Dispersion du Gestüt Ammerland
Quatorze lots issus d’un élevage de légende
La dispersion du Gestüt Ammerland comprendra notamment Wildfeder (Galileo). Cette propre sÅ“ur de Waldgeist (Galileo) est pleine de Siyouni (Pivotal). Dans le cadre de cette dispersion, sera également proposée la placée de Gr1 Lady Frankel (Frankel), une sÅ“ur de Lope de Vega (Shamardal), dont les yearlings ont été récemment achetés 1.600.000 € et 850.000 € par Godolphin. Au total, le lot du Gestüt Ammerland comprend huit juments, quatre pouliches sortant de l’entraînement et deux foals. Ludovic Cornuel, directeur Bloodstock d’Arqana a déclaré : « Nous sommes extrêmement honorés de nous voir confier la dispersion d’un si prestigieux élevage que celui du Gestüt Ammerland. Les succès de l’entité von Boetticher au plus haut niveau parlent d’eux-mêmes, et sont d’autant plus impressionnants étant donné le côté “boutique” qu’a gardé l’opération au fil des années. Ces courants de sang exceptionnels représentent une opportunité unique pour les éleveurs du monde entier qui, nous en sommes sûrs, viendront nombreux à Deauville en décembre pour la vente d’Élevage Arqana. » Pour retrouver la liste des lots de la dispersion, cliquer ici
https://www.arqana.com/upload/document/2CATALOGUE_GESTUT_AMMERLAND.pdf
Par Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
LES VICTOIRES DE GRS1 DE DIETRICH VON BOETTICHER (*) | |||
Cheval | Course | ||
Baltic Baroness | Qatar Prix Vermeille | ||
Boreal | Coronation Cup | ||
Derby allemand | |||
Borgia | Grosser Preis von Baden | ||
Derby allemand | |||
Dalika | Beverly D. Stakes | ||
Golden Lilac | Prix d’Ispahan | ||
Prix de Diane | |||
Poule d’Essai des Pouliches | |||
Grey Lilas | Prix du Moulin de Longchamp | ||
Hurricane Run | King George VI and Queen Elizabeth Diamond Stakes | ||
Tattersalls Gold Cup | |||
Prix de l’Arc de Triomphe | |||
Derby d’Irlande | |||
Lope de Vega | Prix du Jockey Club | ||
Poule d’Essai des Poulains | |||
Luigi | Derby allemand | ||
Waldgeist | Qatar Prix l’Arc de Triomphe | ||
Prix Ganay | |||
Grand Prix de Saint-Cloud | |||
Critérium de Saint-Cloud | |||
(*) en tant qu’éleveur et/ou en tant que propriétaire |
Éleveurs propriétaires, la fin d’une époque
À un rythme régulier, les réductions et/ou dispersion d’éleveurs propriétaires se succèdent en Europe depuis une dizaine d’années. D’une certaine manière, nous vivons, avec une ou plusieurs décennies de décalage, une situation que les États-Unis et l’Australie ont connue bien avant nous : l’éleveur propriétaire a (quasiment) disparu là -bas et pourtant, les courses continuent, mais d’une autre manière. Et il faut aussi dire qu’en Angleterre et en Irlande, en dehors des grandes casaques venues du Golfe, peu de chevaux courent désormais volontairement sous les couleurs de leurs éleveurs. La France et l’Allemagne semblent, pour l’instant, avoir conservé une proportion plus élevée d’éleveurs propriétaires (de toutes tailles). La nature ayant horreur du vide, de nouveaux venus sont apparus sur la scène hippique, alors que plusieurs casaques historiques disparaissaient. Le week-end dernier, la Gousserie Racing et Serge Stempniak ont remporté l’Arc, alors qu’ils n’étaient pas présents à ce niveau ne serait-ce qu’il y a cinq ans (en plat). Si on regarde les partants des bonnes courses du week-end de l’Arc, on se rend compte que c’est la même chose pour Wathnan Racing, Philippe Allaire, Liberty Racing, la Yeguada Centurion, Al Shira’aa, Zhang Yuesheng (Yulong), King Power, Kennet Valley Thoroughbreds, Hisaaki Saito, Haras Voltaire, RT Racing, Hollymount Stud, Avatara S… Autant de casaques et d’élevages qui ont récemment pris beaucoup d’ampleur. Cela étant dit, les Anglais et les Irlandais ont vraiment “mis la main” sur la majorité des nouveaux propriétaires venus du Golfe ces dernières années. Le galop français (et l’Europe continentale en général) a un peu raté cette nouvelle vague, après avoir été aux avant-postes lors de l’arrivée des premiers Qataris il y a une dizaine d’années. Toutes les nations hippiques occidentales – sans aucune exception – se posent les mêmes questions : comment pérenniser l’activité des propriétaires existants, faire naître plus de vocations, et “capter” plus de casaques internationales ?
