MANDANABA (RS), AU NOM DU PÈRE

Il y a six ans quasiment jour pour jour, un monstre paré de la casaque Godolphin dévalait la descente de Longchamp avec trois longueurs d’avance sur le peloton. Ce cheval, c’était Ghaiyyath (Dubawi), 4ans, qui pour sa rentrée après une longue absence, dominait le Prix d’Harcourt (Gr2). Dimanche, le désormais étalon de Darley a signé la première victoire de Groupe en tant que reproducteur, grâce à Mandanaba (RS), nette lauréate de l’Al Shira’aa Racing Prix Vanteaux (Gr3). Et difficile de ne pas attribuer l’attitude volontaire de la fille au père ! 

Pour sa rentrée et la deuxième sortie de sa carrière, la pouliche de la princesse Zahra Aga Khan a imprimé un rythme très sélectif à la course. Un élément moyen aurait demandé à souffler dans la ligne droite. Mandanaba, elle, a certes un peu décéléré dans les derniers 200m, mais son partiel le plus rapide a été enregistré des 400 aux 200m, quand Flaming Stone (Kingman), avec l’avantage d’une course dans les jambes – elle a remporté le Prix La Camargo (L), est venue l’attaquer. Derrière ces deux pouliches, supérieures à leurs rivales en ce 6 avril, on trouve à trois longueurs et demie Gezora (Almzanzor), qui a eu un bon parcours, alors que Wassail (War Front), la quatrième, s’est montrée trop généreuse dans le parcours.

Présente à Meydan pour suivre la performance de Calandagan, la princesse Zahra Aga Khan l’était aussi pour la réouverture de Longchamp. On la sait très attachée à cette famille, Mandesha (Desert Style), la mère de Mandanaba, lui ayant apporté quelques-unes de ses plus grandes victoires : « C’est une victoire spéciale. Mandanaba est le dernier produit de sa mère. Mandesha descendait d’une famille un peu terne, et qu’elle a réveillée. Comme beaucoup d’éleveurs, nous nous sommes creusé la tête pour les croisements avec Mandesha, afin de faire sortir son génie. Avec Ghaiyyath, je crois que nous avons trouvé ! Il a su apporter de la force à la descendance de Mandesha, qui pouvait produire des poulains un peu brillants et manquant de points de force. Mandanaba est très harmonieuse. Elle a de l’os, du muscle, un beau passage de sangle, une arrière-main puissante… J’ai eu l’impression qu’elle avait vraiment envie de courir et de gagner aujourd’hui, qu’elle s’est amusée ! Oreilles pointées, pas stressée ! Sa cavalière d’entraînement m’a dit qu’elle ne faisait que le minimum le matin. Mais quand elle a un challenge, elle le prend ! Ce n’est que le début de la saison, mais je suis déjà ravie de voir cette famille produire ainsi. » 

Mandana découvrait dimanche le gazon, et appréciait cette piste rapide. Elle avait gagné en débutant sur la P.S.F de Chantilly en novembre. Elle est engagée dans la Poule d’Essai et le Diane (Grs1). Kieran Lalor, racing manager du sponsor de la course, était ravi de voir la casaque princière s’imposer : « La météo est fantastique et c’est formidable d’être là pour le retour du plat à Longchamp. C’est une course chère à notre cÅ“ur, Al Shira’Aa Racing l’ayant remportée deux fois récemment. Nous sommes très heureux d’assister à la victoire de la princesse Zahra. Les éleveurs-propriétaires sont la colonne vertébrale de ce sport. Nous souhaitons le meilleur à cette pouliche pour l’avenir. Élever une bonne femelle comme celle-ci, ce sont des années de travail. Nous espérons avoir une partante l’année prochaine dans cette épreuve sous les couleurs d’Al Shira’Aa Racing ! »

Henri-François Devin a reçu cet hiver Flaming Stone en provenance d’Angleterre. Il lui a déjà fait gagner une Listed dès sa rentrée, et dimanche, elle est deuxième de Gr3. L’entraîneur estime : « Elle a très bien couru, elle a un bon comportement. Elle accélère bien. Je pense que 1.800m représentent la distance maximale qu’elle puisse faire, et nous allons rester sur 1.600m. L’objectif pour elle, ça sera sans doute le Prix de Sandringham (Gr2), mais il faut en reparler avec les propriétaires. D’ici le Sandringham, elle recourra. Elle a un engagement dans les Guinées allemandes, mais c’est son entourage qui décidera. Je pense que le terrain n’est pas un problème pour elle, même si elle est plus tranchante en terrain souple. »

Francis-Henri Graffard, entraîneur de la lauréate, a également placé sa seconde pensionnaire à la troisième place. Gezora avait gagné le Prix des Réservoirs (Gr3) pour l’entraînement de Nicolas Le Roch et la casaque Etreham. Elle est passée sous bannière White Birch, et Francis-Henri Graffard nous a appris : « Gezora rentre très bien. Elle appréciera les pistes plus souples et certainement une distance plus longue. Elle a demandé à prendre des bols d’air lorsque Mandanaba continuait à mettre du rythme. Elle est bonne troisième, je m’attendais à cette performance. »

Élevée par sa propriétaire, Mandanaba est issue de la première production de Ghaiyyath (Dubawi), étalon de Darley, dont les produits semblent donner leur pleine mesure à 3ans. Après des débuts à 30.000 €, il est désormais proposé à 20.000 €. Lui-même avait gagné un Gr3 à 2ans mais avait vraiment explosé avec l’âge, remportant les Eclipse et les Juddmonte International (Grs1) à 5ans. La mère, Mandesha (Desert Style), a gagné les Prix Vermeille, de l’Opéra, d’Astarté (Grs1) ainsi que des Prix Corrida (Gr2) et Urban Sea (L). Mandanaba est le onzième produit de sa mère et son cinquième gagnant après Mandour (Smart Strike), son meilleur produit. Ce dernier a remporté les Gala Stakes (L), s’est classé deuxième du Prix Dollar (Gr3) et troisième du Prix d’Ispahan (Gr1). On doit aussi à Mandesha Mandalaya (Elusive Quality), Mandheera (Bernardini) et Marindja (Zarak), toutes lauréates de leur maiden entre 1.800m et 3.000m.

La deuxième mère, Mandalara (Lahib), a donné Mandali (Sinndar), troisième du Prix de la Porte de Madrid (L). En obstacle, il a remporté la Grande Course de Haies d’Auteuil (Gr1). C’est aussi la souche de Manndar (Doyoun), double lauréat de Grs1 aux États-Unis.

Départ à 1.000m : 51’’09

De 1.000m à 600m : 24’’09

De 600m à 400m : 11’’80

De 400m à 200m : 11’’22

De 200m à l’arrivée : 11’’69

Temps total : 1’49’’89