International / 05.06.2023

Singapour, la fin d'une belle histoire

Singapour, la fin d'une belle histoire

La dernière réunion de courses à Singapour aura lieu le samedi 5 octobre 2024… 181 ans après l'ouverture de l'hippodrome asiatique. En tête d'affiche, se tiendra la 100e édition de la Singapore Gold Cup. Attendue, cette mauvaise nouvelle circulait depuis quelques mois. Elle a été officialisée lundi par une annonce conjointe du Singapore Turf Club et du gouvernement. Inaugurés en 2000, les terrains publics sur lesquels a été construit l'hippodrome de Kranji et comptant plus de 140 hectares seront rendus au gouvernement en mars 2027. Le domaine sera alors utilisé pour des logements, des parcs de loisirs et d'autres activités. C'est la fin d'une longue histoire qui a commencé par les premières courses dans l'hippodrome de Serangoon Road en 1843 avant de passer en 1933 sur le site de Bukit Timah.

Lorsque Singapour était le deuxième Hongkong…

L'ouverture de Kranji avait positionné Singapour dans le calendrier hippique international avec la Singapore International Cup remportée par le local Ouzo (Oregon) devant le français et citoyen du monde Jim and Tonic (Double Bed). Plusieurs professionnels, essentiellement de l'hémisphère Sud, se sont installés dans ce pays qui promettait de devenir un deuxième Hongkong avec une vie plus calme, de bonnes allocations, une excellente clientèle de propriétaires et des parieurs fidèles depuis des décennies. Plusieurs membres de la forte communauté chinoise ont d'ailleurs appris quelques mots d'anglais en suivant les commentaires des courses à Bukit Timah…

De 1.600 à 750 chevaux

En 2009, un jeune jockey brésilien, un certain Joao Moreira avait choisi Singapour comme point de départ de son tour du monde. Cette année-là, les paris s'élevaient à plus de 1,08 M€. Appréciable pour un pays de 5,5 millions d'habitants. Les 1.600 boxes de Kranji étaient quasi pleins. D'après les dernières statistiques de la IFHA, en 2019, les paris ont chuté à moins de 700 M€. Et le nombre de partants de presque 20 %. D'après un pointage effectué lundi, les 22 entraîneurs installés à Kranji comptent dans leurs écuries près de 750 chevaux.

La concurrence des casinos

En 2006, l'ouverture des casinos à Singapour a stoppé le développement du système courses. Jusqu'à cette date, les courses étaient la seule façon légale de parier de l'argent. Face à la baisse de popularité du sport hippique, le gouvernement a choisi de prendre un autre chemin pour un pays qui a beaucoup d'argent mais manque de superficie. Niam Chiang Meng, président du Singapore Turf Club, a dû accepter cette décision : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir une bonne gestion de l'hippodrome jusqu'à la dernière réunion. Nous sommes en adéquation avec le gouvernement pour ce qui est de l'importance des investissements quant à l'avenir du pays… »

Une reconversion en souplesse

Le chantier est colossal. Il faudra d'abord que les chevaux à l'entraînement - qui ne sont pas tous des champions - mais également les professionnels et les employés (plus de 350) puissent se reconvertir. La directrice du Singapore Turf Club Irene Lim a déclaré : « Nous sommes très impliqués et nous souhaitons accompagner toute la communauté des courses dignement. Nous espérons laisser le souvenir d'un travail bien fait à Singapour comme dans le monde entier… » Pour tous ceux qui ont découvert la grande époque de Kranji, le voyage à Singapour était une étape immanquable du tour du monde. Avec de bons paris sur les meilleurs étrangers, on pouvait reprendre l'avion ravis et un peu plus riches. Quel dommage !