CHAMPS LIBRES : À l’assemblée générale ordinaire de la Fédération des propriétaires du Galop

Autres informations / 16.12.2022

CHAMPS LIBRES : À l’assemblée générale ordinaire de la Fédération des propriétaires du Galop

CHAMPS LIBRES

À l’assemblée générale ordinaire de la Fédération des propriétaires du Galop

Voici le rapport du président Jean de Cheffontaines dévoilé le 13 décembre 2022 à ses adhérents.

Chers amis,

Merci pour votre présence ce soir pour cette seconde assemblée générale de la Fédération des propriétaires du Galop.

Avant de poursuivre sur les sujets qui font notre actualité, je souhaiterais évoquer la mémoire de deux membres de notre Fédération, qui nous ont quittés cette année ; il s’agit de David Powell et de William Nash. Tout le monde connaissait David Powell, propriétaire, éleveur, courtier. Tout le monde appréciait son large sourire et son indépendance d’esprit. Ses analyses pointues suscitaient échanges et débats passionnés. Quant à William Nash, ce propriétaire anglais avait décidé, il y a deux ans, d’avoir des chevaux à l’entraînement en France. C’était une personnalité éclectique et très attachante. Féru d’opéra et de musique, amateur de littérature française, grand collectionneur d’art, William cumulait les activités d’éditeur de livres d’art et de manager des Rolling Stones, ainsi que d’autres grands artistes. Je vous demanderai de bien vouloir vous lever et observer une minute de silence à la mémoire de messieurs David Powell et William Nash. Merci

La conviction qui prévaut depuis la création de notre association est de ne pas opposer les spécialités (plat et obstacle), les propriétaires (grands et petits), la géographie (Paris et province), la nationalité (français et étrangers), le stud-book (pur-sang, AQPA et autres races) ; bien au contraire, nous sommes au service de tous les propriétaires.

Car sans propriétaires, et aussi sans parieurs, il n’y aurait pas de courses.

Le recrutement et la fidélisation des propriétaires sont donc des enjeux majeurs pour les courses. C’est une évidence qu’il faut marteler. Le nombre de propriétaires a un impact déterminant, successivement, sur l’effectif de chevaux à l’entraînement, sur le nombre de partants, sur les enjeux et enfin sur les recettes pour la filière. Le recrutement et la fidélisation des propriétaires devraient être aujourd’hui LA priorité de notre filière. Il faut être volontariste dans ce domaine, et absolument renforcer les efforts et les budgets marketing de France Galop dans le recrutement et la fidélisation des propriétaires.

À cet égard, mi-septembre, notre association a saisi l’opportunité de la magnifique journée de course des Arc Trials à Longchamp pour organiser un événement sur la propriété d’un ou plusieurs chevaux de course via des contrats d’association.

Pourquoi ce choix ?

– Première raison : nous sommes convaincus que la propriété en association est particulièrement attractive, que les propriétaires soient débutants ou expérimentés, et est de nature à les satisfaire et à les fidéliser. Ces associés qui démarrent leur activité de propriétaire font leur éducation dans la multipropriété avant, pourquoi pas, d’envisager d’avoir des chevaux en pleine propriété.

– Seconde raison : parce que, cette année, les règles ont évolué, France Galop autorisant un dispositif qui permet de rassembler des groupes de propriétaires désireux de vivre une expérience commune sans forcément devoir constituer une structure juridique. Un effet de démultiplication.

Nous avions donc convié nos adhérents, mais aussi des nouveaux venus et des acteurs des sports équestres. Cette discipline doit nous interpeller. Les sports équestres ont réussi à attirer des propriétaires qui investissent de façon très significative, alors que les retours sur investissement sont quasi inexistants. Pourquoi notre filière ne ferait-elle pas de même ? Et si celle-ci a essayé, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Les retours de cette journée ont été très positifs.

En rappelant notre événement, j’ouvre une parenthèse sur l’innovation, car nous avions également invité une société qui a imaginé un tout nouveau concept visant à mieux appréhender les courses de chevaux avec l’entrée de cartes numériques (dites NFT, non fungible token). En s’appuyant sur la technologie blockchain, elle développe une marketplace NFT spécialisée dans les courses de chevaux, où les futurs utilisateurs pourront acheter (en argent réel ou cryptomonnaie), revendre, échanger et collectionner des cartes numériques de véritables chevaux de course. Un débouché nouveau pour certains propriétaires… Je referme la parenthèse.

Recruter et fidéliser des propriétaires, d’accord, mais où en est le galop en nombre de propriétaires et d’agréments délivrés ? 5.370 propriétaires actifs ont été recensés en 2021. France Galop a délivré plus de 700 agréments en 2019 et en 2020, 900 en 2021. Le nombre d’agréments de propriétaires auprès de France Galop est un indicateur de mesure du dynamisme de l’activité de recrutement. Mais analysé isolément, il est trompeur, il faut préciser si on parle d’agrément couleur ou d’agrément associé. Près de 50 % des agréments délivrés en 2021 étaient des agréments d’associés. De même, le nombre de propriétaires est trompeur si des acteurs en pleine propriété se tournent vers la multipropriété afin de réduire leurs risques.

