
Courses / 23.03.2023
La Dubai World Cup vue par le professeur Dettori
Il était déjà en piste le 27 mars 1996 pour la première Dubai World Cup de l’histoire. Ce jour-là, en selle sur Halling (Diesis), il n’avait pu qu’assister de très loin à l’envolée de Cigar (Palace Music). Vingt-sept ans plus tard, il sera encore présent pour ce qui sera sa dernière monte dans une course qui a longtemps été la plus richement dotée au monde. Lanfranco Dettori ne vieillit pas mais c’est un simple mortel ou, comme il se dépeint en rigolant : « Un vieux cuit par le décalage horaire… Il y a douze heures d’écart entre la Californie et Dubaï. Le voyage est long et je me suis levé à 3 h 45 pour monter un galop ce matin. Quelle heure est-il maintenant ? Je ne sais même plus… ».
Country Grammer et son courage
Samedi, Lanfranco Dettori aura bien mis son réveil à l’heure afin d’honorer ses sept montes dans sa dernière nuit de la Dubai World Cup. Un rendez-vous capital dans sa tournée d’adieux, puisqu’il est le jockey qui a remporté le plus de courses lors de cette grande réunion (22 succès sur 125 montes). Il s’est également adjugé au moins une fois toutes les courses du programme. L’an dernier, en selle sur Country Grammer (Tonalist), Lanfranco Dettori est devenu le codétenteur de victoires dans la Dubai World Cup, s’imposant pour la quatrième fois. Il égalait pour l’occasion le crack jockey Jerry Bailey. Samedi, Dettori pourrait porter ce record à cinq : « C’est une des éditions les plus ouvertes de ces dernières années. Quinze partants, dont huit proviennent du Japon, c’est beaucoup. Et pour compliquer encore plus les choses, les trois favoris ont tiré les trois plus mauvaises places dans les stalles. Country Grammer est un cheval spécial. S’il ne se présente pas au départ avec la meilleure chance théorique, il sait se "sortir les tripes". Il possède des poumons comme ceux de Fausto Coppi [l’un des plus grands cyclistes italiens de tous les temps, ndlr] et il n’est jamais battu. Certes, le quatorze à la corde reste un handicap, mais vu qui se trouve à nos côtés dans les boîtes, nous devrions voyager en bonne compagnie… ». Sur le plan de la tactique justement, la course fait figure de casse-tête, avec le lauréat de la Saudi Cup (Gr1), Panthalassa (Lord Kanaloa), qui a tiré le quinze, et la valeur montante Algiers (Shamardal), nantie du treize. Vu ses paramètres, cela ne sera sûrement pas si compliqué que cela de s’exprimer pleinement pour Lanfranco Dettori : « Cela aurait pu être bien pire car les favoris sont tous à l’extérieur. Je sais que cette place à la corde peut nous pénaliser mais, ce qui très important, c’est de prendre un bon départ. Country Grammer est moins véloce en partant que Panthalassa mais il sort assez bien des boîtes. Je me méfie des chevaux qui s’élancent avec les plus petits numéros de corde. Ma mission, quoi qu’il en coûte, sera de nous positionner non loin de la tête. Je reste confiant car, dans une course qui sera à coup sûr très difficile, le courage de Country Grammer pourrait faire la différence ».
