DES NUAGES AU-DESSUS DE CHELTENHAM
Par notre envoyé spécial Christopher Galmiche
En nous lisant et en suivant les courses de Cheltenham à la télévision, vous pouvez vous dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes à Prestbury Park. Évidemment, lorsque l’on constate que cet hippodrome accueille plus de 200.000 personnes, en semaine, tout semble parfait. Reste que les chiffres des deux premiers jours du Festival sont en baisse par rapport à 2024. Mardi, on a ainsi dénombré 55.000 personnes contre 60.000 l’an dernier et 41.949 mercredi pour 46.771 en 2024 et même 64.431 en 2022. Difficile de comparer les chiffres 2025 avec ceux de 2022. À cette époque, nous sortions du Covid – l’édition 2021 s’était déroulée à huis clos – et les Anglais comme les Irlandais, avaient économisé au cours des différentes périodes de confinement. Depuis, la donne a changé avec notamment une forte inflation mais aussi les retombées du Brexit, la guerre en Ukraine mais, surtout, les tarifs ont bondi un peu partout sur le site. Ceux des boissons et de la nourriture sur l’hippodrome, l’entrée sur le champ de courses également… Sans compter les prix pratiqués par les propriétaires de logements à louer, les hôteliers, les restaurateurs, et les particuliers, lesquels utilisent leurs jardins comme parking durant la semaine du Festival et ont passé leurs tarifs de 10 à 15 ou 20 £ en seulement quelques années. Cette année, l’excuse trop souvent avancée de l’absence de chevaux de qualité en Angleterre et de la domination irlandaise n’est pas vraiment d’actualité. En effet, l’entraînement anglais se défend plus que bien et il y avait de véritables vedettes de la discipline de l’obstacle en piste tel Constitution Hill (Blue Brésil) ou encore The New Lion (Kayf Tara). Comme nous l’avons déjà mentionné, le coût élevé d’un voyage à Cheltenham incite de nombreux passionnés à s’offrir aujourd’hui une semaine de vacances à Benidorm en Espagne pour suivre l’événement… au soleil et bien moins cher que sur place ! Ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Comment l’endiguer ? Difficile à dire, car à la sortie du Covid, lorsque l’hippodrome était plein à craquer, il était réellement difficile de profiter du spectacle et de circuler. À l’époque, les spectateurs s’étaient plaints et ils espéraient qu’il y aurait une… limitation du nombre d’entrées ! En 2025, il y a toujours de l’ambiance, probablement moins, mais suivre les courses est bien plus agréable. Dans les restaurants et en ville, il y a également moins de monde. Ainsi, au King’s Arms, le pub à côté de mon logement, il est habituellement très dur d’avoir une table en moins de cinq minutes, sans passer une heure au bar à attendre, une pinte à la main évidemment ! Pourtant, mercredi soir, nous sommes passés directement à table et le restaurant était quasiment vide à 22 h, à l’exception de la table de Sean Mulryan. Il y a probablement une prise de conscience à avoir tant de la part des dirigeants de l’hippodrome que de tous ceux qui vivent de l’économie des courses (restaurateurs, propriétaires immobiliers, hôteliers). Cela permettrait de refaire de Cheltenham un endroit abordable sans pour autant tuer la poule aux Å“ufs d’or. Nouveau directeur de Cheltenham, Guy Lavender a indiqué qu’il allait se pencher sur la question afin d’imaginer le Cheltenham du futur. Avec une vraie connaissance de son sujet et une grande motivation, doublée d’une obligation de résultat, nul doute qu’il devrait y parvenir. Après tout, Cheltenham en 2025 devrait réussir à rassembler quelque 200.000 spectateurs sur les quatre jours…