Pujals : sa méthode pour réussir

Courses / 02.06.2023

Pujals : sa méthode pour réussir

Ne tournons pas autour du pot et essayons de comprendre rapidement comment Leopoldo Fernandez Pujals a fait pour devenir un cador de la scène hippique européenne en aussi peu de temps.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Une confiance totale dans le caractère gras

Sur la soixantaine de juments acquises en vente publique, toutes n'ont pas des pages de catalogue incroyables, mais 80 % sont black types. Et si l'on ajoute celles qui ne le sont pas mais dont au moins l'un des produits a pris du caractère gras, on arrive à 90 %. Repassez ce chiffre dans votre tête plusieurs fois avant de continuer à lire…

Quel nouvel éleveur en Europe a été capable d'acquérir 50 poulinières black types en l'espace de trois ans ? Certainement aucun. C'est énorme et cela ne peut pas être une coïncidence. La mère de Big Rock (Rock of Gibraltar), Hardiyna (Sea the Stars), faisait partie du lot des Aga Khan Studs à Goffs en novembre 2019. Elle a été vendue 72.000 € à la Yeguada Centurion alors qu'elle était pleine de Rock of Gibraltar… c'était donc l'un des achats les moins chers et l'une des rares non black types du lot !

La recherche de l'outcross

Autre signe qu'il n'a rien laissé au hasard : Leopoldo Fernandez Pujals n'a acheté presque aucune fille de Galileo (Sadler's Wells) ou de Dubawi (Dubai Millennium). Cela laisse un maximum de liberté au moment des croisements pour aller aux meilleurs étalons actuels. Le premier lot de juments, les dix acquises en 2018, sont les mères des bons 3ans actuels de la Yeguada Centurion. Et elles sont toutes européennes.

Une diversification américaine

En s'inspirant des éleveurs comme Alec Head, le grand-père de son entraîneur, Christopher Head, Leopoldo Fernandez Pujals a ensuite énormément acheté aux États-Unis en 2019 et en 2020. L'Amérique et son élevage ont beaucoup changé depuis la glorieuse époque des importations qui ont si bien réussi en Europe dans les décennies passées. Les filles de Ghostzapper, Empire Maker ou Uncle Mo qui pâturent dans les herbages normands de la Yeguada Centurion réussiront-elles sur le gazon européen ? Nous aurons la réponse à cette question dans les années à venir. L'inspiration américaine va très loin pour Leopoldo Fernandez Pujals car il aime voir ses chevaux courir devant et ne pas subir la course. Comme aux États-Unis. Débuter aussi brillamment, pour un éleveur, est à double tranchant. C'est un formidable tremplin. Mais c'est aussi une mauvaise préparation aux périodes de méforme qui finissent inéluctablement par arriver dans un élevage. On ne peut pas gagner des Grs1 tous les ans. Tesio ou Lagardère ont commencé par des années difficiles durant lesquelles ils ont su cultiver la ténacité nécessaire à la réussite sur le long terme.

Et un vrai budget quand même…

De 2018 à 2020, Leopoldo Fernandez Pujals a procédé à des investissements colossaux. Sur ces trois années, il a acheté pour 12 millions de dollars de chevaux des deux côtés de l'Atlantique. Et encore, c'est sans compter sur les achats à l'amiable. Comme Queen Blossom (Jeremy), la mère de Blue Rose Cen, dont une source irlandaise nous a dit qu'elle avait été acquise directement à l'amiable chez Coolmore, pleine de Churchill (Galileo). Dans ces 12 millions, il manque bien sûr les amiables et l'achat du haras de Nonant-le-Pin qui a fait l'objet d'une rénovation totale. La réussite a tout de suite été au rendez-vous. Dès le mois d'avril 2021, la 2ans Crazyland (Kodiac) fut le premier gagnant de l'entité (elle a été vendue aux enchères). C'était en Angleterre et la pouliche s'est classée troisième des Marygate Fillies' Stakes (L) pour sa sortie suivante. Un prélude aux Blue Rose Cen, Big Rock… Les chevaux vendus sur un ring, comme Crazyland que nous venons d'évoquer, ne sont pas en reste. On peut penser à la 2ans Ramatuelle (Justify). Ou encore à Jigme (Motivator), éblouissant dans le Prix Aguado (Gr3). Douze heures avant la réunion d'Auteuil, Inflation Nation(Speightstown) n'est pas passée loin de la victoire dans les Paradise Creek Stakes (L) sur les 1.400m turf de Belmont Park.

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