
Courses / 01.10.2022
Khalifa Al Attiya : « Sans éleveurs, pas de chevaux et pas de courses ! »
Directeur général d’Al Shaqab Racing, éleveur et propriétaire d’Al Hakeem, Khalifa Al Attiya nous a livré son sentiment à quelques heures de l’Arc…
Jour de Galop. – Avoir un partant dans l’Arc issu de votre élevage, que cela représente-t-il pour vous ?
Khalifa Al Attiya. – Nous avons lancé l’élevage d’Al Shaqab Racing il y a à peine 10 ans. Notre première génération, avec quatre foals, comprenait Doha Dream (Shamardal). Il a été notre tout premier élève à courir l’Arc. Al Hakeem sera donc le deuxième, alors que nous en sommes à six générations de produits nés et élevés au haras de Bouquetot en piste.
Nous le connaissons parfaitement. Nous l’avons vu grandir et dès le départ, il est sorti du lot. Cela fait longtemps que nous nourrissons de grands espoirs à son sujet. L’élevage est un jeu de patience. Et c’est une vraie réussite, pour toute l’équipe, que d’avoir un partant dans l’Arc. Nous avons eu le bonheur de vivre les deux victoires de Trêve (Motivator). Mais avoir un produit de l’élevage maison, sous les couleurs d’Al Shaqab Racing, dans l’épreuve la plus prestigieuse au monde, est une récompense encore supérieure.
Comme tous les ans, cette course rassemble beaucoup de bons chevaux. Nous espérons que le bon numéro à la corde d’Al Hakeem jouera en sa faveur. C’est la quinzième édition de l’Arc avec le sponsoring du Qatar. Et cela la rend d’autant plus particulière à nos yeux.
En 2022, les étalons pur-sang anglais d’Al Shaqab Racing ont sailli 883 juments en France, faisant de Bouquetot l’un des premiers haras français. Comment votre activité d’étalonnage en France évolue-t-elle ? Et à l’international ?
Quand nous avons lancé le haras de Bouquetot, notre but a toujours été de bâtir une offre solide d’étalons en France. Dès lors, nous avons massivement investi pour construire une splendide cour d’étalons, ainsi que pour dénicher des futurs sires et les faire courir au meilleur niveau en Europe, avant de les faire entrer au haras en France. Nous avons aussi embauché une équipe compétente et professionnelle pour en prendre soin, les manager et les promouvoir.
Dans un premier temps, nous n’accueillions que des étalons appartenant à Al Shaqab Racing. Mais dans un deuxième temps, nous nous sommes ouverts à des sires faisant l’objet de partenariats. Enfin, nos dernières recrues sont syndiquées. Une étape importante a été franchie avec l’arrivée de Romanised (Holy Roman Emperor), qui n’appartient pas à Al Shaqab. Nous restons ouverts à ce type d’opportunités car il faut savoir accueillir des étalons ayant le profil pour réussir sur le marché français et européen. Les étalons jouent un rôle central dans l’amélioration d’un élevage. Il faut en essayer un certain nombre pour trouver le bon, celui qui sera capable d’avoir un impact positif sur l’élevage français. Nous espérons dénicher le futur Siyouni (Pivotal) ou le prochain Wootton Bassett (Iffraaj) ! D’une manière générale, nous sommes aussi très fiers de la réussite des étalons qui officient dans le cadre de partenariats, à l’image de Mehmas (Acclamation). Sa réussite est éclatante. Il semble en mesure de devenir un leader en Europe. Sans oublier Toronado (High Chaparral), qui est en route pour la gloire en Australie.
Quels sont vos autres partants du week-end ?
Place du Carrousel (Lope de Vega) nous a fait plaisir ce printemps et elle fera sa rentrée dans le Prix l’Opéra (Gr1). Nous attendons une bonne performance de sa part. Chez les pur-sang arabes, Al Wakrah (TM Fred Texas) a pris part au Qatar Arabian Trophy des Juments (Gr1 PA) et Mwarid (Amer) participera dimanche à la Qatar Arabian World Cup (Gr1 PA). C’est une véritable fierté car ce sont deux produits de l’élevage d’Al Shaqab Racing et ils seront montés par le jockey qatari Faleh Bughenaim. C’est lui qui a mené nos couleurs à la victoire vendredi dans le Qatar Arabian Trophy des Pouliches (Gr1) avec Nour Al Maury (Azadi).
