Élevage / 24.03.2023

Remarquable poulinière, Dievotchka est morte

À la retraite depuis 2012, Dievotchka (Dancing Brave) est morte vendredi à l’âge de 34ans. Poulinière de tête du haras de Meautry, elle a produit dix black types en première ou deuxième génération.

Achetée 250.000 $ en 1990 à Keeneland sur les conseils de Patricia Boutin, Dievotchka (Dancing Brave) est partie à l’entraînement chez Luca Cumani, mais elle n’a pas couru. Après deux années de vacuité, elle a donné Russian Hope (Rock Hopper), vainqueur du Grand Prix de Deauville (Gr2), puis Russian Hill (Indian Ridge), gagnante du Grand Prix de Compiègne (L) sur 2.000m à 5ans et multiple placée de Groupe, Archange d’Or (Danehill), lauréat du Prix Eugène Adam (Gr2), ou encore Russian Cross (Cape Cross), lauréat du Prix Guillaume d’Ornano (Gr2). Son avant-dernier produit fut le meilleur. Il s’agit de la championne Ésotérique (Danehill Dancer). Gagnante des Prix Jacques Le Marois et Rothschild, ainsi que des Sun Chariot Stakes (Grs1), Ésotérique a aussi conclu deuxième de la Poule d’Essai des Pouliches, du Prix Maurice de Gheest et des Queen Anne Stakes (Grs1), entre autres.

À son tour, Russian Hill a donné quatre black types, dont Russian Soul (Invincible Spirit), double lauréat de Gr3 sur 1.200m, et Mr de Pourceaugnac (Camelot), deuxième du Prix du Conseil de Paris (Gr2). Nick Bell est le directeur du haras de Meautry, il nous a confié vendredi : « Dievotchka a eu une longue et belle vie. Elle nous a quittés après plus de dix ans de retraite en compagnie des autres poulinières du haras qui ne sont plus en production. C’était une jument adorable, la première à la barrière au moment du repas ! Malheureusement, elle nous a donné beaucoup de mâles, ce qui n’est pas idéal pour l’élevage. Sa fille Esotérique connaît quelques difficultés de fertilité. Nous plaçons des espoirs en son produit de Kingman. Elle est à nouveau pleine de cet étalon et nous croisons les doigts pour obtenir une femelle. Au départ, Dievotchka n’avait pas la page de catalogue la plus impressionnante, mais elle s’est fait un nom grâce à la qualité de sa descendance. »

L’histoire de son achat et le croisement d’Ésotérique

Dievotchka appartient à la deuxième production de Dancing Brave (Lyphard). Sa mère, High and Dry (High Line), placée de Groupe sur 1.400m, n’avait pas encore eu de partants. Et si ses sept produits vus en piste ont tous gagné, aucun n’avait pris du black type. Même si sa page de catalogue était intéressante, il était donc difficile – sur le papier – de voir à ce stade en Dievotchka une future poulinière de premier plan. Mais c’est pourtant ce qu’elle est devenue ! En 2015, après la victoire d’Ésotérique dans Le Marois, Patricia Boutin avait déclaré : « Il faut reconnaître que Dancing Brave a déçu, notamment dans sa position de père de mères… On se disait avec Édouard de Rothschild qu’il manquait quelque chose à cette famille. Le petit plus pour passer au niveau Gr1. Beaucoup de produits de Dievotchka étaient bons, mais il leur manquait ce changement de vitesse qui fait la différence. Un surplus de vitesse ne pouvait être que bénéfique, sachant par ailleurs que ses meilleurs descendants évoluaient plutôt sur 2.000m. Nous sommes donc allés à Danehill Dancer (Danehill) pour cette raison. J’ai toujours beaucoup aimé cet étalon. Il véhicule de l’influx et de la vitesse. Dans une logique de vente, j’aurais été plus réservée car Danehill Dancer ne transmet pas forcément des modèles harmonieux. Ses produits peuvent aussi avoir des jarrets "compliqués". Dans le cas de l’élevage d’Édouard de Rothschild, qui n’est pas vendeur mais exploitant, Danehill Dancer répondait bien à notre besoin. Je trouve que j’ai mis un peu trop de temps à faire le croisement qui a marché avec Dievotchka. Mais nous avons finalement réussi à créer le gagnant de Gr1 que nous cherchions. Dans ce croisement qui a fonctionné, j’aimais bien aussi la famille maternelle de Danehill Dancer, avec l’apport de Sharpen Up (père de mère de Danehill Dancer), sur Dievotchka. »