Zenta, une histoire de copains

Élevage / 14.04.2023

Zenta, une histoire de copains

Zenta, une histoire de copains

Jeudi à Aintree, Zenta a mis l’élevage français à l’honneur. Elle a été élevée près d’Argentan, chez Ludovic Picard en association avec Antoine Lamotte d’Argy et François Duguey. Une histoire de copains à cheval entre le galop, le trot, le concours complet... et quelques bovins !

Par Anne-Louise Echevin

ale@jourdegalop.com

Photo 1 : Zenta

Tout a commencé il y a vingt ans avec Antoine Lamotte d’Argy

Ludovic Picard (EARL des Cordelles) nous a raconté l’histoire de la lauréate du Jewson Anniversary 4-Y-O Juvenile Hurdle (Gr1) : « Zenta a grandi chez moi, mais sa mère, Zenturie (Tiger Hill), est arrivée au haras suite à son achat par Antoine Lamotte d’Argy aux ventes de Baden-Baden, en provenance de l’entraînement Schiergen. Elle est vite devenue poulinière : nous avions tenté de la remettre à l’entraînement et cela n’a pas fonctionné. Entre-temps, Antoine a arrêté l’élevage mais il a gardé 10 % dans Zenta comme coéleveur. Cela était bien mérité puisque c’est lui qui a déniché Zenturie et il est donc grandement responsable de cette belle histoire ! Nous nous connaissons depuis plus de vingt ans… Je montais en concours complet et, quand j’ai décidé de me lancer dans l’élevage de galopeurs, Antoine m’a mis le pied à l’étrier.

L’histoire de Zenta est une histoire de chance et de malchance… De la chance, car Zenturie nous a donné une gagnante de Gr1. Après Zenta, Zenturie a de nouveau eu une pouliche mais elle s’est fracturé la hanche alors qu’elle était foal. Puis, dans l’hiver qui a suivi, la jument est morte de coliques alors qu’elle était pleine. C’est la dure loi de l’élevage. Nous avions choisi Pastorius (Soldier Hollow) pour Zenturie car, avec Antoine, nous avons cru en l’étalon depuis le début. Malheureusement, il n’est plus là non plus… Zenta appartient à sa première production française. Elle a toujours été d’une beauté exceptionnelle, avec beaucoup de cadre et de rayon. Nous l’avions vendue foal à Guy Chérel et elle est partie à l’entraînement chez Daniela Mele, pour sa casaque qui l’a tout de suite estimée. Et elle lui a donné raison en remportant le Prix Finot (L) avant d’être exportée. »

Cordelles et Fossé Blanc, des voisins copains

« Je suis ami avec François Duguey, de l’écurie du Fossé Blanc, depuis quelques années. Nous sommes voisins, tous deux basés du côté d’Argentan, et nous nous sommes associés sur quelques poulinières de galop. C’est la passion du cheval qui nous relie ! François est un vrai éleveur de bovins, là où j’ai quelques vaches sur mes terres, mais très peu : nous avons à la base une exploitation céréalière. François a aussi un petit nombre de poulinières de trot et doit avoir deux ou trois partants chaque année. Mais attention, il a de la réussite ! Il a notamment gagné un Gr3 à Vincennes avec Fakir du Ranch (Rockfeller Center). Il achète aussi des parts d’étalons. C’est quelqu’un de très malin… et d’assez chanceux (rires) ! Ensemble, nous avions aussi acheté Set et Match (Barathea), en association avec le frère de François, qui nous avait donné Good Ball (Doctor Dino), un poulain qui a montré des moyens [deuxième du Prix Émilius de Teahupoo et gagnant de deux de ses trois courses sous l’entraînement de Paul Nicholls, ndlr] mais il s’est accidenté à l’entraînement. Plus récemment, nous avons acheté ensemble Espionne (George Vancouver), à la vente d’automne 2022 Arqana, pleine de Pastorius. C’est une sœur de Petite Parisienne (Montmartre) et elle a nous a donné une jolie pouliche. »

oto 2 : Ludovic Picard, entre David Cottin et Guy Chérel, avec Middle, coélevé avec Antoine Lamotte d’Argy

Trotteurs, pur-sang et chevaux de concours complet se croisent aux Cordelles

« J’ai une dizaine de juments qui m’appartiennent, quasiment toutes en association. Nous partageons les joies et parfois les peines. Au haras, j’ai une cinquantaine de juments à l’année et nous faisons aussi les ventes, avec de bons résultats. J’ai une ou deux juments de concours complet en association avec Lionel Guyon, cavalier olympique, pour garder le lien avec cette passion. Les produits concourent avec le suffixe "Cordelles". L’élevage de chevaux de sport est difficile, il faut attendre six ou sept ans avant de pouvoir les valoriser commercialement. Côté trotteurs, nous avons des poulinières de la famille Bernereau ou encore de Gianni Fascella qui a ses chevaux chez Sébastien Guarato [dont Instrumentaliste, lauréat du Prix Octave Douesnel, Gr2, ndlr]. Nous avons aussi les juments d’obstacle de Pierre Pilarski, un homme de défi. Le haras a vu grandir des gagnants de Gr1 dans le passé pour des clients : je pense à Fox Norton (Lando) en obstacle [gagnant du Melling Chase d’Aintree, du Champion Chase de Punchestown et deuxième du Champion Chase de Cheltenham, ndlr] ou encore, au trot, Happy and Lucky (Ready Cash) [gagnante du Prix de Normandie pour l’élevage Bernereau, ndlr]. La victoire de Gr1 de Zenta pour notre élevage et en association avec des amis est la cerise sur le gâteau ! C’est un grand plaisir. Je n’ai pas pu me rendre à Aintree car nous sommes en plein dans les poulinages – j’en ai eu deux pendant la nuit. J’espère pouvoir me rendre à Auteuil mardi prochain pour suivre deux élèves : Demoiselle Kap (Kapgarde) dans le Prix de Pau et les débuts de Porque Te Vas (Montmartre), dont nous sommes copropriétaires aussi, dans le Wild Monarch des pouliches (L). »

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