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jeudi 12 décembre 2024

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PHILIPPE CHEVALIER, LE ROI DE LA PATIENCE

PHILIPPE CHEVALIER, LE ROI DE LA PATIENCE

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

Cravache d’Or de l’obstacle en 1991, lauréat de nombreux Grs1, Philippe Chevalier a dû arrêter sa carrière suite à sa chute avec Northerntown dans le Prix Jim Crow 2004 à Enghien. Désormais starter dans le Sud-Est, il nous a accordé une interview sur l’évolution de l’obstacle en vingt ans, tout en revenant sur sa riche carrière et ses meilleurs souvenirs.

Jour de Galop. – On a le sentiment que la vitesse des courses d’obstacle est plus importante qu’à votre époque. Quel est votre avis ?

Philippe Chevalier. – Ce sentiment n’est pas aussi flagrant selon moi. Je n’ai pas l’impression que la vitesse est plus importante aujourd’hui qu’à mon époque. Lorsque je montais, sur du terrain souple ou du bon terrain, les courses roulaient aussi. À mon sens, on voit plus cette vitesse sur des hippodromes de province, comme à Cagnes-sur-Mer par exemple. Mais cela a toujours été le cas. La principale raison, pour Cagnes par exemple, c’est qu’il y a beaucoup de jeunes jockeys qui vont monter là-bas, contrairement à mon époque où la plupart des pilotes du haut du tableau y montaient régulièrement. On subissait peut-être moins la pression des entraîneurs comme aujourd’hui. Les jeunes qui vont à Cagnes ont tous les mêmes ordres, à savoir aller devant. Et de ce fait, ça va très vite.

Nous avons aussi des terrains moins pénibles que par le passé. Est-ce que cela joue ?

C’est vrai qu’à mon époque, je me rappelle avoir monté sur des pistes vraiment très pénibles. De nos jours, je n’ai pas l’impression que l’on atteigne ces niveaux. Mais le fait de voir les courses à la télévision et de ne pas être à cheval ne procure pas les mêmes sensations ni les mêmes ressentis sur le terrain.

Vous étiez probablement le jockey le plus patient de votre époque. Comment faisiez-vous pour apparaître toujours entre les deux dernières haies avec un cheval qui donnait l’impression d’avoir tout juste pris le départ ?

Ça ne se travaille pas. C’est dans ma façon d’être, de monter. Pendant mes années Marcel Rolland, je travaillais main dans la main avec ce dernier. Je prenais soin des chevaux que l’on me confiait. Je ne les empêchais pas de gagner. Je les connaissais et je pense que c’est une différence par rapport à maintenant, où de nombreux jockeys n’ont plus d’attaches fixes. Ils vont un peu partout. Dans mon cas, j’étais attaché à une écurie et même les chevaux que je ne connaissais pas, j’allais les travailler en amont. J’avais une relation beaucoup plus importante avec eux en les montant le matin. Je savais ce qu’ils étaient capables de faire et si j’étais patient, c’est parce que je savais qu’ils allaient pouvoir me donner quelque chose à la fin. Enfin, c’était vraiment un plaisir pour moi de monter comme je le faisais, en étant patient. C’était vraiment kiffant, pour employer un mot jeune, de venir finir sur les autres pour les battre. À cheval, je me régalais en montant comme ça. Après, il y avait aussi des chevaux pour lesquels cette tactique n’était pas la bonne. Dans ce cas, je m’adaptais et je les montais différemment. Mais c’est vrai qu’en grande partie, je montais mes chevaux dans l’esprit de les voir finir.

Vous aviez aussi la réputation d’être un bon juge le matin. Est-ce que c’est quelque chose qui se travaille ?

Pas du tout. On le ressent et on est capable de l’analyser ou pas. Travailler les chevaux le matin est un avantage et on peut ensuite donner de bonnes indications à l’entraîneur.

Avec le temps et le calendrier qui s’est étoffé aux quatre coins de la France, nous avons l’impression que cette attache à une seule écurie s’est un peu perdue…

En vingt ans, les courses ont beaucoup changé de ce côté-là. En plat comme en obstacle, on impose aussi de nombreuses choses aux jockeys. Peut-être encore plus en obstacle car à mon époque, nous n’avions pas autant de courses, quasiment tous les jours. Personnellement, ce n’était pas mon credo. De nos jours, je serais embêté car j’étais vraiment axé sur Auteuil et les courses parisiennes. À l’heure actuelle, les

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