C’est en effet ce qui s’est passé. Malgré un nombre record de demandes d’agréments de propriétaires en 2021, nous observons paradoxalement une baisse d’environ 5 % des effectifs à l’entraînement, avec un effectif déclaré à de 8.246 chevaux au 1er décembre 2022 : 5.948 chevaux en plat, 2.298 en obstacle. Cette distinction est intéressante car c’est la première année que France Galop dispose des effectifs par spécialité.

Cette baisse des effectifs à l’entraînement est préoccupante et ne concerne pas uniquement la France. C’est la même tendance en Angleterre.

Son impact sur nos courses est direct : la moyenne de partants se dégrade, la part des courses creuses (7 partants et moins) augmente, la part des courses pleines (14 partants et plus, supports du pari multi) décroît. Je pourrai vous fournir les chiffres détaillés si vous le souhaitez.

France Galop a réagi par une réduction programmée sur 2023 de l’offre de courses, en évitant de reconduire 63 courses de plat et 87 courses d’obstacles du programme 2022. Ce qui correspond à une suppression d’environ 1,3 % de l’offre de courses en plat et 4,2 % en obstacle.

En termes financiers, les allocations des courses non reconduites sur 2023 représentent environ 1,6 million d’encouragements en plat et 1,5 million d’euros d’allocation en obstacles. Ces sommes seront bien réinjectées dans l’enveloppe des encouragements 2023. Les membres du conseil d’administration, réunis hier, ont décidé de porter celle-ci à 289 millions d’euros, soit une hausse de 3,7 % par rapport à 2022.

Sur une courte période, la réduction de l’offre de courses est d’une amplitude acceptable dans le contexte que nous connaissons. Il faut, pour le comprendre, rappeler que l’offre avait crû et que la densification du programme Premium, en transformant des courses PMH en courses Premium, avait eu un impact positif sur le montant des allocations.

Une remarque toutefois : rien ne garantit que cette mesure ait un impact favorable sur le nombre de partants, tant l’optimisation du calendrier et du nombre de courses, à la baisse comme à la hausse, repose sur la prise en compte de facteurs multiples : région, âge, catégories de chevaux, distance, etc.

Oui, acceptable sur une courte période, mais sur le moyen et long terme, il en va différemment. J’ai bien dit précédemment « à la baisse comme à la hausse ». Rester sur une baisse serait un mauvais signal pour la filière. Il ne faut pas se résigner face à cette situation ; il faut tout faire pour renforcer le nombre de propriétaires et le nombre de chevaux à l’entraînement, pour redonner aux acteurs le goût de venir aux courses et pour encourager les éleveurs à faire courir. Priorité aux courses face au commerce ! Quant au PMU, il doit s’efforcer d’adapter avec créativité et diligence son offre de paris à la situation que nous connaissons.

Un mot sur les courses à réclamer. Nous avions insisté auprès de France Galop sur le rôle clé de ces courses pour attirer de nouveaux propriétaires et également pour faire vivre une certaine catégorie de chevaux. Nous avons soumis à France Galop plusieurs mesures pour une refonte du système des courses à réclamer, en particulier la flexibilité dans la fixation du taux de réclamation. Les résultats sont très encourageants.

Nous avons parlé des propriétaires, du programme des courses, un mot maintenant sur la gouvernance de France Galop : cette année, une commission "Gouvernance" a été chargée par le président de Rothschild de proposer des évolutions. Les résultats devraient être connus prochainement. Il faut bien comprendre que la gouvernance devrait être un exercice d’intelligence collective. D’où les sujets sensibles que sont la composition des instances, leur représentativité, l’équilibre et la hauteur de vue des membres qui y participent. Nous resterons également très vigilants sur les sujets que sont :

– le maintien du fonctionnement des conseils du plat et de l’obstacle ;

– la légitimité, le nombre et la durée des mandats des cooptés ;

– l’implication des instances dans l’élaboration du plan stratégique de France Galop ;

– le contrôle des investissements. Alors qu’est annoncé le projet de rénovation de l’hippodrome d’Auteuil, il est urgent de créer un comité d’investissement au sein de France Galop, avec des personnes indépendantes, pour évaluer la validité des projets investissement, les autoriser ou encore formuler des recommandations au conseil d’administration.

Et puis, impossible de ne pas parler de la TVA, ce boulet que notre filière traîne depuis longtemps. Notre ami et adhérent Patrice Renaudin pilote ce dossier. Le gouvernement a dit « Non » à un retour à un taux de TVA réduit. Le ministre délégué, chargé des Comptes publics, Gabriel Attal s’est d’ailleurs exprimé en termes imagés : « Il y a un obstacle de finances publiques. La réalité, c’est que nous sommes dans une situation extrêmement contrainte (…), laquelle nous impose de faire des choix difficiles. » La porte est fermée pour 2023. Qu’en sera-t-il pour 2024 ?

Enfin, 2023, c’est l’année des élections à France Galop. Je lance un appel à chacun d’entre nous, propriétaires, propriétaires-éleveurs. Communiquons autour de nous sur notre association, et faisons adhérer nos connaissances. C’est le rôle de chacun. Plus nous serons nombreux, plus nous pèserons sur les décisions futures du galop, plus les propriétaires en bénéficieront. Mobilisons-nous dès maintenant.

Je vous remercie de votre attention.