Adrien Fouassier : « Si le cheval est performant dans le Grand Prix de Saint-Cloud, nous ferons tout pour être au départ le premier dimanche d’octobre... »

Courses / 22.03.2023

Adrien Fouassier : « Si le cheval est performant dans le Grand Prix de Saint-Cloud, nous ferons tout pour être au départ le premier dimanche d’octobre... »

Samedi, à Saint-Cloud, Adrien Fouassier a remporté son premier Groupe réservé aux pur-sang grâce à Haya Zark (Zarak), dans le Prix Exbury (Gr3). Ce succès était l’occasion pour Jour de Galop de réaliser un zoom sur ce jeune entraîneur installé à Senonnes.

Par Rose Valais

Jour de Galop. – Vous avez remporté votre premier Groupe avec un pur-sang, samedi dernier. Avez-vous eu le temps de réaliser depuis ?

Adrien Fouassier. – Nous ne sommes pas encore réellement redescendus en pression mais remporter un premier Groupe procure évidemment beaucoup de joie. C’est vraiment super !

Samedi, vous n’étiez pas présent à Saint-Cloud mais à Lignières, pourquoi ?

Je n’aime pas être sous les feux des projecteurs. Je savais que mon épouse, Agathe, était présente à Saint-Cloud et qu’Haya Zark allait se sentir très bien avec elle... Je me voyais également une belle chance avec Bingo de l’Aunay (Dream Well). J’ai pris plaisir à me rendre à Lignières et vivre la course d’Haya Zark de là-bas. Je l’ai même peut-être mieux vécue qu’en étant à Saint-Cloud. J’ai regardé l’épreuve sur mon téléphone. Au passage du poteau, quelqu’un m’a appelé et je n’ai pas pu terminer de visionner l’arrivée (rires) ! Dans la ligne droite, je savais qu’Haya Zark allait gagner car il avait déjà plusieurs longueurs d’avance ! Sa performance est remarquable ! Je ne suis pas quelqu’un de très sensible, de démonstratif, mais ce succès m’a "secoué". Oui, j’étais réellement très ému.

Vous avez pris votre temps avec Haya Zark. Pouvez-vous nous parler de l’évolution du cheval ?

En fin d’année dernière, le poulain avait besoin de souffler et de terminer sa croissance. Si nous l’avions su plus tôt, nous l’aurions même arrêté après sa victoire dans le Prix Ridgway (L), à Longchamp. Aujourd’hui, il n’est plus le même qu’en 2022. Physiquement, il a passé un cap. Il a grandi, il est beaucoup plus beau et très souple. À 2ans, il apparaissait comme un poulain précoce. Mais je pense avoir commis une erreur en le courant quatre fois à cet âge. J’aurais même pu passer à côté d’un bon cheval. Évidemment, avec le recul, je ne procèderais plus de la sorte. Le matin, lorsqu’Haya Zark était poulain, il pouvait être un peu brutal mais il s’est énormément apaisé. C’est un cheval très attachant ! Je remercie d’ailleurs Pierre Silloray, son cavalier d’entraînement.

Avez-vous pensé à la suite de son programme ?

Il faut d’abord que vous sachiez qu’Haya Zark est très bien rentré de sa course de Saint-Cloud. Il est engagé dans le Prix d’Harcourt (Gr2) et le sera également dans le Prix Ganay (Gr1). Je pense qu’il sera revu dans le Prix d’Harcourt car Christophe Soumillon aura sûrement la possibilité de lui être associé. Ensuite, nous suivrons la ligne du Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1). Haya Zark se plaît sur les terrains souples, même s’il n’est pas dépendant de cette nature de sol... Lorsqu’il a gagné sa Listed, la piste était loin d’être pénible... Il est sans doute meilleur en terrain souple, mais pas pour autant hors d’affaire en bon terrain.

Aura-t-il un engagement dans le prochain Arc de Triomphe ?

Nous y pensons… Forcément un peu plus depuis samedi. Quoi qu’il arrive, nous allons faire toute la saison avec cet objectif dans un coin de la tête. Nous n’avons aucune ambition particulière à ce jour, mais participer à l’Arc serait merveilleux. Si nous voyons que la saison se déroule bien et que le cheval est performant dans le Grand Prix de Saint Cloud, nous ferons alors tout pour être au départ le premier dimanche d’octobre...

Comment vous êtes-vous rencontrés avec Odette Fau et son mari ?