Les confidences de Dietrich von Boetticher
En 2019, le fondateur et propriétaire du Gestüt Ammerland nous avait accordé une longue interview suite à la victoire de Waldgeist dans l’Arc.
« Quand j’étais enfant, grâce à mes économies, je m’étais financé des cours d’équitation. Mais nous vivions à la campagne, où nous étions des réfugiés [arrivés de Lettonie après la guerre, ndlr]. Je tombais souvent, et mon professeur, un ancien militaire, me criait dessus. J’avais du sable sur la figure et même quelques larmes dans les yeux ! Mais ce fut une bonne leçon et j’ai appris à me remonter en selle… »
Comment il s’est lancé dans les courses
« À la fin des années 1980, j’avais commencé à m’intéresser aux courses. Pris par des obligations professionnelles, j’étais en déplacement, et je n’avais pas pu me rendre à la vente de Baden-Baden en 1986. Je me souviens encore d’avoir parcouru le catalogue dans ma chambre d’hôtel. Depuis mon lit, j’ai appelé un éleveur pour essayer de lui acheter Tina’s Queen (Surumu), une yearling qu’il n’avait pas réussi à vendre. Il m’a suggéré de venir la voir. J’ai donc loué une voiture et j’y suis allé. Après avoir vu la pouliche, je l’ai achetée. Il m’a aussi proposé de regarder un autre yearling qu’il n’avait pas réussi à vendre. Nous sommes allés jusqu’à un paddock, où j’ai vu Luigi (Home Guard) galoper dans l’herbe. Il était exceptionnellement grand pour son âge. C’était un splendide bai foncé. À cette époque, je montais en dressage et je me suis dit qu’il serait parfait pour cette discipline. Je l’ai donc acheté dans cet objectif. Mais, pour ne pas le laisser oisif, je l’ai envoyé à l’entraînement. Son entraîneur, Uwe Ostmann, m’a rapidement dit que j’avais un très bon poulain. Ce qui s’est révélé vrai, car il a gagné le Derby allemand ! Ce fut une bonne entrée en matière dans le monde des courses… »
Ses deux victoires dans l’Arc
« J’avais effectivement vendu mon élève Hurricane Run (Montjeu), lequel s’est imposé sous d’autres couleurs que les miennes dans le Prix de l’Arc de Triomphe en 2005 [celles de Michael Tabor, ndlr]. Ce premier succès m’avait déjà apporté une grande satisfaction. Mais la victoire de Waldgeist, avec notre casaque, c’est encore tout autre chose. D’autant plus qu’après celle de Hurricane Run, il aurait été totalement ridicule de pouvoir imaginer que j’allais remporter cette course une deuxième fois dans ma vie. Malgré tout, et même si cela paraît improbable, j’aimerais gagner encore une fois le Prix de l’Arc de Triomphe. »
Le cheval qui lui a procuré la plus grande émotion
« Je dirais Borgia (Acantenango). Avoir une pouliche capable de battre les mâles dans le Derby allemand, c’est un sentiment incroyable. Elle m’a offert un succès auquel je n’osais même pas rêver [seulement deux femelles ont réalisé cet exploit depuis 1945, ndlr]. Avant sa victoire, j’avais déjà gagné le Derby allemand. C’était avec Luigi (Home Guard) en 1988. »
L’orientation de son élevage
« Concernant mon propre élevage, j’aime les chevaux de tenue. Toute victoire est agréable. Mais gagner sur 1.000m m’enthousiasme moins que voir un cheval changer de vitesse sur un parcours de tenue, c’est l’une des plus belles choses qu’il m’ait été donné de voir. Et c’est vraiment ce que je veux produire en tant qu’éleveur. »
La France
En 2011, Dietrich von Boetticher déclarait dans nos colonnes : « Quant à la France, grâce à votre système, c’est le meilleur pays pour être propriétaire. Et le programme pour les chevaux de 2.400m et plus est très bien fait. » En 2019, il précisait : « Les courses françaises sont bien gérées et le programme est bien conçu, offrant des opportunités à tous les chevaux et à beaucoup d’éleveurs. Les champs de courses français sont bien entretenus. ParisLongchamp, c’est un hippodrome de rêve. Où peut-on trouver ailleurs dans le monde un champ de courses avec une telle classe, avec de si agréables proportions ? Je ne connais rien de mieux. Les Anglais ressentent la même chose quand ils y viennent. »