CHRISTOPHE SOUMILLON : « IL A CHANGÉ MA VIE »
« C’est avec une immense tristesse que j’ai appris la disparition de Son Altesse l’Aga Khan. Je n’aurai malheureusement plus l’opportunité de lui exprimer à nouveau tout mon respect et mon admiration pour l’homme extraordinaire qu’il était, ni de le remercier pour le rôle essentiel qu’il a joué dans ma carrière. Le Prince a été bien plus qu’un propriétaire exceptionnel : il a changé ma vie. Toujours présent, dans les périodes fastes comme dans les moments difficiles, il a également partagé plusieurs instants précieux de ma vie. Ainsi, il était présent lors de notre mariage avec Sophie et il a toujours eu une attention particulière lors de la naissance de nos enfants.
Son Altesse était avant tout un passionné de chevaux et de courses, ce qui faisait de lui un éleveur unique. Lui-même athlète de haut niveau, il comprenait à la perfection l’entraînement et la compétition. Il acceptait la défaite et les aléas des courses, mais il ne supportait ni la prise de risques inconsidérée d’un jockey ni que l’on tente de lui dissimuler la vérité.
Je garderai à jamais en mémoire la fierté d’avoir porté sa mythique casaque verte à épaulettes rouges, celle qui m’a permis de vivre mes plus grands rêves et d’atteindre les sommets de la compétition à travers le monde. Dès mon plus jeune âge, cette casaque me faisait déjà rêver, et elle m’a offert tant de succès : Zarkava, Dalakhani, Khalkevi, Shawanda, Darsi, Vadawina, Valixir, Ervedya, Vadeni, Zarak, Tarnawa, Montmartre, Dariyan, Vazira, Siyarafina, Dalkala, Vazirabad, Rosanara, Shamdala, Dolniya, Carlotamix, Shakeel… Chacun d’eux a écrit une page de cette formidable histoire que j’ai eu le bonheur de partager avec le Prince et ses équipes. Ses paroles avant les courses résonneront toujours en moi… Elles me donnaient confiance et me permettaient de monter ses chevaux comme s’ils étaient les miens.
En 2009, lorsque mon contrat de première monte n’a pas été reconduit, il m’a encouragé à ne pas baisser les bras. Il m’a rappelé que d’autres jockeys avaient traversé la même épreuve (Yves Saint-Martin par exemple) et que cela devait devenir une force, une nouvelle source de motivation. Avec bienveillance, il m’a assuré que notre collaboration continuerait, qu’il y avait encore de grandes choses à accomplir ensemble…
Son Altesse était bien plus qu’un employeur, il était un véritable protecteur. J’ai eu la chance de vivre aussi des moments privilégiés avec lui, hors courses, et j’ai découvert un homme admirable, animé par une volonté constante de faire le bien autour de lui.
Merci, Monseigneur, pour ces instants inoubliables qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. J’adresse mes plus sincères condoléances à ses enfants, à sa famille, ses proches, en leur souhaitant de perpétuer avec succès sa mémoire ainsi que cet élevage qu’il a su rendre exceptionnel à tous les niveaux. Son héritage restera impérissable. »