Kadir Kiygir : « Fedai Kahraman veut un haras en France »
Dimanche, Fedai Kahraman sera pour la première fois au départ du Jockey Club avec Heybetli (11e de la Poule). Kadir Kiygir, racing manager, nous a dévoilé les ambitions françaises du propriétaire turc.
À 2ans, Heybetli (Showcasing) s’est classé cinquième du Prix La Rochette, puis quatrième du Prix de Fontainebleau (Grs3) pour sa rentrée. À l’approche de la grande course, Kadir Kiygir nous a dit : « Nous sommes très enthousiastes. Nous pensons qu’Heybetli fera mieux que dans la Poule d’Essai. Nous n’avons pas encore trouvé de jockey français du top 10. C’est pour cela que nous sommes un peu inquiets à ce sujet. Nous regardons même du côté de l’Irlande ou de l’Angleterre. »
Tout est parti d’une ancienne « Seroul »
Cet intérêt pour la France des courses est parti d’une jument acquise auprès de Jean-Claude Seroul, Efisia (Efisio), une sœur de Gris de Gris (Linamix) dénichée pour 5.000 € en décembre 2015. Exportée en Turquie, elle a bien produit pour Fedai Kahraman : « Elle nous a donné une très bonne pouliche en Turquie, Peri Lina (Falco). Celle-ci a remporté de grandes courses en Turquie, dont les Oaks, avant de se classer troisième des Balanchine Stakes (Gr2) à Meydan. La réussite d’Efisia a prouvé à quel point les juments françaises étaient intéressantes pour l’élevage. » Les propriétaires turcs sont rares en Europe de l’Ouest. Mais Fedai Kahraman voit les choses en grand et il a une vision à long terme concernant notre pays. Kadir Kiygir nous a confié mardi : « Il cherche un haras en France et souhaite continuer à acheter des juments françaises pour l’élevage. Mais à l’avenir, monsieur Kahraman veut aussi envoyer certains de ses chevaux turcs en France, que ce soit pour les courses ou l’élevage. Nous avançons pas à pas. Nous apprenons encore car nous sommes de nouveaux venus dans les courses françaises. »
Pourquoi la France ?
Traditionnellement, les acheteurs turcs sont très tournés vers le marché américain et c’est en partie le cas de Fedai Kahraman. Mais alors, pourquoi investir en France alors que les allocations turques sont intéressantes et le programme local vaste ? Kadir Kiygir réagit : « Oui, les allocations sont bonnes en Turquie. Mais en France, votre gouvernement soutient les propriétaires et toute la filière. Les allocations sont aussi intéressantes, et nous croyons que nous avons un avenir en France. En Turquie, nous n’avons pas les mêmes opportunités. Il y a peu de soutien de la part du gouvernement turc pour les écuries et les courses. Monsieur Kahraman va augmenter le nombre de chevaux à l’entraînement en France dans le futur. Il a déjà envoyé 12 chevaux nés en Turquie chez Alicja Karkosa. Et nous voulons acheter des chevaux en France, ou en Europe, notamment en Angleterre, pour ensuite les envoyer en France. D’autre part, nous avons beaucoup de juments en Turquie, et nous allons aussi en faire venir. »
La rencontre avec Alicja Karkosa
À l’heure où nous écrivons ces lignes, Fedai Kahraman a confié 24 chevaux à la Cantilienne Alicja Karkosa : « Nous avions un associé nommé Cemil Duran, qui est basé en Allemagne. Il avait des chevaux là -bas, mais il n’était pas satisfait de son entraîneur. Il est venu en France plusieurs fois, et il a rencontré Alicja Karkosa. Ils se sont bien entendus, et ce d’autant plus qu’ils parlent tous les deux allemand. Nous avions un cheval nommé Kahraman (Shamalgan). Notre partenaire Cemil a proposé de le faire courir en France, et c’est comme ça que nous avons commencé avec madame Karkosa. Nous avons aimé son équipe et son organisation. Après cela, nous avons acheté des chevaux en Angleterre que nous avons envoyés dans son écurie. »
Un grand éleveur-propriétaire
« Monsieur Kahraman possède 75 juments poulinières en Turquie, environ 40 yearlings en ce moment et 70 chevaux à l’entraînement. Par le passé, il a par exemple fait courir le champion turc Burgas – issu de l’étalon maison King David. À l’international, il s’est notamment classé quatrième des Dubai Millennium Stakes (Gr3). Monsieur Kahraman aime les courses et les chevaux. Il a de grandes ambitions pour cette filière. Il possède aussi des juments aux États-Unis. Il en a vendu une pour 250.000 $, et il a aussi vendu un yearling pour environ trois fois plus. »