les gagnants de grandes courses à Auteuil.

Les bons conseils de Jean-Claude Rouget

Mercredi matin, François Bayrou nous a confié : « Fang (Goken) est né près chez moi, chez Thierry Dalla Longa. Ici, c’est un paradis pour les chevaux. Le climat est comme la terre : exceptionnel. Je pense que cette région au pied des Pyrénées est l’une des meilleures terres d’élevage qui existe. Mais aussi l’une des plus sous-estimées. Je me souviens encore très bien du jour où Jean-Claude Rouget m’a suggéré d’acheter Life on the Road (Persian Heights). Elle s’était accidentée dans un camion. Son sort était funeste. Et là miracle : son proche parent Gunboat Diplomacy (Dominion) gagne le Prix des Chênes (Gr3) après être passé à réclamer. Life on the Road est donc allée à la saillie de Kaldoun (Caro) pour la présenter en vente. Personne n’en a voulu. Et je l’ai donc achetée pour le prix de la saillie de Kaldoun…  La suite est assez extraordinaire. Surtout que c’est une histoire d’amitié avec Jean-Claude Rouget. Je suis donc d’autant plus content qu’il entraîne Fang ! Life on the Road était une jument pleine de caractère. J’ai encore en mémoire le moment où je l’ai achetée… Comment oublier un tel jour ? Impossible ! La première jument du jeune éleveur que j’étais. Un rêve qui se réalisait. Elle a remarquablement bien produit, en plat et même en obstacle. Pour en revenir à la descendance de Life on the Road, c’est une famille qui réussit particulièrement bien avec le sang de Grey Sovereign (Nasrullah). J’ai d’ailleurs utilisé Literato (Kendor) sur une jument de cette souche. Il a deux fois Grey Sovereign dans son papier. Ce croisement a quelque chose de fascinant. Presque magique. C’est celui de Fang. La mère de Fang est par Muhtathir (Elmaamul), un étalon polyvalent, courageux… et sous-estimé ! La famille donne des chevaux qui finissent bien, avec une pointe de vitesse, souvent à l’aise sur les distances intermédiaires… Des sujets avec du courage, de la joie de vivre dans l’effort. Souvent, ils apprécient une piste pas trop légère.  »

Life on the Rad a donné 15 foals, 14 partants et 13 gagnants, dont le premier black type de François Bayrou : Fils de Viane – le meilleur produit de Kadounor (Kaldoun) en plat – gagnant du Prix de Courcelles (L). Mais aussi Alix Road (Linamix), troisième du Prix Saint-Alary (Gr1), le sauteur Présidentiable (Anabaa), troisième du Prix du Cher (L)… Aujourd’hui, Life on the Road est l’aïeule de 15 black types en première, deuxième ou troisième génération, partout à travers le monde… et même au Japon et Afrique du Sud ! Outre les chevaux précités, c’est également le cas (en Europe) de Sumbal (Danehill Dancer), gagnant du Prix Greffulhe (Gr2), Lavender Lane (Shamardal), troisième du Prix de la Nonette (Gr2), et Lilac Road (Mastercraftsman), deuxième du Prix Vermeille (Gr1) en dernier lieu après être monté sur le podium des Nassau Stakes (Gr1).

La grande année de Saint-Vincent

L’homme du haras de Saint-Vincent, Thierry Dalla Longa, nous a confié : « C’est un grand moment. Ça nous donne de l’énergie pour continuer. Nous avons aussi élevé Rock Boy (Rock of Gibraltar) qui a gagné le Prix Djebel (Gr3), et c’est vrai que cette année, les résultats sont au rendez-vous. Avec 14 partants, nous avons déjà 12 victoires, dont plusieurs bons 2ans et 3ans. Je suis vraiment heureux que la souche de François Bayrou continue à fleurir avec des bons chevaux comme Fang. C’est une famille qui a été capable de briller en plat et en obstacle. Mais parmi les bons, beaucoup sont passés sous l’entraînement de Jean-Claude Rouget… Avec François Bayrou, ils ont vécu tellement de belles choses ensemble. Cet entraîneur extraordinaire a connu une telle réussite avec cette souche qui, à mon sens, est vraiment exceptionnelle. Le haras de Saint-Vincent est à une dizaine de kilomètres du lieu de résidence de François Bayrou. Nous exploitons d’ailleurs ses terres et ses deux poulinières sont en pension chez nous. Sans avoir beaucoup de juments, c’est quelqu’un qui a toujours eu très bon taux de réussite. Il sait vraiment bien croiser. C’est lui qui nous a dit qu’il fallait rechercher le sang de Grey Sovereign (Nasrullah) pour les juments de cette famille. D’où le croisement avec Goken qui a donné Fang !

Sa mère, Belle de France (Muhtathir), avait gagné ses deux premières courses. Et puis le camion qui la transportait a été percuté par un chauffeur. Elle a eu le sacrum cassé et malgré des mois de repos à la maison, elle n’est jamais revenue à son vrai niveau.

Elle est donc passée en vente et nous l’avons achetée 40.000 € en 2013. Notre premier achat à ce tarif ! J’ai toujours été attaché à cette souche Bayrou, et même lorsque Belle de France a commencé à être difficile à la reproduction, je n’ai jamais voulu la vendre. Elle a été plusieurs fois aux étalons d’obstacle et est vide en 2022. Nous partons donc d’une feuille blanche pour l’année prochaine… Lorsque Fang était yearling, il sortait vraiment du lot et nous l’avions bien vendu. Forcément, c’est toujours top pour un éleveur de vendre un cheval à Jean-Claude Rouget, car on à l’espoir de bien valoriser la mère pour la suite… »

 

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