Le 29 octobre, Welwal devrait courir le Golden Eagles dont il fait déjà partie de l’ante-post betting. Pourquoi avoir envoyé ce gagnant du Prix de Fontainebleau (Gr3) en Australie ?
Welwal (Shalaa) est un très bon miler qui apprécie le terrain rapide. Et nous pensons qu’il trouvera des conditions à sa convenance en Australie. Par ailleurs, son père, Shalaa (Invincible Spirit), faisant la monte en Australie en partenariat avec Arrowfield, envoyer un bon cheval dans ce pays est un autre moyen de faire la promotion de l’étalon.
D’une manière plus générale, nous sommes de plus en plus présents en Australie, où Toronado s’affirme comme l’un des meilleurs étalons. Wooded (Wootton Bassett) a été très bien accueilli lors de sa première saison à Swettenham Stud. Shalaa est désormais un résident permanent d’Arrowfield. Nous envoyons de plus en plus de juments là-bas pour tous les soutenir.
Al Shaqab Racing est aussi présent lors de ce week-end grâce au sponsoring du Critérium Arqana. L’épreuve fait recette, avec 17 engagés. Quel regard portez-vous sur l’évolution de cette course ?
Ce sponsoring est très important à nos yeux. Cette auction race n’offrant pas une prime proportionnelle à l’allocation, nous avons voulu saisir l’opportunité de récompenser les éleveurs d’une autre manière. Les éleveurs des trois premiers vont en effet bénéficier de saillies gratuites. Sans les éleveurs, pas de chevaux… et pas de courses ! Étant donné que nous stationnions beaucoup d’étalons, mathématiquement leur descendance est nombreuse sur les rings de vente. Et cette course est un réel encouragement pour le marché des yearlings.
L’offre d’étalons d’Al Shaqab Racing est également très performante chez les pur-sang arabes. Al Mourtajez et Mister Ginoux sont les meilleurs jeunes étalons à travers le monde.
Nous sommes arrivés aux courses par l’intermédiaire des pur-sang arabes. Et nous avons d’ailleurs commencé avec eux, en 2011. Notre tout premier lauréat de Gr1 était un pur-sang arabe, Al Nachmiya (Azadi). Elle avait remporté la course que Nour Al Maury vient de s’offrir ! Son fils Mwarid (Amer) défendra nos couleurs dans la Qatar Arabian World Cup. Nous avons environ 200 pur-sang arabes en France, dont 60 poulinières et 45 chevaux à l’entraînement.
Il y a cinq ans, Al Shaqab Racing avait 63 partants par an au Qatar. Pour la saison 2021/2022, c’est trois fois plus !
Nous sommes en train de développer nos effectifs au Qatar, avec les pur-sang arabes notamment. Notre but est d’atteindre les 60 chevaux à l’entraînement. Nous avons déjà 25 poulinières dans nos écuries de Doha. La qualité des courses y a beaucoup progressé ces dernières années. Et avec le nouveau programme qu’offrent les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, il sera très intéressant de voir comment nos chevaux se comportent dans la région.
Al Shaqab Racing a des chevaux en association depuis longtemps, comme Ectot ou Brametot. Cette année, le meilleur exemple est certainement Place du Carrousel…
Ces associations viennent au fil des opportunités. Ectot (Hurricane Run) et Brametot (Rajasman) en sont les meilleurs exemples, leurs propriétaires ayant souhaité en conserver une part lors de leur carrière en course, puis au haras. Nous avons aussi régulièrement acheté des yearlings ou des 2ans en partenariat. Place du Carrousel est l’un d’eux. Nous restons ouverts aux opportunités.
À l’heure où sont écrites ces lignes, vous avez des chevaux chez 22 entraîneurs français différents. Pour quelle raison ?
L’idée est tout simplement de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Nous croyons par ailleurs que chaque type de cheval correspond à un profil d’entraîneur. Et parfois, le fait d’acheter des chevaux en association nous permet de travailler avec un nouveau professionnel.
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