Grand Steeple-J-5
En selle dans le Grand Steeple avec James Reveley
Par Christopher Galmiche
Depuis plus d’une dizaine d’années, James Reveley fait partie des meilleurs jockeys évoluant en France. Preuve en est, il a remporté trois fois de suite le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1) en selle sur So French en 2016 et 2017 et associé à On The Go (RS), en 2018. Lundi matin, il nous a livré les clés pour bien négocier les différentes parties du parcours du Grand Steeple. Aussi instructif que passionnant !
Kolokico, sa monte pour le Grand Steeple 2025
« Je pense que c’est un cheval qui peut bien faire la distance du Grand Steeple. À mon sens, il possède une bonne vitesse de croisière qu’il est capable de maintenir longtemps. C’est comme cela qu’il avait gagné le Prix Ferdinand Dufaure en 2024. Il y avait eu beaucoup de rythme et il avait pu suivre derrière les leaders avant de bien finir. Dans le Grand Steeple, si je peux le caler derrière les premiers en partant – afin qu’il se détende – et pour peu qu’il y ait du rythme, cela sera alors parfait pour nous. Devant, Kolokico peut aller par à -coups et tirer, mais parfois il peut se relâcher. Il est plus sérieux en étant monté dans les chevaux. J’espère que l’allongement de la distance fera la différence. Je suis très content de prendre part au Grand Steeple avec une chance pour Emmanuel Clayeux. J’ai monté durant quasiment toute ma carrière en France pour lui. Ensemble, nous avons fini deuxième avec Gex (RS) du Grand Steeple 2022. Si nous pouvons gagner une place cette année ce serait super (rires) ! »
Avant la course
« Pour un cheval naturellement un peu tendu, il faut qu’il soit bien dans sa bulle au rond. Pas trop énervé et qu’il ne transpire pas. Il faut l’avoir le plus relax possible. Avant la course, nous voulons toujours voir un cheval qui se sente bien, souple et gai, content d’être là , mais surtout motivé et concentré. Ensuite, il faut déterminer les chevaux que l’on veut suivre dans le parcours. En prenant un bon départ, cela permet de pister les bons dos. »
Après la haie d’essai
« Nous essayons de bien nous placer afin de pouvoir prendre le départ voulu. Il ne faut bien évidemment pas rater cette mise en jambes. Parfois, la course peut se jouer au signal. Si nous n’avons pas la position souhaitée, le reste du parcours peut ensuite mal se passer… »
Entre le départ et le premier saut de la rivière des tribunes
« Il faut regarder autour de soi comment se déroule la course. Il est nécessaire que le cheval soit bien posé, qu’il ne fasse pas trop d’efforts, qu’il ne tire pas auquel cas la distance pourrait se révéler très longue. Le cheval doit être bien dans sa cadence, sans aller trop vite ou trop doucement. Il doit prendre un bon rythme sur les premiers obstacles, qui sont les plus importants. S’il saute bien les premiers obstacles, la course est lancée et alors nous sommes « bien ». Mais si le cheval commet deux ou trois fautes, l’épreuve va être longue… Pour le premier saut de la rivière, il faut connaître son partenaire. Si je sais qu’il va sauter rapidement la rivière, il faut essayer d’être un peu plus loin que ce que l’on souhaiterait. De mon côté, j’essaye d’avoir mon jour sur cet obstacle, pour ne pas être pris dans les embouteillages si le cheval devant moi venait à faire une faute. Il faut que cela soit fluide car si un cheval freine à la rivière, il va également le faire au second tour. Nous pouvons alors perdre beaucoup de longueurs. »
La piste intérieure des steeples
« Les chevaux connaissent bien les obstacles sur cette partie de piste. Il faut juste garder la bonne cadence, le bon rythme, que tout soit fluide, tout en faisant le minimum d’efforts. Il ne faut pas consommer et suivre les bons chevaux. »
Après le second saut de la rivière des tribunes
« La sélection commence alors à se faire. Nous voyons quel concurrent est bien et lequel ne l’est pas. Ensuite, pour aller sur la piste extérieure, les chevaux qui ont du gaz commencent à prendre une bonne place avant de sauter le rail-ditch. Le rail-ditch et le moyen open-ditch : c’est là que tout se joue. Si l’on saute très bien ces deux très obstacles, avec du gaz, on peut être confiants, mais si on les saute moins bien, cela peut nous faire perdre la course. Il ne faut pas forcément arriver sur le rail-ditch avec de la vitesse, mais il faut avoir du gaz et un cheval concentré. Souvent les chevaux font attention au rail-ditch, car l’obstacle est imposant, mais ils se relâchent ensuite au moyen open-ditch. Ils peuvent alors faire des fautes… À moins que cela ne soit les jockeys qui se disent « c’est bon » (rires) ! Je me méfie toujours du moyen open-ditch et j’essaye de bien équilibrer mes partenaires après le rail-ditch. Il faut aussi se méfier de la dernière haie de la ligne d’en face. À ce moment du parcours, nous avons sauté deux gros obstacles, et souvent les chevaux font des fautes. »
Dans le tournant final
« Dans la mesure du possible, c’est mieux de laisser respirer son partenaire pour aborder la ligne droite. Mais tout dépend du cheval que l’on monte. Si c’est un cheval très dur qui va tout le temps, ou au contraire un compétiteur qui a de la vitesse ou qui est « limite » en distance. Dans ce cas, nous allons essayer de le laisser respirer au maximum avant de lui demander un effort à partir de la double barrière. Dans le dernier tournant, en général, nous savons ou non si nous avons le gaz pour espérer aller au bout. Au cours de mes trois victoires dans le Grand Steeple, j’étais très bien et très confiant durant tout le parcours. À chacun de mes succès, j’ai eu un cheval bien concentré, dans son rythme, qui sautait parfaitement, et je pensais être en mesure de l’emporter durant toute la course. »