L’inoubliable Dubai Millennium
Lanfranco Dettori peut écrire un livre sur l’évolution de la Dubai World Cup. Il a remporté la grande course aussi bien sur l’ancien hippodrome de Nad al Sheba – avec le public coincé dans la petite tribune – que sur le nouvel hippodrome de Meydan avec sa tribune géante, baptisée Millennium Grandstand. Mais quel est son plus grand souvenir dans l’épreuve ? Évidemment, sa victoire avec Dubai Millennium (Seeking the Gold) en 2000 : « Quel crack ! En classe pure, le meilleur que j'aie jamais monté. Il avait gagné la préparatoire en pulvérisant le record de la piste et, dans la Dubai World Cup, il a perdu en route ses rivaux et a battu son propre record. Cette rentrée aux balances avec le public qui sifflait – comme à l’accoutumée à Nad Al Sheba – et le cheikh Mohammed Al Maktoum, fou de joie, restera comme l’un des moments inoubliables de ma carrière… »
Lord North pour le coup de trois
L’année de Dubai Millennium, la réunion de la World Cup comptait un seul Gr1, deux Grs3 et deux Listeds mais également l’UAE Derby ajouté pour la première fois au programme. Samedi, nous aurons droit à cinq Grs1 et trois Grs2 pour les pur-sang. Le carnet de bal de Lanfranco Dettori est bien rempli, même s'il n’y figure pas de véritable penalty. Il montera Lord North (Dubawi) dans le Dubai Turf (Gr1) et Trawlerman (Golden Horn) dans la Dubai Gold Cup (Gr2) pour la maison Gosden : « Ce matin [jeudi, ndlr] j’ai monté Lord North. Il est en très belle condition. Le cheval a gagné deux fois cette course, et s’il venait à réaliser la passe de trois, cela serait extraordinaire. Les 1.800m de Meydan sont la distance idéale pour lui. Le 3 à la corde c’est une arme à double tranchant puisque, parfois, il peut mal sortir des boîtes. Mais s’il part correctement et bénéficie d’un bon parcours, je le vois lutter pour la victoire une fois de plus… même face à des japonais d’un haut niveau. Trawlerman a mal couru à Riyad où on attendait beaucoup de lui. Il a peut-être un peu payé sa bonne rentrée mais il peut progresser ».
Deux autres bonnes chances pour Baffert
En plus de Country Grammer, Bob Baffert offrira à Lanfranco Dettori deux autres montes. Le pilote italien sera associé pour la première fois à Hopkins (Quality Road) dans le Golden Shaheen (Gr1), ainsi qu’à Worcester (Empire Maker) dans l’UAE Derby (Gr2) : « Je suis ravi de monter pour Bob Baffert. Il m’a fait confiance cet hiver en Californie et c’est un plaisir de travailler avec lui. Hopkins vient de bien gagner les Palos Verdes (Gr3). C’est un jeune sprinter, encore tout neuf. Le sprint sur le dirt de Riyad nous a prouvé que les américains sont toujours redoutables dans cet exercice. Je ne connais pas les japonais mais le mien peut surprendre. C’est un peu le même cas pour Worcester. Ce n’est pas le meilleur 3ans de Baffert mais il s’agit d’un poulain dur, qui tient. Et le parcours de Meydan pourrait l’avantager… »
Ses autres montes
Lanfranco Dettori sera également associé aux outsiders Senor Toba (Toronado) dans le Sheema Classic (Gr1) et Raaed (Dark Angel) dans l’Al Quoz Sprint (Gr1). Il sera temps ensuite de rentrer aux États-Unis où il tentera de poursuivre sa moisson dans le Kentucky Derby (Gr1) : « J’avais trouvé une excellente monte [Arabian Knight, ndlr] mais malheureusement il s’est blessé. Le samedi suivant je ne sais pas encore si j’irai à Oaklawn Park pour l’Arkansas Derby où à Gulfstream Park pour le Florida Derby (Grs1). Une semaine plus tard, le choix se fera cette fois entre le Santa Anita Derby, les Blue Grass Stakes (Grs1) de Lexington et le Wood Memorial (Gr2), à Aqueduct. Mon agent, Ron Anderson, est au travail : monter un poulain avec une première chance à Churchill Downs c’est l’un de mes rêves ultimes. Sinon je rentrerai tranquillement à Newmarket ». La bataille avec le décalage horaire se poursuivra. Bon courage Vecchio Fantino (vieux jockey), on a toute la vie pour rattraper le manque de sommeil…
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