Lorsque j’étais jockey, j’ai pu monter pour eux alors qu’ils avaient des chevaux chez Norbert Leenders. Nous nous sommes toujours bien entendus. Odette et son mari sont des gens très humains. Ils me connaissaient à travers mon beau-frère qui travaille chez Norbert Leenders. Loïc Guilloux, chez qui ils mettent des chevaux au pré-entraînement, les avait également incités à mettre leurs représentants à l’écurie. Odette Fau et son mari font partie de mes premiers propriétaires. Zaahir (Charm Spirit) a été leur premier représentant à l’écurie. Je pense que nous avons cette année de bons 2ans, avec de beaux papiers et de beaux modèles. Je suis ravi de travailler avec eux ! Lorsque Haya Zark est arrivé poulain à l’écurie, après son passage chez Loïc Guilloux, il était déjà avancé dans son travail et nous nous sommes rapidement rendu compte qu’il était au-dessus des autres poulains de l’écurie. C’est agréable de travailler avec des personnes patientes et passionnées. Il faut également remercier le haras des Pierres Follets, chez qui Haya Zark passe toutes ses plages de repos. Nous le récupérons toujours en parfaite forme, ce qui contribue évidemment à la réussite du cheval.

Quel regard portez-vous sur vos premières années en tant qu’entraîneur ?

Je suis vraiment heureux et épanoui. Comme dans tous les métiers, il y a des hauts et des bas mais il faut profiter de moments tels que celui vécu samedi pour essayer de gommer les moins bons. Je ne regrette pas du tout d’avoir cessé ma carrière de jockey. J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à entraîner. Déjà, en premier lieu, je n’ai plus de contrainte de vie face à mon poids. Je peux vivre plus librement. Certes, il y a des jours où la compétition me manque, mais je suis heureux. Entraîner était la suite logique de ma carrière. Cet été je vais pouvoir me remettre en selle dans la course des entraîneurs de Deauville ! Mon fils, Tao, veut me revoir monter en course, mais reprendre ma licence serait impossible… Je vais participer à la course en étant associé à Miniking (Kingsalsa) qui est à l’entraînement cette année dans le but de courir cette épreuve (rire). Je serai au départ… et en forme ! Depuis que j’ai arrêté, j’ai pris un petit peu de poids, mais maintenant, je vis !

En tant qu’entraîneur, votre carrière de jockey vous sert-elle au quotidien ?

Ce que j’ai pu apprendre en tant que jockey m’est indispensable pour ma nouvelle activité. Tant pour les engagements que pour le travail des chevaux. Je suis à cheval tous les matins et, grâce à mon expérience de jockey, je pense que je peux mieux situer et plus facilement comprendre mes pensionnaires. J’ai également monté sur de nombreux hippodromes. C’est un atout supplémentaire et cela me permet de savoir si mes pensionnaires vont mieux s’adapter à tel ou tel champ de courses. Enfin, je ne suis pas arrivé comme un illustre personnage dans le rang des entraîneurs. Je crois toutefois que ma notoriété en tant que jockey m’a servi.

Vous avez également quelques AQPS dans votre effectif...

La race AQPS m’est très chère. J’aurai toujours des AQPS à l’entraînement. J’adorais les monter en course. Pendant de longues années j’ai pu évoluer aux côtés d’Alain Couétil, lequel travaille beaucoup avec cette race. L’aspect commercial est très encourageant pour les clients. Chaque année, j’arrive à en vendre un ou deux. Actuellement, j’ai 52 pensionnaires dont une dizaine d’AQPS.

Pourquoi avoir choisi le centre d’entraînement de Senonnes ? Quels sont les avantages ?

Je connais les pistes par cœur. Je ne me voyais pas m’installer ailleurs qu’à Senonnes. J’entraîne depuis mars 2019 mais j’avais acheté mon écurie en 2016. Je pense que Senonnes est géographiquement bien situé.

Quel est le point le plus important qui pourrait se détacher de votre entraînement ?

Pour moi, il est important d’écouter ses chevaux. J’ai entraîné des poulains qui n’étaient sans doute pas aussi qualiteux qu’Haya Zark, mais loin d’être mauvais. Et je n’ai pu les écouter car je n’avais pas toutes les cartes en main. Je n’étais pas le seul décisionnaire... Je pense que cela m’a coûté cher. J’ai appris que si nous donnions du temps aux chevaux, ils nous le rendaient toujours, peu importe leur niveau. Il faut savoir s’entourer d’hommes de chevaux. Le respect de l’animal est très important, il ne faut pas courir à tort et à travers.

Comment vous sentez-vous aux courses ?

Je "suis mal" (rires) ! Que ce soit en plat, en obstacle, à Paris ou en province, c’est stressant ! Je pense que d’année en année, je vais m’apaiser. Je ne suis pas quelqu’un de calme. J’ai des comptes à rendre et je suis dur avec moi-même. Lorsque quelque chose ne se passe pas bien, je remets la faute sur moi. Si j’avais quelque chose à changer, j’aimerais être moins tendu pendant les courses.


Entraînez-vous de la même manière vos chevaux d’obstacle et vos chevaux de plat ?

Mes chevaux sont tous entraînés de la même manière. Quotidiennement, ils réalisent 1.000m de canter. Les chevaux d’obstacle travaillent une fois par semaine sur les obstacles. En revanche, mes chevaux de plat ne sautent jamais. Encore une fois, je ne veux pas prendre de risque inutile.